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Channel: Réflexions du Miroir
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Veux-tu une nouvelle vie? (2 & 3)

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2. Le réveil de José dans la confrontation

 

« Ce monde en lui-même n'est pas raisonnable, c'est tout ce qu'on peut en dire. Mais ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme. », Albert Camus

 

Secoué comme un prunier, je me réveille.

Ce matin-là, sentant l'ambiance tendue à côté de moi sur le siège de ma voiture, je jette presque fâché.

- Eh, tout doux, arrête-là. La nuit a été très courte. J'ai encore sommeil. Qui je suis? Tu ne te rappelles pas? José, voyons.

Je ne me souviens pas, on se tutoie?

- Oui, depuis qu nous nous sommes rencontrés. Continuons dans cet intimité, si tu me le permets.

Oui, tutoyons-nous. L'intimité me permettra peut-être de me remettre sur notre piste en commun et ...

- Sur notre piste en commun? Un peu courte, cette piste. Je pourrais aussi me permettre cette question "qui es-tu?", là ce serait à toi de me le dire. Hier, tu m'avais dit que tu t'appelais Luiza. Mais, à part cela, je n'en sais pas beaucoup plus à ton sujet. 

- Merci, pour me révéler mon prénom, allons plus loin, veux-tu. 

- Ok. Pour faire connaissance et t'être agréable, je commence les présentations par moi-même. Après, on renversera la vapeur. A la question de "Qui es-tu, toi?", à laquelle je ne pourrais répondre qu'en une toute petite partie seulement. Mais, pour commencer dans l'ordre, sache que mon prénom est, donc, José. Je crois me souvenir que je te l'ai dit. Mon nom, Alvarez. Pour vous servir, chère Luiza. Rien de très original ce nom comme tu peux le constater dans notre beau pays de Portugal. 

- Et alors?

- Bon, alors... Quand on s'est rencontré hier soir, tu étais déjà un peu éméchée, figure-toi. Tu semblais fonctionner au turbo et voyager sur un nuage après ce que tu avais ingurgité comme porto ou d'autres choses plus alcoolisées encore. J'ignore. Ce matin tôt, quand on s'est quitté en sortant du bar le "Fado", je t'ai suivi. Tu m'avais semblé d'une exubérance sans nom. A te voir un peu débridée, j'étais arrivé à la conclusion que tu pouvais te jeter à l'eau par inadvertance ou quelque chose de semblable sans même le vouloir et moi de le savoir. J'avais peur pour toi. J'ai eu raison. Je t'ai sauvée. En partie, du moins, Tu es tombée.

- Ah, bon, tombée, mais je suis encore là. A part une bosse sur le front qui me le révèle peut-être ...

- Attends, j'y arrive. Tombée, heureusement, pas dans l'eau mais sur un sol bien dur. Quand je t'ai récupérée, tu étais évanouie et transie de froid. Je t'ai presque transportée ou même tirée. Puisque, je m'estimais incapable de prendre le volant, je t'ai installée dans ma voiture en attendant le matin qui ne pouvait plus tarder. Et voilà que ce matin, fâchée, tu m'as réveillé en me secouant. Tu y vas fort, tout de même. Mais, je ne t'en veux pas. Il était plus que temps de le faire. Cela te va comme explication?

Luiza, entre agitée et calmée, m'écoutait patiemment. A la fin de mes déclarations, aucune réaction pour m'en dire plus. Elle m'attend semblant ne rien pouvoir ajouter de concret dans une suite chronologique de ce passé récent.

Je continue puisqu'elle semble n'avoir rien y répondre pour infirmer ou confirmer mes dires.

- Je suis portugais, comme toi, je présume. Tu es jeune et j'ai quelques piges de plus que toi comme tu peux le constater. J'ai 55 ans qui ont sonné au carillon de l'horloge. Je t'ai donné déjà quelques informations à mon sujet. Maintenant, sois un peu moins secrète. Tu pourrais essayer de m'en dire un peu plus sur toiC'est à ton tour.

- Fais comme si je ne me souvenais pas puisque que je ne pourrai pas te répondre et t'en dire plus de mon côté. Continue à exposer ton ego. J'aime bien ce qui fait l'ego des gens.

Mon égo? Décidément, son humour m'amuse. Je reprends donc mon monologue à sens unique.

- Alors, allons-y. J'ai une formation initiale d'ingénieur informaticien. Sentant que l'informatique n'avait plus la cote, je me suis lancé dans l'étude des neurosciences devenues bien plus à la mode. J'ai une spécialisation plus récente de généticien. D'emblée, cela m'a plu et je suis devenu un expert reconnu. J'ai toujours aimé les projets futuristes et je me suis engagé dans le projet "Human Brain Project". Tu ne le connais probablement pas, mais cela dit bien le but poursuivi d'en connaître un peu plus sur le cerveau. Ce projet est mondial. Cela m'a permis de commencer à parcourir le monde. Souvent aux États-Unis et au Japon, mais pas seulement. Comprendre l'engouement des Japonais pour les robots et les technologies américaines sont au menu. Cela te va comme description de moi-même?

- Oui, oui. J'essaye de me situer à travers toi. Mais cela ne s'arrange pas. Je reste au point mort. Embraye ou change de vitesse et j'essayerai de te suivre dans ton sillage.

- Ok. Te situer. Pas sûr que j'y arrive. Nous n'avons pas parlé de tout cela hier soir. C'était la fête et on oublie de parler des problèmes, des ennuis et des idées sulfureuses du travail quand c'est la fête. Les échanges culturels restent souvent sous le manteau. J'ai oublié, je suis multilingue. Portugais, je parle anglais, italien, espagnol, français et j'ai des rudiments de vocabulaire japonais dans mon bol de langues étrangères. Je dois avoir un accent américain pour un Portugais de naissance qui n'a pas quitté le pays. Je m'en reviens des States.

Ok. Le black-out continue. Toujours rien, je continue après avoir repris ma respiration. 

- A ton sujet, tu devrais me donner quelques indices. Tu m'en as dit tellement peu sur toi. Ce fut seulement une impression que j'avais de toi. C'était comme si tu voulais t'exploser dans un grand saut final. Une impression ou une intuition. A mon avis, cette constatation ne pourra pas plus t'aider à te retrouver.

Admirative et intéressée, Luiza reste bouche baie pendant un long moment de silence.

J'embraye une dernière fois, sans attendre.

- Je suis donc revenu des Etats-Unis, il y a quelques jours pour les fêtes de fin d'année. Je prends souvent mes vacances d'hiver par ici pendant un mois. De l'autre côté de l'Atlantique, je t'assure, il fait bien plus froid en hiver que par ici. Hier soir, je faisais la fête pour le réveillon avec des copains quand je t'ai rencontré, Luiza. Nous avons passé de bons moments ensembles. De ça, je peux te le confirmer. Pas à dire, tu as le sens de l'humour et nous avons beaucoup ri. Ne veux-tu vraiment pas donner une suite à nos rires par tes propres souvenirs?

- Te donner une suite par mes propres souvenirs? Avec mon humour caché, n'espère pas trop. Je crois te l'avoir dit, je ne me souviens de presque rien, pour ne pas dire de rien. L'alcool apporte de l'humour et de la fantaisie, non?

- Où tu habites? Quel est ton job? Ta situation de famille? Ce sont des sujets dont tu ne m'en as pas parlé et, maintenant, tu ne ne veux ou ne peux en parler non plus. Là, tu m'épates vraiment. On aurait t'engager comme agent secret. Cherche dans ta mémoire, les effluves de l'alcool devraient s'être dissipés à cette heure. Si tu pouvais me répondre à une ou deux questions, cela m'arrangerait pour te reconduire chez toi ou quelque part de ton choix.

- Désolé. Il faudra faire sans.

- Ok. Sortons de la voiture et promenons-nous. A l'air libre et frais, cela va peut-être te rafraîchir la mémoire en te rappeler certaines choses par le décor environnant.

- D'accord. J'espère bien.

La voiture était garée en plein centre de Cascais.

Nous sortons de la voiture.

Dans le ciel, un gris permanent règne.

L'air est plus froid et humide que prévu. Je redresse mon col et je vois que Luiza frissonne et fait de même.

Elle jette un coup d’œil sur la carrosserie de ma voiture et émet un sifflement admiratif que je remarque aisément.

- Ne te fais pas d'illusions, cette berline ne m'appartient pas. C'est une voiture de location. Je préfère un 4X4 mais il n'y en avait plus de disponible à l'agence de location.

La démarche non rassurée, Luiza commence la promenade matinale à un mètre de distance à mes côtés.

La confiance ne semble pas être revenue. C'est le moins que je puisse dire.

La place centrale de la ville survient après avoir longé les pubs anglais aux noms de Harley Davidson et du Duke. La statue de Pedro 1er, en son centre, regarde vers la mer, dans la direction vers laquelle nous nous dirigeons. Proche de la citadelle, une autre statue, celle du dernier roi de Portugal, Manuel II.

La ville est encore endormie. De rares passants et un tenancier de bar qui rentre vers l'intérieur quelques tables et chaises. Les flonflons du bal ont fait place à un silence d'après réveillon.

Où réside la faille entre le connu et l'inconnu pour ma coéquipière d'un soir, prénommée Luiza?

Je me remets à poser question sur question pour le déterminer.

Peut-être n'a-t-elle perdu la mémoire que temporairement, quelques liens perdus avec le passé et la mémoire peut lui revenir très vite, me dis-je.

Je me trompe, pourtant.

- Tu ne reconnais vraiment rien de l'endroit où nous sommes? Le port, les bateaux qui flottent ne te sont pas familiers? Marchons jusqu'à la citadelle...

- Je n'ai jamais mis les pieds ici.

Pointant mon doigt vers la rampe qui mène à la citadelle, je lui lance:

- Sais-tu que c'est ici que tu t'es promenée à cet endroit précis et que sur cet étroit parapet tu as fait l'équilibriste? Qu'ensuite, tu es tombée quelques mètres plus bas? Qu'inquiet, je me suis précipité pour te secourir alors que tu étais évanouie et que je t'ai ramenée à bout de bras jusque dans ma voiture. Comme je ne pouvais plus prendre le volant avec la dose d'alcool que j'avais ingurgité, j'ai décidé d'y rester pour dormir jusqu'au moment où tu m'as réveillé.

- Moi, une équilibriste? Tu rigoles?

- Non, sans blague, tu jouais à l'équilibriste, en fanfaronnant, sur cette rambarde dans cette montée vers le fort. Pour finir, ce qui devait arriver est arrivé. Tu as chuté, là, quatre mètres plus bas dans les filets et les cassiers à moules des pêcheurs. Je me suis précipité à ton secours. Les caissons sur lesquels tu es tombée n'ont pas souffert, eux. Ils n'ont aucune mémoire, eux. Mais toi, tu ne semblait miraculeusement pas trop lµmal en point. Tu devrais avoir quelques restes de mémoire. Tu ne trouves pas?

- Merci de m'apprendre tout cela. Tu as raison, cela devait être une belle chute, mais je ne m'en souviens toujours pas. C'est comme si tu me racontais l'histoire d'une étrangère.

Un peu outré par sa désinvolture, j'insiste. Je me répète sans même me rendre compte.

- Bon. Tu m'énerves à la fin. Cela peut se comprendre après l'alcool que tu as bu, mais, maintenant réveillée, après avoir pu cuver en paix, tu pourrais m'informer de ce que tu as fait dans la vie avant cette folle nuit.

- Je crois que tu vas rester sur ta faim d'informations et ton énervement. J'en apprends plus de toi, que je ne pourrai t'en dire de moi.

- Creuse un peu. Tu te rappelles de quoi ? Jusqu'où ta mémoire est-elle présente?

- Je ne me rappelles que de ce matin. J'étais dans ta voiture. Tu dormais quand je me suis réveillé et que je t'ai réveillé en te secouant. C'est tout. Avant, c'est le trou.

Je comprends que notre promenade ne va pas apporter plus de succès.

- Et, tu crois que tu vas me faire gober cela, bien entendu. Retournons. Que préfères-tu? Que je te conduise ensuite chez les flics, à l'hôpital ou chez ma mère, là où je voulais aller ce matin pour lui souhaiter mes bons vœux pour cette nouvelle année 2014?

- Tout, mais pas la police et encore moins l'hôpital. Ils ne vont pas me croire à la police ou ils vont me mettre en observation dans une maison de fous en sortant de l'hôpital.

En revenant sur nos pas, Luiza regarde, une nouvelle fois, par dessus la pente avant de répondre.

- Ce n'est pas possible que j'ai pu faire cela. Maintenant, je sens que j'ai le vertige, rien que de voir l'endroit de mon plongeon.

- Tu n'as pas eu le vertige ce matin, de cela je peux te l'assurer. Disons que ce fut une folie passagère.

- Appelle cela comme tu veux. Je ne devais pas être dans mon état normal. Ça c'est aussi sûr.

Je comprends progressivement que je dois lever le pied, changer d'attitude et de politique. M'adoucir avec elle.

- Chère Luiza, levons le pied. J'essaye de déterminer ce qui pour toi, est normal ou non. Questionne-moi encore. On verra où s'arrête ton 'normal'. J'ignore par quel bout commencer. Ta mémoire semble être comme ce mur défraîchi. On ne voit plus que la brique de la construction puisque les surcouches sont en déperdition.

- Je compte sur toi pour me faire un ravalement complet de façade.

- Tu n'es certainement pas venu jusqu'ici en voiture, mais avec le train qui venait de Lisbonne.

- J'ignore. Mais, comme tu dis, c'est probable.

- Je ne vais pas te redemander de quelle travail, tu t'occupais, mais si jamais tu avais à refaire ta vie, d'après toi, qu'est ce que tu aurais pu faire et aimer faire dans la vie?

- Avoir une ferme et élever des animaux.

La réponse était partie sans hésitation. Cela m'étonne.

Je jette un coup d’œil aux mains de Luiza. Des mains manucurées, des longs ongles. Il est clair qu'elle n'a jamais été fermière et qu'elle doit avoir un job intellectuel. Cela ne fait aucun doute pour moi.

Son subconscient doit avoir répondu à sa place.

- As-tu de la famille, des amis ? Aucun souvenir de ce côté-là, non plus? Je suppose.

Ma question la fâche.

- Combien de fois, devrais-je te le répéter. Si j'avais connaissance de ma famille, j'irais les rejoindre immédiatement.

- Ok. Ne t'énerve pas. Je cherche simplement à te situer dans l'espace avant de le faire dans le temps.

- Je n'ai aucun souvenir conscient de qui j'étais et d'où je viens. Je ne peux en dire plus.

- Conscient, voilà le mot qu'il faut utiliser. L'inconscient fonctionne peut-être toujours. Tu as eu un choc en tombant d'accord. Cela a probablement déconnecté tes souvenirs conscients de ta mémoire. L'affect est resté inchangé d'après ce que je peux comprendre. La mémoire immédiate fonctionne toujours d'après ce que tu me dis ce matin. 

- Ce que je t'ai révélé t'a-t-il donné des indices?

- Je t'ai dit les neurosciences ne me sont pas inconnues. Peut-être que ce que tu aurais voulu faire et être, ne s'est pas produit. Première constatation, contrairement à ce que tu aimerais faire, tu n'as jamais été fermière. Je soupçonne que tu as suivi des études supérieures. Tu as un secret que tu n'as pas partagé avec tes proches. Qui sait? Un regret majeur, peut-être.

- Mais tu es une véritable Madame Soleil, mon cher José.

Je souris.

- Ton exubérance de ce matin le prouve. Je suis aussi psychophysiologiste. Tu as un problème de connexion entre ta mémoire et ton intellect. La mémoire est faillible et manque de fiabilité. Tu sais.

- Que me proposes-tu?

- Te proposer? Ton cas m'intéresse. Si tu le veux et me le permets, j'aimerais m'occuper de toi, mais dans ce but, tu risques de devoir changer de vie, de trouver autre chose dans la vie. D'où ma proposition, si n'as tu pas peur de me répondre. Veux-tu risquer de changer de vie? Il y a un risque que tu ne retrouves jamais la mémoire. Ne me répond pas tout de suite, mais réfléchis-y. Je t'en parlerai plus tard. Reconnecter les bouts de ta mémoire cachée. Corriger les erreurs d'appréciations, cela peut prendre beaucoup de temps.

- Me faire retrouver mon passé depuis les débuts, en quelques sortes?

- Oui, et, qui sait, en l'améliorant. Je t'ai dit, j'ai été au Japon pour étudier les techniques qu'ils utilisent pour construire leurs robots. Ce sont des machines. Elles retiennent tout ce qu'on insère dans leurs circuits. Elles n'inventent rien, jusqu'à présent. Demain, peut-être. L'homme a l'intelligence en plus. L'intelligence qui ne te fait pas défaut, j'en suis sûr. Je n'en dis pas plus pour le moment.

- Heureuse de l'apprendre. Je ne demande pas plus qu'à m'instruire. Conduis-moi chez ta mère.

- Ok. Cela caille avec le vent du large. Rejoignons ma voiture. Tu verras, chez ma mère, c'est un endroit en pleine campagne, plein de verdures, pas loin d'ici, en direction de Sintra. Cela devrait te plaire. Elle a toujours voulu que je me marrie. Ma mère sera très heureuse que je connaisse quelqu'un comme toi. Je la mettrai au courant avant de te présenter pour qu'il n'y ai aucune confusion dans nos rapports. Tu la laisseras parler. Parler, elle adore ça. J'ai été l'aîné de quatre frères et sœurs, ce qui veut dire qu'il y a suffisamment de chambres pour te loger. 

 

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3: Le retour dans la réalité 

 

« La réalité dépasse la fiction, car la fiction doit contenir la vraisemblance, mais non pas de la réalité.», Mark Twain

 

Le voyage en voiture ne dure pas plus longtemps que ce qui était prévu.

Peu de voitures en ce premier jour de l'an. Les fêtards doivent encore cuver et ceux qui avaient fait la fête chez eux, y restent fatigués à la suite d'une nuit accompagnés de familles et d'amis, me dis-je.

Dans la voiture, des images du paysage mélangées avec l'affaire de Luiza, défilent dans ma tête, mais je n'échange que peu de mots avec elle. Je réfléchis intensément à cette situation tellement insolite.

Nous arrivons après une demi-heure dans un endroit très solitaire, entre Cascais et Sintra.

- Nous sommes arrivés. Reste dans la voiture. Ne bouge pas. J'arrive.

Je sors seul pour aller présenter Luiza à ma mère à la porte de la maison. Eviter qu'elle se fasse des illusions sur elle et nos rapports.

Il s'agit de Luiza, une dame qu'il faut ménager, parce qu'elle avait subi un choc. Rien d'autre.

En cure de jouvence, Luiza doit se faire oublier.

Les souhaits et embrassades partagés, d'abord.

- Bonne et heureuse année, maman.

- Merci, José. Pour toi aussi.

- Je ne suis pas seul.  Je vais te présenter Luiza. Elle est restée dans la voiture. Mais, ce n'est pas ce que tu pourrais croire. Je suis resté et j'aime mon célibat. Nous nous sommes rencontré hier soir et elle a quelques problèmes de mémoires. Ne lui pose pas trop de questions.

- Mais qu'attends-tu? Vas la chercher tout de suite.

Pas besoin de commencer par parler de sa chute et encore moins dans le détail.

En aparté, sans beaucoup de détails, je lui en apprendrai un peu plus de ma rencontre très récente, plus tard.

- Je vais chercher notre invitée.

Heureusement, la rencontre ne peut se passer mieux. Chacune se sourie et se serre la main chaleureuse.

Un bon présage, me dis-je. Le principal est fait. La chaleur de l'accueil met Luiza en confiance.

Ma mère est une vieille dame comme on en voit tant dans les campagnes portugaises. Une petite femme dont le mari aurait pu être au champ mais qui, veuve, vit seule dans une maison aux couleurs très locales avec ses photos du passé qui pendent sur les murs ou reposent sur les étagères.

- Pourquoi ne pas s'installer à l'abri de la véranda du jardin pour prendre les rayons de soleil de cette après-midi un peu moins frileuse que d'habitude à l'abri du vent?

La conversation commence. J'interviens peu. Ma mère et Luiza semblent se comprendre avec une certaine complicité. J'écoute dans un silence religieux. Éblouis de constater que l'on puisse parler de tellement de choses dans une telle situation.

Dans le fond, je pense que ma mère croirait que j'avais trouvé la femme de ma vie et qu'il n'y avait qu'à officialiser ce fait.

Je ne veux pas confirmer cette impression, si pas intuition. Sur mes gardes, je n'ai qu'une seule ambition freiner des deux pieds si d'aventure ma mère allait dans ce sens dans la conversation.

Bien moins d'une heure ensemble, quand mon portable sonne.

Le portable dans la main, je quitte le duo pour m'écarter des deux femmes avant de décrocher.

Réfugié dans la première pièce intérieure, je pousse sur le bouton de mon portable.

A l'autre bout, une voix connue, celle de Pablo, mon collaborateur qui se met à débiter.

Salut José. Les vacances se passent bien? Le lendemain du réveillon n'a-t-il pas été trop difficile? Tu l'as passé dans un meilleur temps, je présume. A la mer, le climat change plus vite et il fait plus en général doux dans un micro-climat plus près de la mer que par ici.

Bonjour Pablo. On ne peut mieux. Le temps est mi-figue mi-raisin. Pas de quoi se mettre en maillot, humide et venteux mais pas vraiment froid. Et à Lisbonne?

- Cela ressemble.

- Figure-toi que j'ai fait une rencontre insolite avec une jeune dame. Pour moi, elle pourrait presque être ma fille.

- Une jeune fille, quoi. Et, elle t'as botté en touche, toi qui est un célibataire endurci. Tu ne m'as jamais dit que tu était un séducteur patenté. Cela doit être un miracle. Elle te plaît ? Avoue et raconte.

- Mignonne, elle l'est, incontestablement. Mais ne me case pas trop vite sur cet échiquier-là, si tu veux bien.

- Bon, je n'ai rien dit. Oublie. Raconte toujours.

- Ce fut une rencontre plutôt mouvementée qui s'est produite très tôt dans la nuit du réveillon. C'était dans le bar le Fado à Cascais dans lequel nous avions été quelques fois ensemble. Tu te souviens, on y chante du fado et on y boit tout ce que tu trouves au Portugal. J'ai eu un réveil très pénible le lendemain. Un peu précipité. Mais, il faut que je t'explique l'événement chronologiquement.

- Ok. Je suis tout ouïe.

- La veille du réveillon, cette fille m'avait tout de suite paru étrange.

- Étrange, une espionne, une sorte de Matahari?

- Non, pas sur ce plan-là. Étrange, par son attitude, par son exubérance au contraire, pas par un côté secret. On aurait dit qu'elle jouait son va-tout avant de faire le grand saut, si tu vois ce que je veux dire.

- Le grand saut ? Tu veux dire qu'elle donnait l'impression de vouloir se suicider?

- Oui. J'ai eu cette impression bizarre, à un moment donné. Nous avons beaucoup parlé, sans beaucoup parler d'elle. Elle disait s'appeler Luiza.

- Tu dis « elle disait s'appeler ». Ce qui veut dire que tu la remis dans le droit chemin de la vie. Je te connais avec ton cartésianisme habituel.

- Elle avait beaucoup bu et visiblement, elle ne pouvait pas assumer ce genre d'excès.

Une jeune désœuvrée, probablement. Il y en a beaucoup actuellement au Portugal. Le chômage a dépassé toutes les statistiques les plus prémonitoires.

- C'est possible, en effet, mais peut-être y avait-il d'autres raisons plus intimes.

- Qu'as-tu fait? Tu as joué au bon Samaritain comme je te connais?

- Je te demande de passer les détails croustillants qui te viendraient à l'esprit. Vers trois heures du matin, nous sommes sortis du Fado, ensembles. Tu te souviens nous y avons passé de bons moments. Je dis ensembles, enfin, pas jusqu'au bout de la nuit. On s'était dit au revoir. Mais, intrigué, je l'ai suivie plutôt que précédée ou m'avoir mis à ses côtés. Elle titubait. Elle a commencé à faire l'équilibriste sur le parapet de la jetée. tu te souviens celle qui mène à la citadelle. A quelques mètres derrière elle, j'ai essayé de la maintenir avant qu'elle ne tombe. Peine perdue, elle est tombée quelques mètres plus bas dans les bacs des pêcheurs. Une belle culbute, à coup sûr.

- Blessée? Ambulance?

- Pas vraiment. Il doit y avoir un dieu pour les gens qui boivent trop. Rien de vraiment important apparemment. Je suis redescendu pour la récupérer et la secourir. Elle semblait ne rien n'avoir de cassé, mais elle était évanouie. Je ne savais que faire. La ramener chez elle, je ne connaissais pas son adresse. A ce moment-là, elle n'avait ni sac ni papiers. Je ne sais où elle pouvait les avoir égarés. La mener à l'hôpital, on m'aurait peut-être renvoyé dans ce qu'on appelle les urgences et tu sais ce que cela peut représenter les urgences... J'y serais peut-être encore et je voulais apporter mes vœux à ma mère au plus vite.

- Mais tu l'as transportée.

- Oui. Jusqu'à ma voiture qui était garée sur le port. On aurait dit un couple de soûlards. Je l'ai installée à côté de moi dans ma voiture. Je n'étais pas en état de conduire. J'avais aussi quelques verres en trop. Je me suis endormi et c'est elle qui m'a réveillé en sursaut. C'est là que l'histoire a recommencé et que je suis passé au rayon des surprises.

- Là, tu m'intrigues, vraiment. Tu ne l'as pas sauté, tout de même?

- Je suis plus sage que toi, nous avons dormi ensemble, peut-être, mais côte à côte, dans la même voiture sans même se toucher après l'avoir installé sur le siège. Cela t'en boucherait un coin, non?

- Ouais. C'est déjà ça. Je vois ça d'ici. Même la plus belle femme du monde à tes côtés et tu vas encore rester de marbre à penser et à expliquer comment tu pourrais la mettre au parfum de tes expériences scientifiques.

- Fais moi penser un jour à te virer à avoir des idées pareilles. Tu me connais trop bien. Non, elle s'est réveillé et semblait avoir perdu la mémoire. Je croyais qu'elle feintait. Pas du tout. J'ai dû lui rappeler son prénom, Luiza, qu'elle m'avait donné la veille avant son accident. Elle ne connait pas son nom. Tu te rends compte?

- Elle ne pourra déjà pas dire que tu l'as poussée pour avoir une indemnisation ou pire que tu as profité d'elle... Elle n'est pas mineure tout de même?

- Non une véritable adulte. La trentaine. Sa perte de mémoire, m'a intrigué. Tu penses bien que je l'ai interrogé. C'était le vide complet. Perte de connaissance, perte des valeurs, perte de tout. Aucun indice pour dire d'où elle venait, de quelle famille, de quelle profession elle avait pratiqué jusque là. Rien. La notion de l'argent, de domicile, de famille ne semblait jamais l'avoir effleurée. Mais elle est intelligente et a l'esprit très vif.

- Tu ne t'es pas posé la question qu'elle pourrait nous être utile?

- Pedro, je sais que nos recherches nous intéressent et que tu ferais tout pour aboutir là où d'autres auraient échoué, mais laisse-moi un peu de temps. J'ai toujours eu un souci avec toi sur ce point, tu as un esprit trop rapide, trop technicien et la sentimentalité ne semble jamais t'avoir effleurée.

- Pardonne-moi. Je te connais aussi depuis longtemps. Et tu n'es pas tellement différent avec tes idées très scientifiques. Tu es marié avec la science si ce n'est pas avec une femme. Nous avons une idéologie qui cherche à briser toutes contraintes, tous les aléas... Moi, c'est avec de la technique en plus.

- Stop. Ok. Tu as raison, J'y ai pensé. Néanmoins, donne le temps au temps. Je lui en parlerai. Nous avons cherché quelqu'un qui pourrait nous aider dans nos recherches sur l'intelligence à l'état pur. Séparer l'inné et l’acquis darwinien, oui, cela entre dans nos attributions.

- Je te retrouve. Avoue-le elle t'a très vite tapé dans l’œil "scientifiquement parlant" si ce n'est pas physiquement. Donc, pour résumer, tu ne l'as pas encore invitée dans nos travaux, mais tu risques de le faire.

- Je suis chez ma mère. Celle-ci s'en occupe actuellement à quelques pas de moi. Tu nous as interrompu au jardin. Nous savons que ce n'est pas la mémoire qui mène le monde. L'intelligence est bien plus importante que la mémoire.

- Comme tu dis, "L'intelligence, c'est un diamant brut qu'il faut tailler pour obtenir une tête bien faite et non pas une tête bien pleine, puisque le diamant n'est constitué que de carbone". Ai-je bien appris ma leçon, José?

- Là, tu m'énerves, vraiment.

- Je t'énerve mais que comptes-tu faire avec elle?

- Tout dépend de ce qu'elle décidera. La première étape serait de la mettre en confiance et en sécurité et chercher jusqu'où veut-elle collaborer avec nos recherches.

- En faire un cobaye pour la science et pour tes expériences, quoi?

- Je suis encore en vacances un peu de temps. Je vais lui demander son avis et je commencerai un examen plus approfondi.

- Un conseil d'ami, fais-lui aussi la cours. Les femmes aiment cela pendant les vacances, bien plus que de parler de sciences.

Je veux dévier la conversation au plus vite.

- Pas trop de circulation à Lisbonne?

- Pas trop. Mais je constate que je n'ai vraiment pas de bonnes manières. Une bonne année 2014, José.

- Pour toi aussi. Je te laisse, à plus.

Je raccrochai.

Pablo avait passé toutes ses études au MIT, aux États-Unis.

C'est ce qui m'avait plu quand je l'avais engagé.

Lui est le collaborateur technique type. Je suis plutôt le théoricien de service et je l'ai associé à mes travaux. Nous avons pris l'habitude d'avoir notre franc-parlé et il ne s'offusque plus de ce que je peux lui lancer comme piques dans un accord tacite.

Cette fois, je me suis chargé de quelqu'un d'autre, de plus fragile, auquel je me suis assigné la mission de lui faire retrouver la mémoire.

Reconstruire l'esprit de Luiza, l'orienter peut-être vers plus de clairvoyance qu'elle n'était parue lors de son voyage initial dans une vie antérieure.

Corriger les erreurs de son utilisation et combler les chaînons manquants sans issues qu'elle aurait pu avoir.

Avec cette pensée, je retourne dans le jardin, pensif.

Ma mère discute toujours avec Luiza. Elles semblent s'entendre à merveille. L'une rie de l'autre.

Je les laisse continuer jusqu'au moment, où le soleil décline au point qu'il fasse vraiment trop froid pour rester au jardin.

- On rentre? Il est bientôt temps de préparer le dîner, car vous êtes mon invitée, dit ma mère.

C'est alors, que j'ose poser la question à Luiza:

- Luiza, j'aimerais te parler en tête à tête dans mon bureau au premier étage, pendant que maman le prépare. Tu verras mon antre d'étudiant transformé en petit laboratoire de mes idées fumeuses.

- Allons-y. Je suis ton invitée, ton obligée même, je ne vais pas faire mauvaise figure dès le prime abord.

Nous grimpons au premier étage pendant que ma mère va dans la cuisine. 

  


Tremblement de l'esprit

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Il y a cinq ans, le 12 janvier 2010 à 16:53, il y eut un tremblement de terre en Haïti. L'année d'après, Dany Laferrière écrivait un témoignage dont j'extrayais quelques passages dans  "Tout bouge autour de moi". Pour lui, dans ce cataclysme, il y voyait une occasion de sortir du marasme avec l'esprit haïtien. Hier, nous avons eu un tremblement de l'esprit et quatre millions de personnes outrées se sont déplacées dans rassemblement mondial avec un épicentre à Paris. La liberté d'expression comme un séisme, vacillait sur ses bases.

0.jpgDans mon billet de 2011, je qualifiais le témoignage de cet auteur haïtien, de "troublant de sagesse".

L'analogie de situations n'est pas une vue de l'esprit. 

A Haïti, il s'agissait d'une agression physique, ici elle était morale.  

En sciences sociales et comportementales, l'agression définit une atteinte à l'intégrité physique ou psychologique.

Les agressions contre nos propres visions des choses nous en recevons tous les jours, mais elles restent souvent en travers de la gorge, sans en sortir.

Cette fois, l'agression est ressortie avec fermeté. Quatre millions de personnes de par le monde étaient agressés dans leur liberté d'expression. Et rien ne devrait être comme avant après ce choc des consciences.

Qu'apprenons-nous en Haïti après cinq ans?

Cela avait nécessité une énorme mobilisation et des moyens financiers dans l'urgence.

Les ONG sont encore là. La pauvreté aussi. 

Je reprends quelques passages mais en les adaptant aux nouvelles circonstances,  car cette fois, il s'agit d'une révolution des esprits.

"Pour un occidental, l'incompréhension est toujours grande de constater le manque de progrès que l'on pourrait attendre. Pour un citoyen de pays dits "riches", l'argent devrait tout résoudre.

Être utile, rester solidaire, mais comment? 

L'argent et la démocratie. Des mots, des symboles qui doivent seulement être distillés en fonction de besoins conformes à l’efficacité maximale.

Quand l'homme ne comprend pas ce qui lui arrive, il se nourrit de symboles. 

Bien sûr, il fallait réveiller les consciences, comme les grandes catastrophes peuvent le faire. Il s'agissait ou suffisait parfois d'organiser un "festival des bonnes intentions", de casser la "structure de l'instantané", de négocier avant de décider. Ce serait sans compter sur le choc de cultures qui diminue d'autant l'efficacité.

Un rassemblement s'imposait pour marquer cette semaine d'une pierre plus blanche. On pense aux symboles, toujours en premier. Cette fois, ce fut le crayon. Le but, reconstruire, redresser les idées qui ont été partiellement déséquilibrées. La méthode forte, on ne connaît pas en principe sur le terrain. Contourner l'Etat quand celui-ci n'apporte pas d'aide. Prévoir l'imprévisible dans une intelligence émotionnelle en oubliant la possibilité d'un "effet caméléon" et en espérant pas qu'elle ne devienne pas trop "effet papillon". L'humilité du projet fut, dès lors, très nécessaire.

Nos civilisations de l'efficacité ont l'habitude de se baser ou de s'exprimer via des "personnalités" déléguées comme des chefs d'états, mais c'est sur le terrain que tout se passe, en définitive.

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Dans nos pays, le symbole de  la démocratie semblait très futile surtout à l'idée des changements que cela pourrait apporter. Il s'est réveillé.  

A Cuba, il a fallu plus de 50 ans pour voir ce symbole comme une éclaircie au bout de l'horizon.

Les réalités exigent souvent plus de macération pour reconstruire que de construire.".

Après ces souvenirs réadaptés, voyons comment réagir.

Le choix n'est pas anodin. Jamais seulement par la précipitation et par l'urgence.  

Réagir l'humour des caricatures comme l'ont fait les caricaturistes: 

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 ou avec tout le sérieux nécessaire:

 podcast podcast

ou surprendre par la parole humoristique:

podcastpodcast

ou, encore, par la profondeur de la musique et de la chanson:

Tout est bon pour l'esprit surtout quand c'est emprunt d'optimisme.

Analogie entre les deux séismes, disais-je au début.

Même vocabulaire, même électro-choc, même symboles, des prévisions à faire dans le futur...

Mais pas le même nombre de morts, pas la même ampleur du désastre naturel contre les hommes mis en vis-à-vis avec une affaire d'hommes, d'humanisme.

Amalgame? Pas vraiment si l'on réfléchit un peu.

La semaine prochaine, même heure, une autre approche car nous ne sommes pas si bêtes, les bêtes...

 

L'enfoiré,

 

Citations:

  • « Le tremblement de terre est un mouvement de l'écorce terrestre, qui commence par une oscillation et finit par une tombola.», Aurélien Scholl
  • « L'idée qu'il n'y a pas de Dieu ne fait trembler personne ; on tremble plutôt qu'il y en ait un. », Denis Diderot

Veux-tu une nouvelle vie? (4 & 5)

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Banner.jpg4. Mon plan dévoilé à Luiza

 

«Dans la vie, nous combinons un plan ; mais celui-ci reste subordonné à ce qu'il plaira de faire au sort.», Arthur Schopenhauer

 

- Avant que nous allions plus loin, je te prie d'excuser mon incompréhension au sujet de ce qui t'est arrivé. Je ne m'en rendais pas compte.

- Je comprends. Je ne t'en tiens pas rigueur puisque je ne comprends pas ma propre situation.

- Si tu rencontrais ta famille, aujourd'hui, tu ne la reconnaîtrais probablement pas. Je te préviens, cette perte de mémoire peut être temporaire ou définitive. Cette chute et ce choc ont dû créer un traumatisme crânien.

- N'en ajoute pas. Je devrai m'y faire. Que prévois-tu pour y remédier?

- J'entrevois de reconstruire ta mémoire par la voie des neurosciences. Je ne suis pas psy, mais je m'occupe de tout ce qui tourne autour du cerveau.

- Oui, je me rappelle, tu fais partie du projet « Human brain » ou quelque chose comme cela.

- Je suis admiratif que tu t'en souviens. Ce qui veut dire que ta mémoire est restée intacte pour tout ce que tu apprends de nouveau aujourd'hui.

- C'est ce qui s'est passé hier avant l'année 2014 qui est dans le brouillard.

- Tu te souviens même de l'année dans laquelle on vient d'entrer. C'est un miracle.

- Non, ce n'est pas un miracle. Je ne suis pas conne au point de ne pas avoir remarqué sur toutes les vitrines, les bons vœux pour cette année 2014. Une bosse sur le front qui me les gonfle, mais pas de bosse ailleurs.

- Laisse-moi te parler de mon plan dans une suite de détails progressifs, pour que tu comprennes bien ta situation.

- Je suis toute ouïe, cher José.

- Le cerveau, c'est la partie de ton corps la plus complexe. Il est conçu en deux hémisphères. L'une d'elles est destinée aux maths, au pragmatisme et l'autre aux arts et à la sentimentalité. Elles fusionnent via un véritable réseau de liens pour transférer les informations.

Luiza se touche le front en souriant.

- Je n'ai pas perdu mes deux hémisphères. Tout est encore en place. Je ne suis pas aussi fragile.

- Ta tête est fragile. Ta mémoire est faillible et, en plus, souvent en manque de fiabilité.

- Un peu de colle suffira-t-elle pour réparer mon cerveau malade?

- Ce n'est pas une maladie. Ce sont quelques circuits intégrés qui ne réagissent plus en réseaux comme ils le devraient. Leurs chemins d'accès sont bloqués. Tu n'as plus qu'une mémorisation fonctionnelle de ton passé sans la reconnaissance de ton environnement et de toi-même dans celui-ci. 

- Que me reste-t-il?

- L'instinctif, les connaissances très générales te sont restées. 

- J'ai des instincts mais plus les fonctions pour les comprendre.

- Un peu, oui. Désolé d'être un peu technique avec des termes du jargon scientifique. Tu as, ce qu'on appelle de la mémoire procédurale, mais tu n'atteins plus la mémoire de travail de tes expériences d'avant. Disparue, ce qu'on appelle la mémoire épisodique et sémantique qui te permettait de t'appuyer sur des dates et des événements importants de ton passé.

- Mon intelligence est-elle touchée à cause de ce manque d'épisodes?

- Tout au contraire. Ton intelligence est parfaitement intacte. L'intelligence est encore bien plus complexe à définir que la mémoire. La mémoire construite de données apprises et d'expériences, est comme un outil. Ton intelligence peut-être musicale, manuelle ou émotionnelle. Elle est plurielle.

- Que devrais-je faire pour retrouver ce bel outil de deuxième ordre au singulier?

- Suivre une procédure relativement habituelle dans ces cas-là: tenter de rassembler tes neurones par des fils internes au cerveau que l'on appelle "synapses". La mémoire sémantique revient, en général, facilement mais pas la mémoire biographique.

- Pas sûr que je suive ton raisonnement scientifique jusqu'au bout. Tu deviens de plus en plus technique.

- Je m'en doute. Pour simplifier, disons que ta mémoire est constituée d'une partie innée et une autre acquise. La partie innée, tu l'as. Une partie acquise sémantique, peut-être aussi. Tu ne dois pas réapprendre à manger, à marcher, à parler, à lire et à écrire. Et, ta mémoire immédiate fonctionne très bien. Tu n'oublies pas ce que tu vois et fais aujourd'hui. Ta mémoire procédurale est encore bien ancrée quelque part dans ton subconscient.

- Tu as raison. Ce qui se passe depuis ce matin, reste gravé dans ma mémoire. Ce qui est avant, par contre, c'est le désert.

- C'est exactement l'inverse de ce qui se passe avec les malades qui souffrent d'Alzheimer. Ils se rappellent de leur passé ancien mais pas de ce qu'ils ont fait cinq minutes avant. Cette maladie arrive lors de la dégénérescence des neurones à un âge relativement avancé. Vu le tien, tes neurones ne sont pas dégénérés. Une partie est déconnectée comme une handicapée invisible comme l'a dit quelqu'un qui a souffert du même problème.

- Je suis encore jeune. Du moins, je le crois d'après ce que j'ai pu constater dans le miroir de ta voiture.

- Pour moi, tu es très jeune. Tu peux avoir des troubles de personnalités cachés et avoir mémorisé de fausses conclusions.

- Troubles de la personnalité? Cela veut dire que je pourrais être troublée et mémoriser autre chose que toi?

- En effet. Je suis plus âgé. Normalement, j'ai emmagasiné plus d'expériences de vie. De l'information stockée par mes observations, mes intuitions, mes déductions. J'aurai probablement des conclusions différentes vis-à-vis d'un même évènement que toi puisque ma mémoire biographique est différente.

- Pour cela, il faut avoir conscience de ce qu'on mémorise.

- Entre conscience et inconscience, pas de séparation bien définie. L'inconscience est localisée dans le cerveau reptilien. L'hippocampe fait office d'imprimante de la mémoire. La cohérence de toutes ces mémoires se poursuit au niveau des tempes. Ta chute sur une tempe a dû corrompre les circuits de ton imprimante.

- Hippocampe, imprimante de machine? J'espère que je reste encore différente d'une machine et d'un animal.

- Complètement. Dans le futur, je l'ignore.

- D'accord, mais actuellement je ne suis pas une machine.

- Une machine travaille en suivant les instructions d'un programme. Le processus est linéaire et se poursuit du début jusqu'à la fin tout en suivant des boucles quand elles s'imposent logiquement par dichotomies successives.

- L'homme a une logique aussi, non?

- Pas tout à fait. Quand tu exécutes une action, tu pourrais réfléchir en même temps, à autre chose. A ce que tu as fait la veille, à ce que tu fera le lendemain. On dit même du cerveau qu'il est quantique.

- Quantique? Que veux-tu dire?

- Le cerveau quantique est une version plus complexe que celle des machines numériques actuelles. C'est comme si tu avais des questions multiples à résoudre, en même temps et immédiatement.

- Mais qu'est ce que cela à voir avec ma mémoire?

- Tes expériences mémorisées influencent tes décisions et tes processus futurs. Tes questionnements, tes expériences elles-mêmes, tu les sélectionnes en fonction de ta personnalité, de ton âge et du moment durant lequel ces questions se posent à toi.

Luiza se met à rire en chantant et je l'accompagne avec un sourire.

- Je ne suis pas une machine, mais je suis quantique et à la rigueur, je chante un cantique.

- Ne rie pas. Dans les processus, il y a des caractères de ressemblance entre machines et hommes. Ils ne sont pas aux antipodes l'un de l'autre. La recherche d'aujourd'hui tente de réduire cet écart de compétences.

- En plus fiable, j'espère? Ce n'est pas un choc qui corromprait la machine de tous ses souvenirs.

- La mémoire de la machine reste toujours plus fiable que celle de l'homme, du moins dans l'immédiat. Elle ne s'efface pas au fur et à mesure mais en fonction de l'utilité qu'elle a à être conservée ou non. Dans le temps, la fiabilité n'est pourtant pas assurée.

- Pas assurée? Que veux-tu dire?

- Que cela dépendra de l'évolution rapide des technologies et si elles continuent à être compatibles et lire les archivages plus anciens. Avec les technologies numériques actuelles, on ne voit plus rien par les yeux sans une conversion par logiciel. Sans elle, plus de textes lisibles, ni d'images.

- Nous sommes différents de la machine grâce à nos sens.

- L'homme représente et interprète les sources originales en analogique. Mais, parasité, elles perdent en acuité entre chaque copie. Si tu propages une information au travers d'une chaîne de personnes et que tu demandes à la dernière de la file de la raconter, tu verras que ce n'est plus la même histoire. Même chose avec les photos argentiques.

- L'homme oublie-t-il plus que la machine?

- Oui et heureusement. L'homme a une fonction de l'oubli qui n'est pas une simple usure de mémoire. Il a un mécanisme actif pour éviter la saturation et pour ne garder que ce qui lui est utile. Ses filtres rafraîchissent sa mémoire qui n'est, d'ailleurs, pas infinie. Il efface de son tampon ce qui est devenu obsolète pour lui. Le potentiel de la mémoire humaine est important, mais il faut réaliser un équilibre dynamique par la synthèse de cette mémoire sinon l'efficacité diminue très vite.

- Et pas la machine?

- Si. Même si les machines ont des mémoires gigantesques toujours extensibles, elles ramassent tout ce qu'on leur fait digérer si on n'efface pas ce qu'elles ont dans le ventre. Elles n'ont jamais d'indigestions, jamais de diarrhées d'informations. Mais l'utilisation devient de plus en plus lourdes sans consolidation des données. Tu peux avoir des milliers de photos sur une mémoire flash ou sur une clé USB au fond de ta poche. Dans les nuages, le "cloud", c'est toutes les connaissances du monde en textes, en images, en vidéos, en musiques. Tout cela accèdé à la suite de quelques clics. Mais tout est enregistré en binaire avec des "0" et des "1". Les moteurs de recherches sont là pour tenter de résoudre ce trop plein.

- Et elles font des erreurs...

- Pas vraiment à cause de ce que tu penses. Des erreurs de programmes, oui, bien sûr, mais pas des mémoires elles-mêmes. Une erreur est plutôt due à l'altération du support. Là, c'est la catastrophe. On ne peut pas encore comprendre toutes les écritures de nos ancêtres, parce qu'on ne connait pas leurs codes. L'écriture Maya, incrustée dans la pierre, on commence à déterminer les différentes techniques d'écriture et à la comprendre. Pas d'alphabet, mais une écriture symbolique qui a évolué dans le temps, mais elle reste lisible et dans mille ans, ce sera la même chose malgré le climat.

Je vois que Luiza commence à fatiguer de mes explications. Je me suis laissé emporter comme si j'étais face à des spécialistes dans une conférence. Il faut que je me remette au diapason de Luiza.   

- Ok. J'ai compris. Mais, ils vieillissent aussi nos pauvres neurones humains.

- Tu as raison. Je t'ai parlé de la maladie d'Alzheimer. Mais ton cerveau jouit d'une plasticité inimaginable. Les neurones se régénèrent jusqu'à la fin de ta vie, mais peuvent perdre de leur efficacité s'ils ne fusionnent pas.

- Donc, ma chance, en définitive, c'est de ne pas être une machine.

- Oui et non. La chance, c'est que nous avons tous un potentiel neuronal pour imaginer et créer, variable, sans qu'on sache pourquoi. Il existe aussi des gens malheureux qui n'oublient rien, se souviennent de tout, tout le temps. Embouteillés par de bons et de mauvais souvenirs, ils n'arrivent plus à prendre la moindre décision, trop obnubilés qu'ils sont par leur trop-plein d'informations. Ce sont ce qu'on appelle des hypermnésiques. Cela touche à l'autisme et aux fameux TOC. Ils ne récupèrent pas et dorment peu. Là, il s'agit plus d'une pathologie que d'un don. Ton sommeil agit comme un outil de réparation.

- Je n'ai qu'à dormir et tout me reviendra ou se perdra sans tics ni tocs.

- Qui sait?

- Alors, essayons.

- Attention! Ton passé, tu as peut-être tout intérêt à l'oublier. Je l'ignore. Si c'était le cas, je voudrais que tu ne le fasses pas réapparaître.

- Tandis que la machine, elle est bête au point de tout retenir...

- Oui. Elle aurait parfois intérêt à ne pas trop garder en mémoire pour ne pas devenir un foutoir inutilisable. Retiens seulement que ta propre morte contient les bases de ton savoir inné en plus d'un peu d'acquis, inculquées par un apprentissage intensif lors de ton éducation. Ces fonctions se sont intégrées dans ton subconscient. Ton inventivité, ta créativité restent encore inconnue pour la machine. Au début de l'histoire de l'informatique, on distinguait la mémoire en mémoire morte et vive. On les appelait respectivement mémoires ROM et RAM.

Luiza se remet à rire et lance.

- J'ai donc un terrible potentiel caché dans ma ROM, mais sans RAM. Il faut tout de même que ma mémoire morte soit bonne pour que la vive le devienne.

- Tout à fait. Si la mémoire figée est mal construite, la vive ne sera pas meilleure, du moins sans un effort plus grand.

- Je ne suis plus consciente de ma mémoire vive. 

- Exact. Consciente ni de ta vie ni de préjugés et peut-être, dogmes en plus. La mémoire vive ne donne pas nécessairement "la" vérité, mais une vérité.

- En quelque sorte, je suis donc comme un nouveau né, mais en format « adulte ».

- C'est un peu ça, en effet.

- Je ne suis pas devenue un animal de foire, tout de même.

- Non, mais tu peux te rendre compte de l'intérêt que tu pourrais apporter aux neurosciences et aux sciences en général comme un diamant revenu à l'état brut sans impuretés. On commence à peine à comprendre ce qui se passe dans le cerveau grâce à l'imagerie, la génétique et la biologie.

- Je ne veux pas devenir un cobaye de la science.

- Je comprends. Mais pour reconstruire ta mémoire, il faudra remonter aux sources de ton subconscient et espérer que des couches de ton passé réapparaissent une à une.

- Que devrais-je faire?

- C'est à moi de stimuler ta mémoire pour la réactiver. Je m'en occuperai si tu me le permets. L'hypnose et la narcose sont des techniques. L'IRM peut aider pour déceler où tu caches tes résidus de mémoires. C'est à ton cortex de relier les régions séparées pour former une mémoire cohérente.

- Cherchez pas docteur, tout est dans la tête.

- Oui, c'est presque ça. Aidés par les sens olfactif, sensoriel et visuel. Je répète, la mémoire et l'intelligence doivent concourir dans le même but.

- Pas d'opération du cerveau, hein?

- Nous en sommes très loin.

- Le cerveau fait tout sans cœur et sans reproches.

- Si tu veux. Le cœur est la pompe de secours qui fournit l'énergie. Sans le sang, le cerveau ne résisterait pas longtemps. Les chirurgiens parviennent à déterminer la partie du cerveau malade pour y remédier.

- Ne parles pas de chirurgie, s'il te plaît.

- Aucune nécessité dans ton cas, je le répète.

- As-tu déjà eu un cas comme le mien? Y-a-t-il un danger?

- Non. Pas de danger. Ton passé, je ne le connais pas. Tout mon raisonnement t'informe que ta mémoire peut faire dérailler ton intelligence. C'est pourquoi je te demande "Veux-tu te créer une nouvelle vie à la mesure d'aujourd'hui?

- Tu ne vas pas manipuler mes souvenirs et trafiquer ma mémoire?

- Au Japon, j'ai parlé avec un scientifique du nom de Susamu Tonegawa. Il le faisait en montrant un dictionnaire d'images associées, de témoignages pour arriver à effacer la peur, les fausses intuitions maladives de son patient. Mais cela pourrait servir si tu as eu un "mauvais" passé, ce qui reste toujours à prouver.

- J'ai reçu assez de cours scientifiques pour aujourd'hui. Je te fais confiance. J'espère, un jour, pouvoir retrouver ma famille et mes amis. Bons ou mauvais. C'est tout ce que je désire. Quant à mes ennemis éventuels, j'essayerai de les éviter. 

- Bonne résolution. Ne t'inquiète pas. J'espère seulement que tes souvenirs seront à la hauteur de tes espérances. Je te sens fatiguée avec mes explications. Si tu n'as pas compris toutes mes explications qui, étaient, je l'avoue, assez techniques, repose-moi des questions. J'y répondrai avec plaisir.

 

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5. Retour en arrière sur le passé de Luiza

 

« La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais on ne la vit qu’en avant.», Sören Kierkegaard

 

Depuis 2001, année du premier volet de cette histoire familiale, la situation au Portugal avait beaucoup changé.

A la fin des années 80, on pouvait lire "Lisbonne, reine du Tage et de l'univers"en parlant de cette capitale au bord de l'estuaire du fleuve vaste comme une mer. Le Portugal avait vécu des années fastes couronnées par l'exposition universelle de 1998.

Ensuite, une période difficile pour le Portugal avait commencé et s'était vraiment précipitée lors de la crise mondiale de 2008. Depuis 2011, la crise s'était affirmée et le chômage avait atteint 16% de la population et la dette extérieure progressé de 120%.

Le président Anibal Cavaio Silva doit affronter une crise politique liée aux difficultés budgétaires du Portugal, qui conduit à la démission du Premier ministre, José Socrates.

L'Europe, dont le Portugal fait partie, était en panne, sans prospectives claires et avec une croissance molle.Elle ne pouvait plus aider comme elle l'avait fait précédemment si ce n'est avec une austérité dure, voulue par l'Allemagne.

Le FMI, la CE et la BCE exigeaient des efforts pour éviter la faillite du système.

Le Portugal s'enfonçait dans une crise encore plus forte, partagée avec les états européens du sud. Un prêt de 78 milliards d'euros avait été consenti par l'Europe à la condition qu'il y ait des suppression de primes, des licenciement de fonctionnaires et des baisses de salaires.

Le modernisme se reflétait encore dans la ville basse, tandis que la tradition s'était réfugiée dans les hauteurs de l'Alfama, avec ses rues étroites et tortueuses qui commençaient vraiment à se craqueler.

En tant qu'étudiante, puis comme jeune laborantine, Luiza habitait dans ce quartier.

Son père l'avait envoyée à Lisbonne pour qu'elle suive des cours à l'université. Il l'avait exhorté et presque forcé à quitter le village d'où elle était née.

De guerre lasse, elle avait obéi à l'autorité parentale alors qu'elle aurait aimé s'installer dans son Algarve natale pour s'occuper de l'exploitation d'une propriété potagère.

Le modernisme, les technologies, les fioles et tout ce qui l'entourait n'avaient été que des outils pour construire sa vie de laborantine, sans enthousiasme. Un investissement qui, pour elle, représentait une étape avant un projet plus secret: retourner dans le sud dans un futur non défini.

Au début de ses études, ce choix semblait offrir des débouchés avec plus de chance d'avoir un emploi.

A la sortie de l'université, elle avait trouvé assez facilement une place de laborantine et l'idée de cultiver son jardin s'était presque perdue dans ses souvenirs.

Les plantes qu'elles voulaient faire pousser au jardin, elles les avait remplacées par des pots de fleurs installés au balcon de son petit appartement. L'écologie dont elle était imprégnée, ne faisait pas partie de l'agronomie dans laquelle elle avait pensé se lancer.

Un jour, son patron lui avait demandé d'assister à un colloque international. Elle devait préparer une thèse sur le métier de laborantin et vendre sa société devant un parterre de personnalités de laborantins.

Comme elle ne se sentait pas avoir pris la bonne voie, elle avait refusé et avait prétendu avoir un empêchement important. Une collègue y avait été à sa place.

Luiza n'avait pas senti le changement qui s'était opéré. En apparence, son patron ne lui en avait pas tenu rigueur de son refus. En apparence seulement, car elle entrait sur la liste noire des personnes qui ne veulent pas progresser dans la société. Pour ses collègues féminines, une tête de pipe à laquelle on envoie un sourire en coin, à toutes les occasions, en rappel de son erreur de ne pas avoir accepté.

Son patron avait ressenti un désintérêt et l'avait virée au cours de l'année 2013. Manque d'expérience d'après la raison officielle. Les plus jeunes, les moins payés, donc les plus faciles à liquider.

Depuis, la déprime sapait son moral dans l'inactivité.

La recherche d'un autre emploi avait commencé, mais cela s'était révélé sans succès jusque là.

Non mariée, vivant en couple depuis près d'un an, pas d'enfants à s'occuper.Les absences de ce conjoint occasionnel complétaient le tableau. Il se trouvait toujours en déplacements successifs. Tellement occupé qu'il n'aurait jamais eu le temps d'assumer l'éducation d'un enfant. Sa dernière absence avait duré près de deux mois.

Luiza assumait de plus en plus difficilement ces absences. Elle essayait de faire bonne figure et parfois, se faisait tancer par des reproches qui ternissaient leur relation.

Se réduire à ce que que les autres disaient d'elle, lui était devenu insupportable.

Au bord de la tragédie sociale quand il était là, sa vie de couple devenait un enfer.

Elle se sentait coincée et terriblement fragile. Une fragilité qu'elle ressentait de plus en plus ancrée au fond d'elle-même.

Elle commença à fréquenter des groupements sociaux, des groupuscules révolutionnaires sans parvenir à combler sa vie et surtout l'améliorer. Tout était bon pour sortir de sa solitude.

L'Europe était dans la ligne de mire de ce groupe d'individus. Elle la maudissait. N'étant pas beaucoup sorti du pays, elle ne connaissait rien de cette Europe.

Elle n'avait prévenu personne de sa déchéance morale et de son désarroi professionnel.

Prévenir la famille en Algarve ? Se plaindre auprès d'elle ? Non, elle était trop fière pour en arriver à cette extrémité.

Entrée en opposition avec sa famille qui lui avait fait comprendre ce qu'elle avait à faire, l'absent et la patience faisaient place à des disputes qui ne s'effaçaient qu'avec de plus en plus de temps.

Demander de l'aide à son père qui lui la lui avait accordé tellement de fois, en quoi cela aurait-il pu l'aider? Le dernier contact avait été orageux lorsqu'elle avait ouvert une discussion qui résumait la situation à Lisbonne.

Une discussion tellement banale pourtant.

La saudade portugaise prenait le dessus. En son subconscient, la chance semblait lui avoir manqué à jamais.

Troublée plus qu'à son heure par son entourage, son manque de charisme et son manque de confiance en elle se cachaient peut-être aussi derrière sa psychologie troublée et la rendait parfois bordélique.

Sans se l'avouer, son travail de laborantine avait été un mauvais choix. Dans ses rencontres, elle cherchait n'importe quel air du large qui aurait pu la sortir de ce qu'elle ne pouvait plus assumer.

Il n'y avait qu'avec Manu que Luiza entretenait des liens de complicité.

Manu, belge d'origine, avait un caractère plus trempé, plus franc que le sien.

C'était sa demi-sœur et, depuis son mariage, travaillait avec son mari Joao.

En Belgique, Michel, le demi-frère de Manu, avait divorcé depuis trois ans. Toujours médecin, il y vivait désormais seul.

Quant à Antoine, l'autre demi-frère belge, son entreprise avait fait le plongeon. Il vivotait de place en place à la recherche de nouvelles idées géniales qui n'arrivaient pas.

L’épilogue approchait.

La crise s’éternisait, ponctuée par les révélations dans la presse de dissensions au sein des groupes dirigeants et de partis dynastiques vieillissants. La succession rapide des événements ne fit qu'accentuer la propre instabilité de Luiza.

A ses yeux, tout s'était ligué contre elle.

D'autres horizons ne se présentaient pas. Elle s'était ainsi évadée de la vie qu'elle s'était forgée dans sa mémoire.

Les conseils qu'elle recevait étaient pris comme des invasions quotidiennes. Elle sentait son ratage et c'est tout ce qui remplissait son cerveau.

En ce soir de réveillon de l'an neuf 2014, elle avait voulu fêter sa déchéance à Cascais avec des touristes de passage et se lâcher sans limites.

Parler et boire avec des gens de passage et des touristes bon teint et qui sait, faire une dernière virée dans un hôtel avec l'un d'eux.

Elle avait bu plus qu'elle n'en avait jamais eu l'habitude.

Elle y avait rencontré José qui, sympathique, l'avait amusé.

Aux petites heures du matin, l'alcool aidant, elle avait voulu faire un coup d'éclat. Comme une folle, pas comme si elle voulait mettre fin un terme à sa vie, mais seulement à ses souffrances morales.

Elle était montée sur un ponton par-dessus de la mer, était tombée, avait touché un rocher de la tête et s'était évanouie.

José, le dernier gars avec qui elle avait parlé et qui l'accompagnait à distance, s'était précipité et avait sauté pour la sauver.

Nous revoilà au matin du premier janvier 2014.

 

 

D'un François Ier à l'autre

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1515 est manifestement une date facile à retenir, que l'on retient sans parfois savoir pourquoi. Le 1er janvier 2015, il y a 500 ans commençait le règne de François Ier souvent associé à la bataille de Marignan. Celui-ci aurait-il été aussi connu sans cette fameuse bataille?  

0.jpgBataille de Marignan

(Marignano en Italie, aujourd’hui Melegnano, ville à 16 km au sud-est de Milan) eut lieu les 13 et 14 septembre 1515 et opposa François Ier de France et ses alliés vénitiens aux mercenaires Suisses qui défendaient le duché de MilanPremière victoire du jeune roi François Ier, acquise au prix élevé de 16.000 morts en seize heures de combat. Elle donnera lieu à une intense propagande développée par le pouvoir royal afin de justifier cette expédition. 

Deux interprétations d'un même personnage: François 1er

0.jpg1. Le livre "François 1er" de Max Gallodresse un portrait classique, flatteur comme une légende. 

"Dans la flamboyance d’un siècle passionnant, François Ier, sacré à Reims, le 25 janvier 1515, un des rois qui ont fait la France. En septembre suivant, à Marignan, il devient Roi-Chevalier, adoubé à sa demande par Bayard. Il n’a de cesse d’impo­ser son autorité face à ses puissants voisins, Henri VIII et Charles Quint qui forge le Saint-Empire. Aimant  les femmes. Il ouvre le printemps des lettres et de l'humanisme évangélique. Bâtisseur de châteaux sur les rives de la Loire.".   

0.jpg2. Le livre de Frank Ferrand, "François 1er, roi des chimèresdresse un portrait au vitriol du roi archi-célébré de la Renaissance française. Un roi en trompe l’œil qui s'est nourri de noms glorieux comme Marignan, Léonard de Vinci, Chambord, pour se créer une légende comme emblème de la Renaissance française en flirtant plutôt avec celle d'un super héros de «Père et restaurateur des lettres», «Roi bâtisseur», «François au grand nez»  ou «Roi chevalier».  Gâté à l'excès, il était singulièrement dépourvu de morale, aurait surtout cherché à suivre ses impulsions, à flatter sa vanité et la gent féminine plutôt qu'à servir le bien commun.

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Le magazine "Point de vue - Histoire" en parle par tous ses aspects. 

François a risqué ne jamais recevoir le numéro "un" accolé à son nom.  

Son prédécesseur, Louis XII, surnommé le "Père du peuple", s'était remarié avec Marie Tudor quatre mois avant de mourir de la goutte. Il ne laissait pas d'héritier. Le 25 janvier 1515 à Reins, François fut sacré roi, grâce, aussi, à sa mère qui avait stoppé ses ardeurs amoureuses envers Marie. 

Dès lors, il n'a de cesse que d'affronter son cousin germain, Maximilien Sforza et de vaincre les Suisses pour asseoir son pouvoir. 

S'il aime plus la paix que la guerre, en considérant sa phrase "Un roy ne doit point hasarder le sang de ses sujets ni verser le sang de ses ennemis lorsqu'il peut racheter l'un et l'autre avec de l'argent", ce n'est pas par générosité d'âme. Pour lui, tout s'achète, même les honneurs.

Le cardinal de Sion, Mathias Schiner ne l'a pas entendu de cette oreille et a refusé ses 600.000 écus d'or pour obtenir la reddition. 

Le 13 septembre 1515, François dit à ses troupes "Je suis Votre roy; vous m'avez promis votre fidélité, je ne vous abandonnerai point et suis délibéré à vivre et mourir avec vous". Il commence la guerre et c'est le carnage grâce à son artillerie. 

Marignan devint le joyau de sa couronne. 

Grisé par cette victoire, imbu de lui-même, il traverse les Alpes à l'image d'Hannibal et d'un demi-dieu. 

Dix ans après, il est vaincu à Pavie et envoie à sa mère cette phrase devenue célèbre "Tout est perdu fors l'honneur".

0.jpgA cette époque, l'Italie est le centre de la créativité, de la recherche et des arts.

Ses vues sur l'Italie sont, de fait, périmées alors il va attirer les artistes à sa cour. 

Il construit sa propre image d'humaniste par le génie de l'élégance et du faste avec l'aide de l'érudition des artistes qui l'entourent et qu'il traite d'égal à égal. Il participe au fantasme, à l'intrigue d'un Leonardo da Vinci, magicien et alchimiste qui a été reconstitué, à notre époque, dans le livre du "Da Vinci code"de Dan Brown.

Un aspect majeur de sa personnalité, la séduction des femmes et la lubricité qui l'accompagne.

"Une cour sans femme est un printemps sans roses", dit-il. 

Les femmes de sa vie sont dans l'ordre, sa mère, Louise de Savoie, sa sœur et ses deux épouses.

Avec Claude de Francesa première épouse, ce n'est pas le coup de foudre. Elle meurt à l'âge de 24 ans, épuisée par les couches successives. Dans l'histoire, elle ne laisse qu'un souvenir à la postérité... une prune qui porte son nom.

Avec la suivante, Éléonore, sœur de Charles Quint, c'est une union stérile comblée par une série de maîtresses dont deux réels coups de foudre, Françoise de Foix et Anne de Pisseleu. Toutes deux des reines consorts.

En fin de vie, la liste de ses erreurs, de ses drames et de ses échecs s'allonge:

  • Réformiste, en améliorant le rendement de l'impôt et en établissant un état civil avec les premiers enregistrements avec filiation, tant que cela ne contredit pas sa conception de sa mission messianique et utopique. Il reste impassible à la Réforme protestante jusqu'à sa colère dans l'affaire des placards. Dès lors, il laisse commettre le massacre des Vaudois. Il fait condamné et supplicié des innocents dont l'écuyer Montecuculi. 
  • Il jette le peuple dans son absolutisme dans lequel l'altruisme, la modestie, la rigueur lui font défaut.
  • Il adopte un système  absurde de cour à l'étiquette, de protocole qui sera reproché aux Bourbons jusqu'à leur aboutissement lors de la révolution deux siècles plus tard.

Il reste l'architecte des songes de son royaume.

A l'intérieur, il fait partie intégrante de la Renaissance en posant les bases d'un Etat moderne et laisse un souvenir national après avoir mis fin au bric-à-brac du Moyen Age.

Il en est tout autrement dans ses relations avec l'extérieur et ses voisins. 

L'histoire française n'a retenu que ses bons côtés de protecteur des arts et des lettres, d'investisseur bâtisseur dans la pierre prestigieuse de Chambord et de Fontainebleau.

Incrusté dans la mémoire collective, si on oublie celle de massacreur des Vaudois.

A-t-il contribué à cette liberté d'expression de la populace? Aucunement.

Rabelais, Montaigne et Ronsard sont les premiers auteurs à être lu encore aujourd'hui. Il suffit d'analyser qui ils étaient pour le comprendre.

La médiatisation pour contribuer à parfaire une image de marque par la grandiloquence comme un orgueil national.

Quand j'ai parlé de la langue française, j'écrivais pour le confirmer: "En 1539, à Villers-Cotterêt, François 1er changea l'histoire linguistique avec ces mots: 'Et parce que de telles choses sont arrivées à propos de la compréhension des mots latins dans les arrêts, nous voulons que dorénavant, ils seront prononcés, enregistrés et délivrés aux partis en langue maternelle français et pas autrement'. François 1er alla bien plus loin en imposant son "langage françoys'. Il voulait en faire une référence universelle à utiliser en justice face à l'adversaire latin. Selon lui, le français devait devenir la langue administrative pas en fonction de ses qualités intrinsèques, sans son brillant dictionnaire de synonymes et analogiques parce qu'il en avait dans la culotte, le petit François, premier du nom.". 

Il a standardisé la langue avec la sienne, lui a donné son nom comme un attribut de la conquête. "Un roy, un dieu, un peuple, une langue". Il crée dans ce but, le Collège de France comme un oasis de libertés.

Sa folie d'unification a marché jusqu'au 18ème siècle avec Voltaire.

La communication et la propagande afin de justifier et de conforter ses actes et sa position ont été l'artifice.

On dirait-on, aujourd'hui, que François Ier  est un maître de la "com" même à titre posthume. Il a donné l'image d'un homme qui écrit sa propre histoire pour la postérité en tant que premier monarque absolu avec le principe de "Votre Majesté car tel est mon bon plaisir". Mais il sait que pour régner, il faut être aimé par le peuple. Le faste, la gloire, la familiarité, la jovialité, le raffinement, l'ambition ne vont-ils pas de pair pour François, le magnifique?

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Les riches heures de François 1er

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En 1526, l'empire ottoman terrorisait et fascinait avec sa volonté d'étendre la maison de l'islam sur l'Europe.

La "Sublime Porte" se divisait en sectes hétérodoxes et la Réforme affaiblissait le monde chrétien. L'efficacité de l'administration ottomane était enviée. Leur piété et leur horreur du blasphème étaient admirées. L'étiquette de la cour de Byzance avec l'ombre de Dieu planait sur les âmes et on s'en extasiaitDes transfuges louvoyaient entre les deux empires entre les deux religions. "Combattre le Turc, c'était résister à Dieu qui s'en sert pour nous punir de nos péchés", avait lancé le protestant, Luther. 

François Ier avait déserté le camp chrétien pour tenir tête à la maison d'Autriche. Il s'était allié avec Soliman le Magnifique qui lui offrait les services du pirate Barberousse. Un traité de paix, les Capitulations, lui assurait une une prépondérance commerciale en Orient et une ouverture sur le monde musulman.  

François Ier avait ainsi fait entrer l’Orient au sein de l’Europe. 

La France moderne était en passe de naître. François 1er, un souverain qui est un des plus aimé par les Français d'aujourd'hui.

Avec une carrure de deux mètres de haut, il devait avoir probablement confondu homme grand et grand homme.   

En 1576, quatre ans après la Saint-Barthélémy, au milieu des guerres de religion, l'humaniste Jean Bodin dans "Six livres de la République" se rend compte du problème que joue les grands monarques et écrit "Les moyens de remédier aux changements des Républiques, qui adviennent pour les richesses excessives des uns, et pauvreté extrême des autres. Dans tous les domaines de la création, il y a toujours un être pour briller d'une indiscutable primauté. Or il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens, vu qu’il n’y a richesse, ni force que d’hommes et qui plus est la multitude des citoyens (plus ils sont) empêche toujours les séditions et factions, d’autant qu’il y en a plusieurs qui sont moyens entre les pauvres et les riches, les bons et les méchants, les sages et les fous et il n’y a rien de plus dangereux que les sujets soient divisés en deux parties sans moyens. Ce qui advient ès-Républiques ordinairement où il y a peu de citoyens."

Les souverains de la Renaissance, Charles Quint, Henri VIII et François 1er sont avides de gloire, se sont jalousés en faisant ainsi monter les enchères de leur réputation.

Mais, à cette époque, l'ombre de Dieu planait toujours sur les âmes.

La liberté d'expression de leurs sujets n'était pas une préoccupation majeure de l'époque. Quand l'expression gênait par trop de liberté, elle était éradiquée tout simplement.

 

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Charles Quint

Faire le parallèle avec son principal rival, Charles Quint, est intéressant. Celui-ci était européen dans l'âme et par le sang, élu Empereur du Saint-Empire romain germanique, au grand dam de François 1er, qui en convoitait le titre. Une mère appelée Jeanne 1er, la Folle.

Différence majeure de personnalités entre les deux hommes, expliquée dans cet interview par l'auteur, Lindsay Armstrong, du livre "Charles Quint. L'indomptable".  

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0.jpgSon humilité, sa modestie étaient les principaux traits de caractère. Son génie, c'était de savoir qu'il n'en était pas un.

Dix années de son règne à cheval à travers l'Europe en chef de la Toison d'Or.

Une volonté de montrer la victoire sur les musulmans de l'époque en empruntant leurs demeures.

Un mariage de raison précède un amour fou pour sa jolie femme, Isabelle de Portugal, alors qu'il a un physique ingrat avec un menton proéminent. Un amour pour la bonne table, caractérise aussi sa vie très pieuse adepte d'un catholicisme rénové.

Un débat sur les Droits de l'Homme se produit au cours d'une prise de conscience des sévices que les Indiens d'Amérique ont subi lors des conquêtes de Cortès. 

Les années qui ont précédé la mort de Charles Quint par la malaria alors qu'il souffrait de la goutte, se sont terminées par une abdication et une retraite dans un lieu éloigné de la cours comme un "grand-père" pour son fils parce qu'il n'a pas pu maintenir l'unité chrétienne de l'Europe.

"Secrets d'histoire" en parle sous ce titre

"Moi, Charles Quint, maître du monde"


 

Tandis que "Secrets d'Histoire" pour François 1er, titrait

"Le Roi des Rois" 

(2ème partie3ème partie4ème partie5ème partie6ème partie)

Celles de François 1er furent des suites de maladies vénériennes qui auront raison de trop de séduction et d'amours multiples. 

Difficile de dire qui détestait le plus l'autre.  

Aujourd'hui, à Paris, il existe une rue François 1er célèbre et prestigieuse.

0.jpgA Bruxelles, aucune rue porte ce nom. Il existe une rue Charles Quint bien moins prestigieuse. L'Ommegang fête, tous les ans, l'arrivée de Charles Quint dans la ville et une bière porte son nom. Les joutes et tournois sont aussi restés dans les traditions d'aujourd'hui, à Bruxelles. 

Aujourd'hui, si en France on présente François 1er comme le plus aimé. A y réfléchir, est-ce l'image du chauvinisme français qui en ressortirait, tandis que celle du Belge trouverait sa place naturellement souvent en retrait? 

 

En France, après François 1er, un bon dans le temps et c'est arriver à l'apogée royale sous Louis XIV.

Un autre bond, la Révolution française sous Louis XVI.

Contemporain de cette époque de terreur, l'incorruptible antireligieux Robespierre invente une nouvelle religion du peuple, le visionnaire Saint-Juste rêve, l'opportunisme intéressé Danton et le colérique irrationnelle, Hebert dit Père Duchesne. 

Tous vont passer la tête sous la lame de la même guillotine. L'unanimité du peuple à se placer, ainsi, derrière une idéologie qui soutiendrait le mouvement révolutionnaire, même raisonnable, ne se retrouve nulle part.

Il y a exactement deux siècles, Talleyrand et Fouché se réunissaient dans un hypothétique souper célèbre qui a décidé du futur de la France.

Napoléon avait dit de Talleyrand "De la merde dans un bas de soie".  

 

Une analogie avec notre époque?

0.jpgEn cherchant, elles sont nombreuses surtout quand on pense aux derniers événements du Charlie Hebdo. La Marseillaise chantée dans l'enceinte du gouvernement avec les paroles "Qu'un sang impur. Abreuve nos sillons !" totalement opposées avec l'image que l'on veut donner.  

A notre époque, l'idée européenne végète toujours, surtout en France qui se cherche dans des interrogations pour exister. Au 16ème siècle, l'Europe existait dans la tête des rois par l'intermédiaire de la force portée par le seul prestige.

L'opposition gauche-droite avec ses extrêmes de chaque côté ont remplacé tandis que les idéologies et les religions font le ménage chacune de leur côté.

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Aujourd'hui, nous avons un autre François 1er.

Un Pape qui veille aussi à son image. Ce n'est plus par la manière guerrière, mais par la force de persuasion. Le fait d'avoir une formation jésuite n'est pas étranger à sa manière de s'attirer la bienveillance des foules. Le Vatican avait déjà connu des papes issus d’autres ordres - bénédictins, dominicains, mais jamais de jésuite. 

Doté d'une forte personnalité, silencieux, ascétique, discret, proche des gens, marqué par une grande vie spirituelle, il a fallu 15 ans d’études à Jorge Bergoglio pour devenir pleinement jésuite avec l'idée de devenir missionnaire, mais en vivant dans la ville.

Ses ouailles aiment les réformes et il leur en donne. 

Il décentralise les pouvoirs en nommant vingt cardinaux de par le monde

Progressisme uniquement de façade? Bon ou mauvais pape?

Il sait aussi que pour régner sur les âmes, il faut être aimé par les peuples de la Terre et unifier la pensée.

On ne sait parfois pas où elles mènent. Rien n'est plus lassant que de vivre sur des acquis sans les revoir à terme. Mais il reste conservateur sur les questions familiales, sur l'éthique et l'homosexualité. Là, on ne transige pas. Contrairement aux autres obédiences, les jésuites sont au service exclusif du pape. Maintenant qu'il a pris la fonction, il l'utilise.

La Compagnie de Jésus comprend le mot “compagnie” à l'image d’un “régiment” dans l’armée. 

S'il ne va plus sur les sentiers de la guerre avec sa garde suisse, il prêche à l'extérieur, du haut de son balcon romain en patriarche de la Foi comme leader de la chrétienté au risque de s'attirer les foudres à l'intérieur de la Curée romaine.

Avec beaucoup de finesses, il semblait aimer ce qui est lissé à la base et concomitant dans l'environnement. Il a parfaitement compris que le monde est devenu un village et qu'en régnant sur le spirituel des consciences, il avait le doigté d'une philosophie occulte et laisse la basse besogne du pouvoir temporel aux mains des Etats et à la force des marchés. Les 19.000 jésuites dans le monde sont présents sur tous les fronts à la pointe sur les questions de bioéthiques, d’éthiques, environnementales et écologiques. Les jésuites sont aussi engagés dans le face à face avec l’islam.

0.jpgBon pape? Peut-être. 

Un homme qui sait gouverner en eaux troubles? Absolument.

La liberté d'expression mise dans la balance et tout le monde de la modernité occidentale s'était offusqué des réactions violentes que cela avait suscité dans des esprits intégristes.

Aucun rapport avec le Pape?

Si l'histoire des deux François 1er contient des similitudes, elle garde tout à la fois des spécificités conjecturales et conjoncturelles du temporel au spirituel.

Une époque d'optimisme pour le premier, une époque de pessimisme pour le second. Peut-être a-t-on besoin d'une nouvelle Renaissance et d'un nouveau Léonardo da Vinci.

Aujourd'hui, la liberté d'expression est devenue sacrée, plus que les relgions. 

Tous deux ont réagi dans leur époque, mais pas comme tout le monde l'aurait pensé. 

0.jpgDans l'avion qui l'amenait à Manille, les déclarations du pape François 1er auraient pu donner l'impression qu'il observait cette nouvelle liberté. Puis est venue cette phrase "si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s'attendre à un coup de poing, et c'est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la Foi des autres, on ne peut la tourner en dérision !".

Il justifiait la violence pour une religion qui n'invite jamais à répondre à la violence par la violence. Associer sa mère à la Foi peut donner un mal de Foi ou de foie.

Ne serait-il pas Charlie dans le fond?

Maladresse ou est-ce le naturel qui chassé, revient au galop pour quelqu'un qui vient d'Argentine, le pays du tango ?

0.jpgArrivé à destination à Manille, il invitait six millions de fidèles comme une rock star à devenir des missionnaires de la Foi en Asie, avec en plus l'arme de l'humour... Pas de commentaires... 

0.jpgL'esprit jésuite se doit toujours d'avoir un double visage, même si la justice sociale est leur option primaire.

Désormais, comme toutes les déclarations transitent par les réseaux sociaux pour apporter le lien entre les hommes dans la virtualité, les réalités des relations humaines par d'autres canaux plus traditionnels de la ville est effacée.  

Peut-être a-t-il le vœux intime d'être canonisé comme Ignace de Loyola, son maître à penser?   

L'intérêt général était très subordonné à l'intérêt personnel. 

0.jpgUn jour, je ne serais pas étonné qu'un autre "Secrets d'Histoire" pourrait analyser le pape François 1er avec beaucoup intérêt. 

Notre époque, un progrès des esprits ou un bal des faux culs comme Mariane l'a remarqué?

De toutes façons, l'affaire de Charlie a été un électrochoc. Il y aura un 'avant Charlie' et un 'après Charlie' en espérant qu'on comprenne l'histoire.

L'union qui s'en est suivi, a été sécuritaire contre la terreur.  Les étapes suivantes pour que l'union fasse la force passera par d'autres approches comme l'éducation et en finale réintroduire l'optimisme dans les consciences.podcast

Si hier, la situation était grave mais pas désespérée, peut-être demain, avec l'humour, elle sera désespérée mais ce sera beaucoup moins grave. podcast

On aura, ainsi, effacé la peur de vivre.   


 

L'enfoiré,

 

Citations:

  • « L’histoire est écrite par les vainqueurs.», Robert Brasillach
  • « Chaque biographie est une histoire universelle.  », Bernard Groethuysen
  • « L'histoire humaine est par essence l'histoire des idées.», Herbert George Wells

Mons et merveilles, la culture mise à l'honneur

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Non, la culture n'est pas un produit de luxe, écrivais-je à la rentrée. A partir d'aujourd'hui, Mons devient la capitale européenne de la culture 2015. Ce samedi, c'est l'inauguration de la fête. Molenbeek voulait s'inscrire au titre de métropole de la culture en 2014 par la diversité des cultures des gens qui y habitent. Ici, c'est plutôt une volonté de se représenter en tant que petit ville wallonne qui veut être grande avec raison. 

0.jpgCela avait plutôt mal commencé.

L'oeuvre artistique, le mikado géant, "The passenger" de Arne Quinze qui devait être un des clous de l'année, a dû être démontée pour raison de sécurité.

Des allumettes géantes digne d'Union Match de 530.000 euros, reconverties en bois de chauffage !!!

0.jpgMons n'est pas uniquement une ville considérée comme une ville de province ou comme Reine du Borinage. Les étudiants de l'université ont changé la donne en appuyant le patrimoine.

«Oui, à Mons, on est capables de grandes choses», disait Di Rupo avec un esprit très politicien.

"On ne peut pas se permettre un nouvel échec", disait l'organisateur, Philippe Kauffmann

Cette année, la ville est donc la reine de la culture européenne.

Visite rapide de la ville au travers de l'histoire:

Occupée dès la préhistoire, Mons a vu les Nerviens, les Romains qui y voyaient une colline Montes propice aux communications.

Au VIème siècle, la ville se réveille grâce à la noble dame Waudru qui y installe un monastère.  

Les comtes Renier transforme la ville en place-forte qui devient capitale du comté de Hainaut.

Elle connut son apogée sous Charles Quint grâce à l'industrie drapière.

0.jpgSaccagée en 1691 par les troupes de Louis XIV, elle fut reconstruite et devint une des résidences des Habsbourgs d'Autriche au XVIII ème siècle.  

La plan de la ville n'a subi que peu de changement si ce n'est que les remparts qui empêchaient son expansion, qui ont été démoli en 1861.

Inscrit au patrimoine universel de l'UNESCO, la Ducasse rassemble les Montois le jour de la Trinité, le dimanche après la Pentecôte. Pour remercier la patronne de la ville d'avoir enrayé la peste de 1349 , il y a la procession du Car d'or, le combat des "Lumeçon" qui refait la combat de saint Georges contre le démon et le doudou et la procession avec la châsse de Sainte-Waudru du 7 octobre qui sort de la collégiale à cette occasion.

L'écrivain et poète montois, Fernand Dumont  s'est associé à Achille Chavée pour s'infiltré dans le cadre du surréalisme belge.

Les événements de l'inauguration de samedi  

La Phrase: « Layez-vous chambourler dins no pt’tit trô d’ville ! Nos sommes binéeses de vos vîre ! èyè vos z’in rîrrez avé des bellés imâges plein vos tiètes. »  

18.000 ponchos argentés distribués samedi pour le froid et qui se transformeront en lumières à facettes. .

15h00: Le roi Philippe et la reine Mathilde inaugureront l’expo « Van Gogh au Borinage », au BAM.

17h00: l’inauguration officielle de Mons 2015 aura lieu à la collégiale Sainte-Waudru.

18h00: la grande fête d’ouverture commence. Mons Superstar, une inconnue célèbre.

20h00 à 02h00 DiscoClassix: jam session déjantéeHypergothique Transparent: jeu vidéo avec tablettes à la découverte des richesses de la collégiale Sainte-Waudru à voir ce qu’elles étaient initialement grâce à la réalité augmentée. Street Review: une série de happenings enregistrée dans les rues en 2014 par une caméra à 360º. Cubiculum Musicae: une installation sous forme d’une cabane en bois en immersion visuelle et sonore pour reconstituer une pièce de Lassus. Des milliers de bougies à lA place du Parc. Un mapping 3D au Carré des Arts. Une centaine de robots sur la place du maché aux Herbes pour mener la danse. La Th&âtre Le Manège, transformé en Woodstock. La Maison Folie toujours plus crazy tandis que les effets lumineux en LED du beffroi, réveilleront les elfes pour qu'ils tiennent le dragon endormi. 

22h30 à 23h00feu d’artifice 

Plus de 100.000 visiteurs sont attendus. Spectateurs et participants à la fois.

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Mons 2015:

Quelques 300 événements culturels sont programmés jusqu’en décembre sur 18 lieux différents. 

La préparation de ces évènements a débuté il y a huit ans mais l'idée remonte à 2002.

Mons, une scène à la dimension de la ville.

 

 

Un thème par trimestre:

  • "Éblouissement" avec l'inauguration
  • "Grand déballage" avec des installations urbaines
  • "Été enflammé" avec un tapis de tournesol
  • "Renaissance" avec une exposition Verlaine.

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Le BAM, le musée des Beaux-Arts de Mons à (re)découvrir....

Une exposition Van Gogh retrace à travers 70 œuvres le séjour de deux ans du peintre à Mons et dans le Borinage, un ancien bassin minier et sidérurgique qui borde la ville (photos).

Onze sites ouverts et d'autres fermés fait pour réinventer Mons pour ceux qui connaissent et faire participer les visiteurs. 

0.jpgLes musiciens de l’Orchestre royal de Wallonie s’entraînent pour la première fois dans une discothèque.

Contraste à l’Alhambra.

L'expérience de Hyppolite Fizau qui eut l’idée de mesurer la vitesse de propagation de la lumière dans l’airsera rééditée par un faisceau laser entre le Beffroi et le châssis à molettes du Pass par Université de Mons en automne 2015. 

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L'université présente les iguanodons et les mosasaures extraits du sous-sol montois.

Mons Superstar, des idées et des hommes. Nouvelles technologies à l'honneur.

Les mondes inversés. entre us et coutumes d’œuvres hybrides. 

Un budget de 70 millions d'euros géré par la Fondation "Mons2015"

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La RTBF se charge de la médiatisation..

Mons bashing?

Thomas Gunzig a eu sa propre interprétation sur le sujet avec son esprit caustique. 

podcast

La ville veut seulement prouver qu'il y a un esprit Wallon bien vivant.

"En 2015, je suis montois. Et toi?". 

Non, je suis Bruxelois et j'avoue, je ne connais pas bien la ville de Mons.

Je connais la grande place, le singe du Grand Garde, symbole de l'esprit montois, qui caressé, permettrait à la jeune fille de se marier... 

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"Ce que femme "voeu", le Singe le peut"

Je ne pourrais en dire plus de Mons. A vous de le découvrir.

Chacun son symbole...

Le mien, c'était Manneken Pis. Bruxelles était à l'honneur de la culture en 2000. Bruges en 2002 et Anvers en 1998. 

 

Quelques photos personnelles de Mons (à cliquer)


 

L'enfoiré, 

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Photos et vidéos de Mons2015 samedi 24

Veux-tu une nouvelle vie? (6 & 7)

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6: Les réflexions intimes de José

 

« On peut se perdre ou disparaître dans une grande ville. On peut même changer d'identité et vivre une nouvelle vie.», Patrick Modiano 

 

0.jpgLuiza habite désormais dans une des deux chambres qui se trouvent au deuxième étage de la maison de ma mère.

Le premier est réservé à mon bureau qui ressemble plus à un antre de célibataire.

Luiza, que dire d'elle?

Comment le dire?

Comment arriver à mes fins avec elle, je ne peux pas encore le déterminer sans me tromper. Trop peu de jours pour cela. 

Elle pourrait être un véritable miracle pour moi.

Ne pas la perdre au milieu de son traitement de remise en forme de sa mémoire.

Son intelligence, sans mémoire des choses apprises, m'excite de jour en jour. 

Suis-je opportuniste, comme me le laissait comprendre Pedro? Pablo m'énerve avec sa perspicacité. Il avait découvert avant moi-même mes propres intentions.

Sans avoir tout compris de ce qui s'était passé, après ma rencontre d'un soir de réveillon avec Luiza, il avait déjà sorti le grand jeu de sa boîte à malice et avait ouvert une de mes envies, de mes blessures physiologiques.

Contrairement à ce que disait Pablo, j'avais connu des femmes mais je n'ai jamais pu m'accrocher à l'une d'elle très longtemps.

De beaux minois, j'en ai connu. pas nécessairement pour mon physique mais parfois pour ma situation. Tout cela était resté sans résonance personnelle suffisante.

 

Des collègues qui m'avaient approché dans une autre vie, se trouvaient trop dans ma ligne de pensée dans laquelle je n'avais plus rien à apprendre. L'humour me manquait très souvent, moi qui n'était pas particulièrement un clown à faire rire. 

Je suis scientifique avant tout et cela a toujours été ma préoccupation première.

Va pour opportunisme. Je suis obligé de me l'avouer mais, cela ne me gêne pas trop.

Ma réaction de scientifique était apparue, sans aucune hésitation, déjà à Cascais. Je le sais maintenant.

Je n'ai jamais été confronté avec le cas de Luiza. Le résoudre est devenu un nouveau challenge pour moi. Mes anciennes expériences approchaient de l'handicap de Luiza sans jamais l'avoir atteint à ce point et elle est une occasion rêvée pour l'étudier.

Mon rôle de bon Samaritain était-il du bidon?

Mon opération de bons offices, était-ce un prétexte à vouloir la protéger contre elle-même ou une pure imagination de ma part avec l'intention de réveiller sa mémoire pour lui éviter de la faire replonger dans une même attitude mortifère?

Des questions que je me pose, tout à coup.

Je me devais de raccrocher Luiza à son passé, même si cela pouvait être perdu d'avance.

Quel passé? Son passé réel ou un autre plus construit sur mesure aujourd'hui?

L'impression suicidaire que j'avais cru comprendre chez elle cette nuit fatidique, était peut-être totalement fausse.

Pas de doute, Luiza m'a plu ce soirée du 31 décembre.

Je l'avais trouvé jolie, pétillante. Jeune pour moi, bien sûr. Vingt ans de moins étaient un avantage ou un inconvénient dans ce genre de relations.

La conquérir pour trouver sa confiance? 

Si cela pouvait faire partie du traitement, si des sentiments plus intimes se produisaient, pourquoi pas?

L'aimer, l'idée ne me déplaisait pas. Mais, pas de brusquerie. J'ai toujours été contre les coups de foudre.

Grâce ou à cause de l'alcool, j'avais trouvé Luiza, tellement enjouée et amusante.

Si elle ne baignait pas dans la joie de vivre, elle savait sortir des histoires drôles avec une telle dérision, avec un tel aplomb qu'elle m'avait fait rire le soir du réveillon au Fado. Elle avait fait rire quelques autres convives qui avaient rejoint notre nouveau couple d'un soir. Eux aussi, avaient été séduits par ses répliques parfois acerbes, mais qui sonnaient justes.

Maintenant, je devais recommencer à lui poser les mêmes questions sous hypnose en sortant des mots clés qui pouvaient la faire rejoindre son passé antérieur et espérer que les choses se mettent à résonner dans sa mémoire, me faisait parfois peur d'aller trop vite en besogne. Sortir des réponses à partir de cette mémoire morte pour faire resurgir son passé pouvait être faussé.

La question me venait "Comment être sûr, qu'elle ne désirait pas faire semblant de se souvenir?"

Des extrapolations, des extensions qu'elle s'en faisait, peut-être.

Des échecs ne seraient dû qu'à une mauvaise approche de ses problèmes, du mauvais choix de mots clés à rapprocher avec les réalités de son passé.

Dans le cas où cela ne marche pas, ce serait chercher d'autres mots, d'autres images et recommencer avec ces questions lancinantes.

Que te font penser ces mots et ses images? Les reconnais-tu? Cela ne te rappelle rien? Sinon, que ferais-tu dans la vie avec eux? 

Tout pourrait servir ou desservir. L'odeur des plats qu'elle aimait, pourrait déterminer la région dans laquelle elle vivait...

Le temps passe et quelque part, cela me rassure. Cela me permet de la connaitre mieux, elle, même sans sa mémoire annexée.

Je remonte sa flèche du temps. Cela me rappelle mes cours pendant lesquels on m'avait intéressé à ce verre brisé sur le sol et qui revenait entier sur la table d'où il était tombé comme s'il n'avait jamais été cassé.

Ah, si je pouvais faire ça...

Et parfois, quand je ne m'y attendais le moins, une réponse positive qui me redonnait confiance et espoir. Ce n'était peut-être pas la bonne image qui rappelait son passé mais, une piste de qui elle était de manière plus intime.

Les problèmes de la mémoire, je les avais étudiés. Ce qui pouvait les générer et comment en augmenter les capacités. La maladie d'Alzheimer avait été un sujet lors de mes études. Dans ces cas-là, il ne fallait pas revenir totalement à zéro mais seulement recoudre des bribes de mémoire perdues récemment. Des bribes que tout le monde avait vécu avec la patiente déficiente en mémoire.

J'enregistre nos conversations sur dictaphone. Le soir, je les écoute quand elle s'est endormie pour en tirer mon rapport de la journée, fait constatations dans un journal dans le dossier "Luiza".

Parfois, je sens que je dérape dans une conversation en lui parlant de mon propre passé.

Ma vie aux Etats-Unis, au Japon revient dans mes monologues. Elle les écoute avec attention sans mot dire, sans que je ne ressente le décalage, le trou que je creuse inconsciemment avec sa propre vie.

Pourquoi lui apprendre un peu plus de ma propre vie?

Très lucide, elle rie, alors, spontanément en me le faisant remarquer.

Dans un sursaut, je me rends compte que mes tirades de multiples fois, répétées, ne l'aident pas.

Hier soir, elle paraissait fatiguée. Pour la divertir, pour la faire sortir de ses problèmes intimes, j'ai pu constater, plus fermement, mon dérapage incontrôlé.

Elle s'est rebellée avec mes questions et mes réponses trop subtiles pour elle.

Dépitée, elle finit par lancer. 

José. Là-bas, aux Etats-Unis, à t'entendre, tout est jeune, idées et tendances. Il faut seulement avoir de bonnes idées à développer et probablement trouver des sponsors. Mais nous sommes ici et cela ne m'arrange pas du tout ton histoire ni quels sont tes problèmes?

Elle avait raison.

Elle ne se laissait ni désarçonner ni emporter par mes délires de mes propres souvenirs.

Mes idées, même enthousiastes, ne sont pas communicatives. Il faut que je m'observe un peu plus.

Encore une note rapportée dans le journal, après la séparation.

Une parole malheureuse sans aucune intention de nuire, pouvait générer chez elle, une polémique avec une dispute à la clé.

Son caractère est totalement différent du mien. 

Il est changeant, parfois irascible. J'en arrive à me demander si elle n'a pas un brin de bipolarité.

J'avais compris que pour elle, la colère correspond à un moyen d'expression, à une façon d'extérioriser un fond de gorge qu'elle a contenu en elle dans des temps plus anciens.

L'humour acerbe lui sert pour calmer le jeu et ridiculiser ce genre de rapports qui vient de nulle part et qu'une étincelle avait initié sans trouver mieux.

A table, quand l'émotion prend le dessus, je l'observe placide. Je reste de marbre avec des répliques calculées à l'économie.

Le plus fort, j'avais remarqué que cette attitude passive et attentive la fâchait encore plus et faisait monter sa température explosive.

Je sentais qu'il fallait changer vraiment mon fusil d'épaule et c'est ma mère qui intervient en sauveuse pour que tout rentre dans l'ordre. 

Pas à dire, je suis trop cartésien, trop systématique ou trop calme. Je trouve en elle, mon complément caractériel. 

Pas sûr que quelques grains de psychologie puisse arranger les choses si je ne marque pas le pas à reculons.

La psychologie demande autre chose qu'un peu de programmation comme pour un robot. L'intelligence artificielle  a encore beaucoup à découvrir pour entrer en compétition avec l'homme. Cette voie du progrès pour l'homme donnait un cadre à mes recherches en sciences humaines, mais pour moi ce qui est important est ailleurs.

Dans mes vœux les plus intimes, je veux faire progresser l'intelligence humaine plutôt que l'intelligence artificielle.

Les budgets énormes investis dans "Human Brain Project"n'auraient jamais existé s'ils avaient été destinés uniquement aux hommes. Les sponsors du projet venaient souvent à partir de l'armée et du business des technologies.

Semblant acquiescer et poursuivre dans la voie artificielle, je prends, en secret, l'autre chemin de l'homme naturel, de chair et de sang.

Qu'est-ce que l'intelligence humaine?

Une question que je me pose depuis longtemps. J'en arrive à regretter ne pas avoir suivi des cours d'anthropologie.

Les tests de l'intelligence pas QI qui avaient tenté de la mesurer, ne valent rien.

Le QI, une preuve d'avoir une tête bien pleine?

Mais pleine de quoi?

De souvenirs, d'apprentissages à partir d'autres enseignants qui souvent vendent leur camelote apprise, répétée par cœur aux examens de fins d'études.

L'intelligence, elle, se construit patiemment au cours d'une vie d'expériences les plus variées par la créativité. Expériences que certains extrapolent pour inventer et que d'autres oublient et tombent dans les poubelles de l'histoire. 

La mémoire s’accroît avec le temps si elle dépasse l'innée.

Quand je pose des questions complémentaires en dehors de son présent, Luiza me répond avec spontanéité et souvent avec une justesse toute féminine, toute intuitive.

L'émotivité, l'intuition font partie des aspects de sa personnalité.

Récupéra-t-elle sa mémoire?

Luiza a un esprit vif. Elle ne doit, manifestement, pas mâcher ses mots avant de les sortir. Tout ce qu'elle apprend, reste gravé désormais.

Sa curiosité, un point important à mes yeux.

Elle a été dans ma bibliothèque. Amusant de voir ses lectures favorites. Des livres d'histoires.

C'est comme un jeu, pour elle quand elle me raconte ce qu'elle a lu. Un mémento vivant. Elle a retenu jusqu'aux numéros de pages des livres. 

Elle remplit sa mémoire avec tout ce qui lui tombe dans les mains. Mais, par contre, cela reste un échec avec ce qui se passait avant ce premier janvier fatidique.

Ma mère n'avait pas de télé.

L'actualité ne manque ni à ma mère ni à Luiza. Quand ma mère lui raconte sa vie pendant la guerre, Luiza écoute religieusement en l'interrompant uniquement pour lui permettre de bien comprendre l'histoire.

L'histoire, voilà, le sujet qui l'intéresse le plus. Elle a dévoré un livre sur l'histoire du Portugal.

Je me sens un peu en manque de succès, mais grâce à cela, je garde confiance.

Elle a toutes les chances que sa mémoire fonctionne mieux qu'espéré à l'avenir si le passé ne parvient plus à retrouver sa place.

Luiza semble espérer et qu'elle a pris la bonne voie de la rédemption avec moi et cela me réconforte même si, je dois bien me l'avouer, n'est pas très concluant et que je désespère quelque peu.

Ce qui l'avait rendu désirable à mes yeux c'était qu'elle ressemble au bébé qui vient de naître avec son intelligence lumineuse, spontanée en pleine possession de l'élasticité de son esprit. J'étais comblé.

En résumé, Luiza est devenue mon sujet humain d'études jusqu'à en oublier tout le reste.

Aller jusqu'au bout de mes expériences et faire croire qu'elle a un destin futur important avec moi et, qui sait changer de vie ensemble, ma effleuré l'esprit.

Oui, je l’espère, mais je n'en laisse rien paraître.

Ce soir, voilà qu'elle me caresse la joue et dit.

- Tu te donnes tellement de mal pour me faire retrouver la mémoire. Qu'est-ce que je t'ai fait pour mériter cela?

J'ai approché ma bouche de la sienne et je lui fis comprendre pourquoi.

Elle ne se retire pas. J'ai gagné une autre bataille.

 

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7: Pendant ce temps, en Algarve, Manu s'inquiète

 

«Les yeux sont aveugles lorsque l'esprit est ailleurs. », Publius Syrus

 

7 janvier 2014: J'essaye une nouvelle fois de téléphoner à Luiza. Cela fait déjà la quatrième tentative. La boite vocale du portable de Luiza enregistre mes messages qui deviennent de plus en plus insistants, de plus en plus désespérés. Tous sans retour. Mon inquiétude grandit de jour en jour.

Je veux lui souhaiter mes bons vœux pour l'année 2014 comme première entrée en matière, mais je veux rassurer Luiza de mon soutient comme j'avais ressenti une certaine détresse dans sa voix lors de notre dernier entretient téléphonique.

J'imagine tout.

Son portable est-il tombé en panne de batterie? A-t-elle fermé pour une raison plus grave à l'hôpital sans pouvoir me joindre?

Cela ne peut être ça. Si elle était hospitalisé, l'hôpital aurait prévenu sa famille.

Les années précédentes, c'était Luiza qui avait pris l'habitude de me contacter quand elle ne pouvait pas se rendre visite en Algarve pour les fêtes. C'était arrivé une fois, je m'en souviens, maintenant.

Ce matin-là, il fait un froid de canard pour l'Algarve. Le vent accentue cette impression et à part, les activités essentielles, tout le monde reste chez lui.

En cette saison hivernale, mes temps morts auraient été utilisés à discuter en particulier avec Luiza. 

Je recompose son numéro. Une fois, de plus, sans réponse.

Je n'y tiens plus. Je téléphone d'abord à notre père.

- Allo, papa, as-tu des nouvelles de Luiza? J'ai essayé de l'atteindre plusieurs fois, sans succès.

- Content de t'entendre. J'ai aussi essayé de l'appeler sans plus de résultats. Elle reste aux abonnés absents. Ce n'est pas dans ses habitudes. Normalement, elle téléphone si elle ne vient pas à la maison pour le Nouvel an. Elle était venue à Noël. On n'avait pas remarqué quoi que ce soit dans son attitude. Rien de tout cela.

- Ce n'est pas tout à fait exact. Elle semblait un peu déprimée tout de même.

- Un peu, peut-être, oui. Mais rien de vraiment inquiétant. J'ai essayé de lui redonner confiance. Elle a une bonne éducation, un bonne situation...

Il n'a rien remarqué. Il y a des choses que l'on se dit entre femme et qu'on ne dit pas à son père.

- Ah, tu crois cela? Je crois me souvenir que tu étais très rationnel et pragmatique dans ton monologue. Tu ne lui as pas dit qu'elle allait tout droit dans le mur avec des idées moroses, mais elle aurait pu l'interpréter de cette manière.

Surpris, papa eut un moment de flottement sans réponse. Vouloir rassurer quelqu'un de sensible ne marche pas comme à un touriste qui dans son hôtel, se plaindrait du temps. Je continue sans l'attendre.

- Et, son absence, son manque de contact, tu ne trouves pas cela inquiétant, papa?

- Si, bien sûr, j'ai même pensé avertir la police.

Papa m'énerve parfois. Il faut que je le tance pour qu'il se mette sur son pied de guerre. Papa manque parfois de perception des choses. 

- Et tu n'as rien fait. Il faut le faire, à mon avis ou aller sur place à Lisbonne. Veux-tu que j'y aille?

- Si tu as du temps, ce serait une bonne initiative avant de prévenir la police. Ce que tu pourras toujours faire sur place, là-bas, à Lisbonne.

- Ok. Je vais prendre une place dans un train et j'y vais. Je laisse la voiture à mon mari. Je lui téléphone immédiatement pour l'avertir de mon absence.

- Bien. Habille-toi chaudement. Il ne fait pas trop chaud. Dis, tu me téléphones dès ton arrivée pour me donner des nouvelles. Le temps passe et je suis pris par certains problèmes à l'hôtel. Je ne peux pas partir d'ici pour le moment. Nous avons encore beaucoup de touristes qui prolongent les fêtes du nouvel an. Merci d'avance pour toutes tes actions. A plus.

Je raccroche.

J'appeler Joao et lui révèle mes intentions.

Il acquiesce sans discussion.

- Ok, ma chérie, mais téléphone-moi à ton arrivée. Je suis curieux des suites que tu donneras à ton enquêteJe me souviens que tu as toujours eu des dons de Sherlock Holmes.

- Ouais. Arrête. Je sais et ils t'ont servi plus souvent qu'à mon tour. J'ai téléphoné à mon père et il attend aussi de mes nouvelles. Dès que j'en ai je lui téléphone et on avise.

Je raccroche. J'espère que ma pique ne lui a pas frisé l'échine. Non, il me connait. Rien à prendre avec moi...

Quitter le maison et prendre le bus pour atteindre la gare la plus proche. Moins d'une heure me suffit pour être dans le train. Pas de réservation. Toujours de la place sans réserver à l'avance en cette période de l'année. Une vingtaine d'euro pour le billet.

Un peu plus de trois heures de trajet pour arriver à Lisbonne.

Des heures que je passe à ruminer dans mes pensées, à regarder les paysages qui défilent sans laisser de trace dans ma mémoire.

J'ai déjà tellement eu l'occasion de prendre ce train depuis plus de dix ans. Jamais mon impatience d'arriver à destination n'a été aussi grande.

Arrivée à Lisbonne, un taxi pour me rendre au domicile de Luiza dans les hauteurs de l'Alfama. Le silence hante les lieux protégés du vent. Une activité très pauvre, inhabituelle.

Dans le taxi, les rues à angles droits du bas de la ville se substituent aux petites rues en lacets en grimpant, se faufilant entre la circulation, en laissant passer, en priorité, les vieux trams jaunes et quelques passants qui se protègent d'une légère pluie sous un ciré jaune. Ce n'est que maintenant que je remarque qu'il a commencé à pleuvoir.

J'ai déjà passé de bons moments dans le petit appartement qu'occupe Luiza dans une ruelle étroite qui ne laisse pas facilement le passage aux véhicules trop larges. Que de fois, n'avons nous pas ri ensemble. Elle se mettait à rire à cause l'étroitesse de son meublé avant de dire qu'elle s'en foutait royalement.

Arrivée à proximité, d'un geste de la main, je propose au taximan de me déposer au coin de la rue principale.

Je ferai le reste du chemin à pied.

La maison à appartements où habite Luiza apparaît très vite.

Rien de changer. Le nom de Luiza sur la sonnette est toujours présent.

Je se mets à sonner plusieurs fois. Pas de réponse.

Mes essais infructueux réveillent une voisine qui vient à la fenêtre et semble un peu vexée d'avoir été dérangée dans sa sieste. 

- Qui demandez-vous?", me lance-t-elle courroucée.

- Ma sœur, Luiza qui habite au deuxième étage. Ne l'avez-vous pas vue ces dernières semaines?

Non. Vous savez votre sœur entre et sort depuis qu'elle a perdu sa place au laboratoire.

Cette première confidence tombe à plat comme une nouvelle surprenante à mes oreilles. Jamais, Luiza ne m'avait dit qu'elle avait été virée.

- Elle a perdu son job? fis-je en écho dans une phrase qui aurait dû être suivie d'un point d'exclamation pour une sœur qui aurait dû le savoir. 

- Vous ne le saviez pas?

- Heu...Non. Merci de m'en informer. Vous ne l'avez plus vue depuis quand?

- Plus d'une semaine. Je ne me souviens plus. Cela doit être vers le réveillon. Elle faisait partie de petits groupes de jeunes. Peut-être, est-elle partie avec l'un d'eux. Je vous l'ai dit, elle est souvent absente. Si vous croyez que l'on devrait s'inquiéter à chaque fois qu'elle part....

- N'avez-vous pas les clés de son appartement?

- Non, je n'ai pas ses clés.

- Merci.

Je sens que je n'en apprendrai rien de plus.

Je tombe des nues. Luiza a perdu son job. Luiza, une sorteuse. Je vais de découvertes en découvertes.

Pas de clés de l'appartement. Pas sûr que la visite de l'appartement, puisse apporter plus d'informations, mais cela aurait pu répondre à la question de savoir si elle avait quitté les lieux dans la précipitation ou non.

De l'extérieur, tout semble normal, si ce n'est la boîte aux lettres au nom de Luiza qui déborde de prospectus publicitaire et qui prouve qu'elle est absente depuis quelques jours.

Inquiète, presque paniquée, je prends mon portable pour informer papa.

Comment ne pas passer mon inquiétude dans ma voix?

Quelques mots en résumé, très courts. Je lui dis que je vais à la police pour signaler la disparition de Luiza.

Un nouveau taxi pour m'y rendre dans le quartier central de Lisbonne. Tout va se précipiter. Tout doit se résoudre. Il y a certainement une raison bien plus banale. Je me donne ainsi du courage. 

Le commissaire me reçoit et me pose une série de question pour déterminer si je n'affabule pas. Je dois être trop excitée et il le ressent.

Pourquoi n'êtes-vous pas venu plus tôt? Une disparition est plus vite résolue quand on le sait plus tôt. Cela peut-être une fugue.

Il essaye de me calmer ou de m'effrayer? 

- J'habite en Algarve. Je n'ai pas de contacts quotidiens avec ma sœur. 

Une fugue. Mais pourquoi, une fugue quand on perd son job?

La décision est prise. Le commissaire finit son rapport.

- Nous prendrons un serrurier pour pénétrer dans l'appartement. On ajoutera votre sœur dans les avis de recherches. Nous avons l'habitude.

Une habitude dont j'ignore tout. Cela doit arriver souvent pour lui, mais pour moi, tout est nouveau.

Je signe le procès verbal tapé à la machine.

Avant de sortir, il me lance une nouvelle fois, pour me rassurer.

Retournez chez vous. Donnez-moi vos références et un numéro de téléphone pour vous appeler. Ne vous en faites pas. On va faire réapparaître votre sœur. 

Il doit avoir raison. Comment pourrais-je continuer mes recherches?

Même si je désespère que pourrait-elle faire de plus que la police?

 

Ma mission se termine par une confirmation: Luiza a disparu et il faut la retrouver.

Je décide de reprendre le train avant le soir pour retourner en Algarve.

Je parviens à sourire en me disant "Tu deviens très rationnelle, ma chère Manu".

Arrivé dans la soirée, je mets mon père au courant et me mets à attendre des nouvelles en ne quittant plus mon portable d'une semelle.



 

Veux-tu une nouvelle vie? (8 & 9)

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Banner.jpg8: Suis-je un salaud?

 

« L'amour est aveugle par éblouissement.», Albert Brie

 

Le lendemain, je me réveille sans faire de bruit.

Luiza dort encore à côté de moi.

Je descendre au rez-de-chaussée et prépare le petit-déjeuner fier de la faire avant ma mère.

Je me mis à réfléchir sur notre nouvelle forme de mes relations avec Luiza. 

Hier, je me suis énervé avec elle, je n'aurais pas dû.

J'aurais dû me contrôler.

Elle me semblait ne plus vouloir aller plus loin pour retrouver la mémoire. Aucune des images que je lui passais devant les yeux ne lui invoquait quelque chose de tangible malgré le temps dépassé que je lui laissais pour l'interpréter. D'un revers de la main, elle a fait table rase de mes images en les envoyant par terre.

Si cela continue ainsi, il faudra que je passe à autre chose.

La loi de l'immédiateté est indispensable pour déterminer qui elle est et donc pour pouvoir déterminer qui elle a pu être dans le passé.

Pour changer de sujet de conversation qui s'envenimait, je lui ai parlé de moi-même.

Des paroles, assez sèches, dépassèrent ensuite mes pensées jusque dans les extrêmes. Elle y raccrocha les siennes par des questions. 

Désormais, tu connais ma mère. Mon père était français. Au départ, ils se sont aimés mais mon père était souvent en déplacement pour son travail. Il est mort en 2003. 

- Ta mère a dû trouver le temps long, avant sa mort et après sa mort. Pas beaucoup d'activités par ici, non? Je suppose que tu tiens plus de ton père que de ta mère.  

Tu dois avoir raison. J'en ai eu l'impression. Mon père était comme un marin qui revient à quai. Je me suis souvent posé cette question. Aujourd'hui, je voyage beaucoup, mais je passe presque toutes mes vacances ici avec ma mère et, surtout, pendant les fêtes de fin d'années. Une autre raison, j'aime le calme de cette région en dehors de la vie trépidante de la capitale.

Puis, dans la soirée tout était rentré dans l'ordre avant cette nuit ensemble.

Ai-je profité de la situation dans mes propres buts scientifiques?

Hier, Luiza, avait fait cette réflexion qui me revenait dans l'esprit "Tu te donnes tellement de mal pour me faire retrouver la mémoire. Qu'est-ce que je t'ai fait pour mériter cela?".

Elle peut me laisser penser qu'elle s'est donné à moi en remerciement. 

Même si je ne suis pas médecin, c'est comme une relation malade-médecin plus que professionnelle. Est-ce normal? Devenir amoureuse alors que manifestement, pour Luiza, je pourrais être considéré comme un vieux schnock. N'ai-je pas été plus admiré qu'aimer?

Plus étranges, encore, nos relations ont été plus morales que physiques. 

Il est manifeste qu'elle savait donner de l'amour, mais qu'elle avait dû avoir des expériences malheureuses du côté de l'amour physique. 

Je sais que le cerveau est impliqué dans les stades du désir, par l'évaluation l'émotion, la motivation et l'acte d'amour. Alors, y-a-t-il eu un stade qui aurait échappé cette fois?  

Je rumine sur ces questions à lui poser comme s'ils s'agissait d'indices dont il fallait que je tire parti. 

De guerre lasse avec mes pensées, le repas préparé et mis sur un plateau, je retourne dans la chambre en n'y pensant plus. Luiza dort toujours, je dépose le plateau et redescend au premier dans mon bureau pour établir mon rapport.

J'avoue que je ne progresse pas beaucoup pour lui faire retrouver la mémoire et cela me désespère.

Les jours passent et ces vacances de réveillon arrivent bientôt à leur terme.

Il me faut repartir pour Lisbonne et de préférence avec elle.

Une heure après, elle s'est réveillée. Elle a dû déjeuner.

Je la prépare à mon départ.

- Il faut que je regagne le bureau pendant trois jours. Je dois voir Pedro qui est déjà rentré. Je reviendrai après et nous déciderons de ce qu'il faudra entreprendre ensuite et si tu m'accompagnes ou non.

- Bonne idée. Cela me donnera des vacances de toi aussi. Tu m'as épuisé. Je me promènerai, je parlerai avec ta mère", dit-elle avec un sourire narquois.

Je termine notre dialogue.

"Oui, ma mère s'occupera d'elle", me dis-je.

Elles ont fait bon ménage et cela me rassure.

Mon départ eut lieu le lendemain matin vers 10 heures.

Avant de partir, elle m'embrasse avec tendresse et me lance d'un geste de la main. 

- Reviens-moi, vite. Je t'attends.

Tout va donc bien, elle a oublié notre petite querelle.

Il ne fait pas très chaud.

Dans la voiture, le conditionnement d'air automatique se met en branle et réchauffe très vite l'habitacle.

La route vers Lisbonne, je l'ai tellement empruntée que je pourrais y aller les yeux fermés. Une route toute droite, longeant le Tage. 

Cela me permet encore de réfléchir.

Ce matin, pas beaucoup de circulation au départ. Seuls les feux de circulation entravent l'allure de mon voyage. Plus je me rapproche de la capitale, plus ils augmentent en nombre. 

Lisbonne apparaît bientôt avec le pont qui passe de l'autre côté du fleuve. Le quartier de Belem apparaît ensuite.

J'y suis presque, du moins je le pense. Un accident avec un camion entrave ma progression.

Il me faut traverser le bas de la ville, contourner la colline pour arriver dans le nouveau quartier de l'exposition 98.

Il est déjà près de midi.

Avant de me rendre au bureau, je me gare et remonte à pied au travers de la place Commercio vers le centre de la ville. Un quartier de petits restaurants est devant moi. Je prends l'un d'eux pour déjeuner.

Quelques temps après, ma commande arrive avec un baccalhau à bras. Je l'enfile assez vite avec une bouteille d'eau. Des pasteis de nata comme dessert et me voilà reparti vers la voiture

Au retour, sur l'une des vitrines, je tombe nez à nez avec une affiche avec les photos de disparus.

Pas de doute possible, l'une d'entre elles est celle de Luiza.

Des recherches avaient donc été entreprises pour la retrouver.

J'en reste troublé, presque agacé.

Devrais-je le lui dire? Cela m'ennuie. C'est trop vite. Je n'ai pas assez progressé dans mon travail de récupération de sa mémoire. 

Je suis loin d'avoir atteint mon but. Elle peut être déçue de rencontrer ceux qui la recherchent. 

Je note le numéro de téléphone et la personne à appeler auquel il faut prendre contact et l'enfile dans mon portefeuille en espérant l'oublier au plus vite.

Je verrai au retour la marche à suivre et lui raconterai ma découverte. 

Quelque part, Luiza est devenue mienne.

Je suis presque jaloux qu'elle puisse avoir eu une famille avant moi.

Je crains que si elle rentrait dans sa famille, nos relations en deviendraient toutes différentes.

Une peur de la perdre dépasse ma pensée et j'ai honte de moi.

Je décide de temporiser encore, à espérer que je n'ai aucune difficulté à lui demander de m'accompagner à Lisbonne à mon retour.

Nous partirons alors pour tourner une nouvelle page et passer au chapitre suivant de cette nouvelle vie.

Le quartier nouveau de Lisbonne est devant moi. Des tours modernistes construites lors de l'exposition sont dans le paysage mêlées aux pavillons qui ont tous pris une autre fonction toujours en relation avec la mer. 

Arrivé au bureau, située au 7ème étage d'un des bâtiment, Pedro m'accueille. Sa première question me révèle qu'il a deviné mon maigre résultat et l'évolution de ma relation avec Luiza.

- Comment va Luiza? A voir ton visage préoccupé, tu n'es pas arrivé à lui faire revenir la mémoire, mais tu as fait ce que je t'ai conseillé: Passer à la phase amourette.

- Comment vois-tu cela?

- Tu es rêveur mais tu ne sembles pas trop déprimé.

- J'ai essayé de stimuler son cerveau et sa mémoire, par des fonds sonores, en la faisant sentir des effluves olfactive dans son sommeil mais sans résultats probants. 

- Et tu es devenu amoureux. Crois-tu que cela ne se voit pas? Tu n'as pas essayé l'électromagnétisme dans l'arsenal. La dépression les émotions négatives, l'anxiété peuvent aussi altérer définitivement le subconscient. Se recréer une enfance heureuse rétrospectivement ne marche pas toujours. 

- Tu as raisons. Je me trompe peut-être. Je me demande si je n'ai pas voulu créer une fausse mémoire à Luiza.

- Ça aussi est un risque à prendre. C'est le sujet du film "Total Recall" dans lequel on enregistre de faux souvenirs artificiels sensés coexister avec des souvenirs authentiques dans un miroir à deux faces.

- Mais, je n'ai pas encore dit mon dernier mot et je l'inviterai à venir dans mon appartement de Lisbonne dès que je retournerai chez ma mère. Quel sont tes dernières trouvailles dans nos autres projets?

Pedro m'en informe tandis que je continue à rêvasser en imaginant un autre moyen de contourner les problèmes de Luiza.

Les autres projets ont pris tellement peu de place dans mon esprit.

Une question me vient: suis-je un salaud comme me le faisait remarquer Pedro?

Je le ressens de plus en plus.

Le problème, c'est que ce n'est pas du tout ainsi que cela se passera et que son projet risquera d'échouer.  




 

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9. Les pensées intimes de Luiza.

 

« C'est aux pensées à nourrir les paroles, aux paroles à vêtir les pensées.  », Proverbe oriental

 

José à Lisbonne, je suis seule. Je me dois de réfléchir à ces journées passées avec lui, à la nuit que nous avons passée ensemble.

Je sens que je suis loin d'avoir retrouvé ma mémoire. Je me sens patauger entre deux eaux.

Que me veut José, réellement ?

Pourquoi veut-il m'aider à recouvrir ma mémoire avec autant de zèle? 

M'attire-t-il par amour ou pour assouvir ses propres desseins scientifiques?

Suis-je au centre de ses investigations dans mon intérêt ou le sien?

De devenir amants n'était-ce qu'un piège pour assouvir à sa passion des sciences?

Sa capacité d'écoute semble parfaite, mais il ne tire pas de conclusions des progrès devant moi. S'il trouve une évolution positive ou négative, qu'il me le dise.

Quand il joue au psy, il le fait de manière trop scientifique et très peu émotive. Il évalue en secret sans m'assurer ou me rassurer. Secret professionnel?

Je dois avouer que c'est un maître pour m'amadouer.

Il est intelligent et futé à la fois. 

Pendant nos conversations, je voyais qu'il prenait souvent des notes au sujet de nos rencontres. Un dictaphone lui servait quelques fois.

Je suppose que ces notes trouvent leur aboutissement, rassemblées dans des rapports.

José n'est pas ce qu'on peut appelé "un rigolo". Son sens de l'humour est un peu faiblard. 

Souvent trop pressé, je le sens quand en dernier ressort, devant mes réponses qui ne correspondent pas à ce qu'il attend, ne lui vont pas.

Hier, je me suis fâchée. Il m'avait agacé. Il m'avait lancé que je ne faisais pas assez d'efforts pour retrouver la mémoire. Comme si cela se commandait.

Suivant son exemple, sans le lui dire, j'ai pris l'habitude d'ouvrir moi-même un carnet de bord dans lequel je note mes pensées intimes.

Puisque j'ai perdu la mémoire des faits anciens, je me dois que cette disparition ne se reproduise plus.

De ma chambre au deuxième étage, je descends au rez-de-chaussée pour parler à sa mère.

A mes questions sur le passé de José, elle me raconte tout. Je suis renseignée sur des épisodes de sa prime jeunesse, sur son enfance, ses études, ses réussites scolaires.

Pour sa mère, il est clair que c'est son dieu. Elle en est très fière.

Elle est visiblement contente que je m'intéresse à son fils et ne cache rien de ce qu'elle sait. Mais que sait-elle en définitive sur lui de plus récent? Pas grand chose. Je ne peux pas lui demander quelle est la situation financière de son fils. Il est fort probable qu'elle n'en sait rien. Cette pensée s'évanouie immédiatement dans mon esprit. Sa situation financière, une idée toute féminine, ça. 

Deux heures après, je ne suis pas beaucoup plus avancée. Elle m'a montré quelques photos pour étayer ses révélations.

Pour elle, la vie de José s'est arrêtée après ses études.

Déçue, je remonte au premier étage dans la pièce qui lui sert bureau.

J'ouvre le tiroir de son bureau et je trouve son carnet de notes.

Je me demande s'il ne l'a pas oublié.

Indiscrète, je m'empresse de lire.

Je m'aperçois qu'il va loin dans ses investigations et ses déductions. Il y a des détails intimes qui ne correspondent pas à une analyse très scientifique.

S'il m'avait montré ce que sa Science pouvait m'apporter, de l'évolution des techniques, des démonstrations présentes, cette fois, ses remarques dépassent ce cadre-là. Je suis gênée d'être entrée dans son carnet intime. 

José m'a affirmé que mon intelligence est intacte.

Je me dois de le lui prouver.

Son ordinateur est là. Pourquoi ne pas commencer une recherche sans but précis.

L'actualité est ma première rencontre avec son ordinateur.

Puis, il me vient une idée, un flash, pourrais-je dire: et si quelqu'un me recherchait sur Internet?

Je tape "personnes disparues" et lance une recherche.

Une liste de personnes triées par ordre des dates décroissantes par ancienneté vient devant mes yeux curieux.

La liste est longue. Plusieurs têtes avec photos se succèdent.

La surprise vient à la 4ème page. Je l'ai presque sautée.

Ma photo occupe la cinquième place sur l'écran.

La photo doit être assez ancienne, mais, cela ne fait aucun doute, c'est moi.

Pourquoi José ne m'a jamais donné l'idée d'aller voir si je n'étais pas recherchée?

Mes soupçons étaient-ils donc fondés et confortaient avec cette conséquence: José voulait me tenir pour sienne dans son laboratoire de cobayes.

Je suis devenue sa "chose", son objet d'expérience.

Mon excitation monte d'un cran.

Au côté de la photo, mon prénom, Luiza, ce qui doit être mon nom et un numéro de téléphone à appeler dans le cas où un lien avec la personne disparue pouvait exister. Je note le numéro et prends le téléphone en composant le numéro.

Une voix féminine vient à l'autre bout:

- Bonjour. Le bureau de la police de Lisbonne. Que puis-je pour vous?

J'espérais tomber sur une voix connue, quelqu'un de ma famille et c'était la police qui jouait à l'intermédiaire.

Surprise, je reste sans voix un long moment, interloquée. Je n'ai pas prévu cela.

Comme lors de la première rencontre avec José, ma peur se réveille. Révéler qui je suis, que je suis l'inconnue de la photo dont le numéro se trouve sur la page d'Internet.

Si je disais que je suis la disparue, la question suivante de la police sera irrémédiablement, "pourquoi n'êtes-vous pas venu plus tôt vous livrer à la police?"

Il faut biaiser. L'idée de jouer à l'intermédiaire me vient.

- Bonjour. J'ai consulté la liste des personnes disparues. Je connais celle qui se trouve sur votre adresse internet avec le numéro 201433.

- Un moment. Je cherche ce numéro.

Quelques secondes plus tard, la voix reprend.

- Voilà, je l'ai. Connaissez-vous la personne disparue personnellement ou est-ce vous même?

Ces quelques instants de recherche m'ont servi pour choisir une réponse.

- Non, ce n'est pas moi. Je l'ai connue et revue récemment.

Je sens que j'ai gaffé quelque part.

Récemment. Depuis combien de temps? Des jours, des semaines?

"Quelle importance? Elle est vraiment chatouilleuse", me dis-je.

- Quelques jours. La photo doit être ancienne. La couleur des cheveux ne correspond pas vraiment. Je fais peut-être une erreur. Ne pourriez-vous me donner le moyen de prendre contact avec les gens qui ont signalé cette personne disparue?

- En principe, nous ne pouvons pas donner cette information pour ne pas donner de faux espoirs à la famille. Nous sommes les intermédiaires avec elle. Donnez-nous votre nom et si vous le pouvez venez nous rendre visite au bureau de police. Si vous ne pouvez vous déranger, donnez-nous votre adresse et des inspecteurs vous rendront visite.

Je me sens vraiment piégée. Une idée... vite...

- Désolée, je ne pourrais pas passer à votre bureau demain ou après-demain et je ne peux pas me libérer aujourd'hui. Je pars à l'étranger. Ne pourriez-vous pas faire une exception et me donner le numéro, je pourrais rassurer ses proches qu'elle est peut-être vivante et en bonne santé.

- Ok. Mais donnez-nous votre nom et votre adresse.

J'invente un nom et une adresse et la réponse vient.

- Prenez note, le numéro de téléphone dont nous disposons est le +351 444 543 178. Prenez contact avec nous dans le cas où cela correspond. Ne dites pas que que je vous ai donné ces références à quelqu'un.

- Non Bien sûr. Mais, ce sera fait, je vous préviendrai. Merci.

La conversation s'arrête là.

Je raccroche le combiné et me demande quelle suite à donner à cette conversation.

Comme j'ai obtenu le lien, je me dois de l'utiliser.

La question que José m'avait posée, me revient en mémoire "Veux-tu une autre vie?" ou quelque chose d'approchant.

Voulait-il vraiment que je retrouve ma propre mémoire, ma vraie mémoire et pas une mémoire fabriquée par lui-même?

Puis, une nouvelle question me trouble: que ferais-je sans lui?


 

 SUITE

Le mythique Métropole a 120 ans

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L'hôtel Métropole est l'hôtel historique par excellence de Bruxelles avec ses 120 ans depuis sont inauguration. Construit en art déco, art nouveau, style moderne. Le 30 janvier, il s’associait à La Une de RTBF.be à l'occasion des 10 ans de l'émission "C'est du belge" (à voir à partir 0:23:00). Une bonne occasion pour en parler.

0.jpgSon histoire commence sur la très réputée place de Brouckere au centre de Bruxelles. Un bâtiment principal est construit en 1872-1874 par l'architecte Antoine Trappeniers pour la Caisse Générale d'Épargne et de Retraite.

La famille Wielemans-Ceupens qui détient une brasserie à Forest, a l’intention de promouvoir une sélection de leurs bières. 

En 1891, ils rachètent le bâtiment pour servir de café sous le nom de "Café métropole". Sentant l'évolution de l'époque,  ils rachettent de cinq immeubles voisins et ils le transforment en hôtel de luxe avec l'architecte Alban Chambon. Rien n'est trop beau pour le construire avec toute la modernité nécessaire de l'époque sur une avenue Anspach qui veut imiter les boulevards de Paris.

Un ascenseur fabriqué par Edoux qui avait construit celui de la Tour Eiffel, l'eau courante, le chauffage central, des salles de bain, l'électricité dans les chambres. Un restaurant qui ne rechigne pas sur le luxe. 

L'hôtel es inauguré en 1895 et c'est immédiatement, le succès. 

En 1911, le premier Congrès Solvay se tient dans ses murs avec les pplus grands savants des sciences.

Pendant la guerre 14-18, il sera réquisitionné comme lors de la guerre 40-45.

Le 27 octobre 1932, c'est l'inauguration d'un nouvel agrandissement avec le cinéma Métropole, construit en Art déco avec une entrée monumentale de 22 mètres de haut qui donne sur la rue Neuve dans une complémentarité avec l'hôtel. Dans les années 1970, l'exploitant du Métropole s'efforce d'améliorer sa rentabilité en multipliant les salles. Mais en 1982, de guerre lasse, c'est la fermeture et la transformation du cinéma en surface commerciale.

La "Belle époque" n'est plus vraiment la-même.

Elle a changé de modernité.

 

0.jpg"La Belle Epoque". 

Le passage du 19ème au 20ème siècle mérite ce nom du moins pour les grands entrepreneurs.

Une époque marquée par des technologies nouvelles de l'automobile, de l'aviation, de l'électricité, du cinéma. 

Le virus de l'automobile gagne les gens les plus fortunés.

Le 29 avril 1899, Camille Jenatzy atteint la vitesse prodigieuse de 105 kms/h au volant du prototype CITA à propulsion électrique avec des pneus en caoutchouc importé du Congo.

Mais, c'est le moteur à explosion, alimenté au pétrole qui marque sa supériorité par rapport au moteur électrique.  

Sur le front de l'industrie, Zénobe Gramme laisse un projet de machine magnétoélectrique à courant continu. De véritables centrales de production électrique permettent d'éclairer les rues et les bâtiments.

En 1907, la fabrique nationale Herstal, FN, est l'un des principaux constructeurs de l'époque. D'autres comme Nagant, Métallique,  Minerva, Pieper, Delin, Lefert, Mans, Pipe, Vincke... se retrouvent au IVème salon de l'auto, tandis que Bruxelles teste les premiers autobus qui transportent 32 passagers à 15 kms/h.

Le baron Edouard Empain devient le financier des bâtisseurs en s'intéressant aux tramways électriques. 

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L'aviation est en plein boom. Des prix de 130.000 FB récompensent des "faucheurs de pâquerettes", appelés ainsi parce qu'ils tentent de voler le plus bas, le plus haut et le plus longtemps. 

Un vent d'innovations souffle sur les arts, les lettres et les mœurs urbaines et démocratiques. Le Cercle des XX, de la Libre Esthétique s'essayent dans les arts de la peinture par le pointillisme, le symbolisme ou le fauvisme. La Belgique, fondatrice de l'art nouveau, fait entrer métal et lumière dans l'art de bâtir.

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En 1894, les frères Lumière présentent le cinématographe au palais du Midi. Des projections permanentes sont organisées à l'Alcazar.

L'exposition universelle de 1897 propose des actualités filmées belges.    

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Tout cela pour dire que la modernité est entrée dans tous les domaines créatifs dans une ambiance d'euphorie. Cela génère des fortunes immenses. Le luxe princier fait partie de ce vent de création dans un hôtel comme le Métropole et cela prouve que la famille Wielemans avait senti le vent de la réussite dans le dos et avait fait le bon choix de s'installer au centre de la ville. 


Aujourd'hui.

L’entrée principale a tout du style Renaissance française, menant au hall de réception de style Empire, largement décoré de vitraux célébrant l’héritage de l'Art nouveau de la ville. Mélange de styles de l'époque.

Très bruxellois, c'est une entreprise de famille qui se transmet de génération en génération depuis le début.

Jean-Pierre Bervoets dirige l'hôtel dans une discrétion familiale comme on pourrait l'être chez soi. 

Ascenseur d'époque, dorures, vitraux, marbres, lustres énormes et ferronnerie, l'hôtel a été classé en 2002, comme monument historique. Le café a été rafraichi récemment. Bar31 rénové en 2010 

5.jpgL'hôtel dispose aujourd'hui de 286 chambres dont 23 suites spacieuses toutes agencées avec un style propre à chacune d'entre elles sur 22.000 m2.  

Plus de fiacres à l'entrée, plus de valets et autres manifestations de la richesse. Une clientèle d'hommes d'affaires, du show-béez, de têtes couronnées, s'y mélange. 

Certaines suites ont reçu les noms prestigieux d'aujourd'hui et de hier: Weyergans dans lequel les livres font partie du décor baroque classique, Noureev, Sarah Bernardt, Toscanini, Jacques BrelAnnie Cordy, Maurice Béjart, Jean Piat, Francis Huster... Toutes ces suites ont été créées en fonction des desiderata de ceux-ci avec leurs couleurs préférées, tout en restant dans le glamour. 

Parfois, en nettoyant les plafonds reviennent des peintures datant de 1900. Les contraintes techniques dans la protection contre les incendies n'est pas une mince affaire quand il faut les rendre les plus invisibles possible.  

De nombreux films tournés ont été tourné à l'hôtel. L'hôtel est comme un grand studio de cinéma comme quelqu'un a dit de lui.

Amélie Nothomb y a fait tirer son portait par les Studios Harcourt en 2008 comme l'avait fait Marlène Dietrich avant elle.

Toots Thielmans, Princesse Esmeralda, Marc Wilmots se sont fait tirer le portrait à l'occasion du dixième anniversaire de "C'est du belge". Les personnalités comme Sacha Guitry hantent encore ses couloirs.

Le monde scientifique s'est à nouveau réuni au centième anniversaire pour parler du temps sous la présidence de Ilya Prigogine. L'astrophysicien Stephen Hawking a signé le livre d'or par deux fois.    

Si d'autres hôtels modernes de luxe sont installés dans les environs, mais le Métropole est le seul établissement de la ville datant du XIXe siècle encore en activité. Les chambres peuvent rivaliser avec celle d'un palace inauguré la veille.

Au dernier étage, un show-room de tissus, de mobilier et lustres attendent le moment opportun pour s'installer aux étages inférieurs.  

Je me souviens d'une journée porte ouverte qui m'avait permis une visite de certaines chambres qui n'étaient pas des suites mais qui pouvaient donner l'impression en sortant des standards.  

Je me souviens encore d'avoir dîner dans le restaurant et de m'être installé quelques fois sur les sièges de cuir du café, mais je n'ai jamais logé dans une des chambres étant moi-même bruxellois.

Samedi, quand je me suis rendu à l'hôtel, le réceptionniste m'a dit qu'il occupait la place depuis 35 ans, même si les équipes se sont rajeunie avec la même volonté du respect de la vie privée des clients. Le réceptionniste, de derrière le comptoir, m'a recherché quelques cartes postales de l'époque pendant laquelle "Bruxelles brusselait" sans pouvoir me donner la date exacte de l'inauguration de l'hôtel en 1895. 

L'interview de Virginie Jourdain le pourrait-elle dans "Un jour dans l'histoire?" 

Écoutons:podcastpodcast

... et non, même pas la moindre allusion.

Peut-être faudra-t-il se renseigner aux archives des "Monuments et sites de la ville" comme le réceptionniste me l'avait conseillé. 

 

Photos de hier et d'aujourd'hui (après un clic)

 

L'enfoiré,

 

PS: Article rédigé avec l'aide d'un dossier Paris Match "Une princesse (Esméralda) célèbre les 10 ans de l'excellence belge". 

 

Autres hôtels mythiques décrits dans les articles "Rêve historique à Levico"  et "Il chauffe sur le lac Majeur".

 

Citations:

  • « Le luxe n'est pas un plaisir, mais le plaisir est un luxe.», Francis Picabia
  • « Tout homme s'offre le luxe inestimable de prononcer son premier et son dernier mot.», Théodore Koenig
  • « Le luxe est une forme de triomphe permanent sur tous ceux qui sont pauvres, arriérés, impuissants, malades, inassouvis.  », Friedrich Nietzsche

Veux-tu une nouvelle vie? (10 & 11)

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Banner.jpg10: Reprise de conscience de Luiza

 

« On a conscience avant, on prend conscience après. », Oscar Wilde

 

Je compose le numéro de téléphone que j'ai noté sur un bout de papier.

Cinq sonneries et puis une voix de dame qui retentit un peu essoufflée à l'autre bout.

- Bonjour, Manu à l'appareil que puis-je pour vous?

- Bonjour Madame, puis-je vous poser une question embarrassante?

- Oui, bien sûr, allez-y. Ce n'est parce que j'ai dû m'encourir du jardin que je suis essoufflée, que je ne pourrai pas vous répondre.  

- Reconnaissez-vous ma voix? Est-ce qu'elle vous fait penser à quelqu'un?

Un temps mort, puis une voix angoissée qui revient excitée.

- Est-ce toi, Luiza? Si ce n'est pas toi, ce serait troublant. La ressemblance avec elle est frappante. 

- Luiza, c'est le prénom que l'on m'a donné, en effet.

- Mais où es-tu? Que deviens-tu? Nous sommes angoissés ton père et moi. Je suis allé chez toi à Lisbonne et une voisine m'a dit que tu étais souvent absente et qu'elle ne t'avait plus revue depuis le début de l'année. Raconte-moi ce qui s'est passé et où es-tu. Je t'en prie, informe-moi.

- C'est toute une histoire. Moi, par contre, votre voix ne me rappelle rien. Comme le reste d'ailleurs. J'ai subi une perte de mémoire depuis le Nouvel An.

- Une perte de mémoire? Tu ne me reconnais pas. Que s'est-il passé?

- Ce qui l'a causée, je n'en savais rien. Je l'ai appris. Il parait que ce fut une chute pendant la nuit du réveillon. Une chute qui a fait le vide dans ma tête.

- Et maintenant, où es-tu. Je viens te chercher immédiatement, si je peux. Tu n'es pas à la rue tout de même?

- Non, j'ai été secourue par quelqu'un. José a assisté à ma chute et m'a recueillie sans que je puisse lui donner la moindre réponse à ses questions qui concernaient mon existence d'avant. Il a eu peur pour moi. Il m'a dit qu'il était fort probable que je ne reconnaîtrais pas ma famille si je la rencontrais aujourd'hui.

- Au fur et à mesure que tu parles, ta voix ne fait plus aucun doute pour moi, c'est bien toi, Luiza. Tu connais ton nom tout de même?

- Même pas. Quand je me vois dans le miroir, je ne reconnais que mon visage d'aujourd'hui. Je ne sais même pas s'il a toujours été ainsi. J'ai cherché sur Internet, les personnes perdues et j'ai trouvé une photo qui correspondait à peu près à mon visage actuel.

- Oui, j'ai donné une de tes photos anciennes à la police. Sache que ton nom est da Silva. Luiza da Silva. 

- Beau nom, mais cela ne me rappelle pas plus.

- Dis-moi où tu es et je pars sur le champ te chercher. Ta famille qui t'aime t'attend. Elle sera tellement heureuse de te revoir.

- Je me trouve entre Sintra et Cascais. Je suis chez la mère de José Martinez qui m'a recueilli. C'est un neurologue ou quelque chose d'approchant. Il a essayé de me faire retrouver la mémoire. L'adresse exacte, je ne la connais pas. Je ne peux pas vous dire comment m'atteindre. Je suis venue en voiture jusqu'ici. Si vous pouviez venir aujourd'hui, cela m'arrangerait. J'ai des doutes qui me sont venus avec le temps au sujet de José. Il n'est pas ici actuellement, mais à son bureau de Lisbonne...

Dis-moi "tu". Vouvoyer entre nous, cela me semble tellement difficile de te vouvoyer.

- D'accord. Excuse-moi. C'est encore difficile mais je vais faire un effort.

- J'arrive. Mon téléphone a enregistré ton numéro de téléphone. Je demanderai aux renseignements. Ne t'inquiète plus. Je téléphone à ton père qui est aussi le mien, je te l'apprends. Tu es ma demi-sœur mais je t'ai considérée comme ma vraie sœur. Juste le temps d'arriver. Disons dans trois heures.

- A toute à l'heure. Je t'attends. Tu ne peux t'imaginer à quel point, tu me redonnes confiance en moi pour retrouver ma mémoire. J'ai hâte de confronter mon présent avec mon vrai passé.

- A toute à l'heure. 

Je raccroche et repose le cornet du téléphone fixe.

Le téléphone au repos, je regarde devant moi, dans le vide et je sens la joie me monter à la tête avec une envie d'étendre mes bras au dessus de ma tête.

Peut-être était-ce trop espérer que ce soit une bonne famille, mais cela ne vaut pas la peine de rester sur un point d'interrogation depuis le début de l'année sans la connaître.

Ma demi-sœur s'appelle Manu. Elle a encore un léger accent dans la voix qui, je suis sûre, vient d'ailleurs.

Le temps va me paraître long à l'attendre. Je ne tiens pas en place. Il faut que je fasse quelque chose pour patienter.

J'abandonne mes recherches sur la machine de José et descends au rez-de-chaussée chez sa mère pour la prévenir de la visite de quelqu'un de ma famille qui dit me connaître.

Je lui raconte mon coup de fil, mon subterfuge et ma peur de me faire connaître à la police.

Nous en rions ensemble.

Elle semble autant heureuse que moi à l'idée que ma famille m'a peut-être retrouvée.

Avec elle, je sens que j'ai une complicité totale. Une complicité de femmes de deux générations. Je ne sais qui et comment a été ma mère, mais j'aurais aimé en avoir une comme elle.

J'ignore comment José va apprendre la nouvelle de mon départ. 

Je veux retrouver ce qu'a été ma vie. Peu importe si elle a été bonne ou mauvaise.

Je devrai peut-être changer son cours. Vouloir avoir une autre vie.

Mais, je veux être consciente de mon choix qui ne sera pas imposé ni par ma famille ni par José.

Je verrai cela dans l e seul ordre normal des choses. 


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11: Premier membre de ma famille retrouvé

 

« La vie passe, rapide caravane ! Arrête ta monture et cherche à être heureux.», Omar Khayyâm

 

Dans les trois heures comme prévu, Manu arrive en taxi. Enfin, je crois, puisqu'elle vient dans la direction de la maison.

Par la fenêtre du bureau de José, je surveillais les allées et venues de la faible circulation autour de la maison. Depuis que je suis là, pas beaucoup de visiteurs.

Toute excitée, je descends pour l'attendre sur le perron.

C'est une dame, noire de cheveux. Sortie du taxi, elle s'avance vers moi. Quand elle me voit, celle qui s'est appelée Manu, sort son plus beau sourire à ma rencontre. 

Elle porte un album, sous le bras, semble-t-il.

Son visage ne me dit rien. Je ne la reconnais pas mais, son sourire est engageant et je veux la connaître et qui sait la reconnaître. 

- Je t'ai retrouvée. On m'a bien informé sur l'adresse. C'est bien toi, ma chère Luiza. Tu ne me reconnais vraiment pas? 

- Je suis bien obligée de l'avouer: non. 

- Je pouvais m'en douter en fonction de ce que tu m'as raconté. J'ai pris un de mes albums de photographies pour te prouver que tu as un passé dans notre famille.

- Très bonne idée.

- Que faisons-nous? Tu ne vas pas me laisser sur le pas de la porte. On entre dans la maison ou on part. 

- Viens, entre, je vais te présenter à mon hôtesse hébergeuse, la mère de José qui m'a recueillie après ma chute. 

- Je serai heureuse de la rencontrer.

- Je suis tellement impatiente. Je voudrais que nous retournions chez toi assez vite, puisque c'est aussi là que je retrouverai ma famille.

- Crois bien que ton père est aussi impatient de te revoir. Veux-tu retourner avant cela dans ton appartement à Lisbonne?

- Aucune envie. J'y retournerai plus tard quand je le jugerai nécessaire. Qu'y trouverais-je sinon des souvenirs morts dans mon esprit? On jettera en route, un coup d’œil sur les photos que tu as apportées. Je dis chez toi et je ne sais même pas où c'est.

- En Algarve. Dans le sud du Portugal. Tu vas te retrouver au milieu de toute la famille. Tu as dû remarquer que je gardais un accent étranger même après 13 ans pendant lesquels j'y vis avec mon mari Joao. J'ai une partie de famille portugaise et une belge. Je suis née en Belgique. Michel et Antoine, mes demi-frères, habitent là-bas. Je n'ai plus de contact avec Antoine. Avec Michel, bien. Je te rappellerai tout cela, plus tard. Dans son dernier coup de fil, il disait qu'il avait planifié de nous rendre visite dans moins d'une semaine. Ce sera une occasion de plus de rencontrer ce qui reste de ma famille belge. Il est médecin et il était de garde à l'hôpital lors des fêtes de fin d'années. Il n'a pu venir par ici avant cela.

- J'ai hâte de voir les photographies de toute la famille. Je me souviendrai peut-être de quelqu'un. Rentrons. Laisse-moi juste le temps d'écrire une mot pour José. Je vais te présenter à sa mère. Fais connaissance avec elle, pendant que je monte au premier. Je reviens très vite. Tu verras, elle est très gentille. José a une mère très sympathique.

Les présentations faites, je monte au premier.

Une feuille de papier sur le bureau de José et je griffonne sans beaucoup réfléchir:

 

Cher José,

J'ai trouvé sur Internet que j'étais recherchée. J'ai pris contact avec le numéro que la police m'a donné. Je suis arrivé jusqu'à ma demi-sœur, Manu. Ma famille et elle, me recherchaient en Algarve . Je ne la reconnais pas, mais qu'importe si elle me reconnait. Impatiente, je n'ai pu attendre ton retour. Je reprendrai contact avec toi, dès que possible. Je suis trop excitée de retrouver mon passé.

Je te remercie pour avoir tenté de me faire retrouver la mémoire. Je ne sais si je la retrouverai un jour dans son entièreté et ce qui a été ma famille, mais je ferai tout pour cela. 

Excuse-moi encore pour ne pas t'avoir attendu.

Ta mère te racontera mon premier contact avec ma demi-sœur, Manu. 

Je t'embrasse...

Luiza,

 

Je laisse la lettre, bien en évidence sur l'ordinateur de José.

C'est comme si j'agissais comme un automate à grande vitesse.

Je redescends quatre à quatre.

Manu parle à la mère de José. Leur calme tranche avec mon excitation. S'intercalent quelques sourires en me voyant arriver.

Manu a compris mon excitation et a déjà téléphoné avec son portable pour obtenir un autre taxi. 

Cinq minutes après, un taxi klaxonne devant l'entrée.

J'embrasse la mère de José.

- Au revoir, Mamy. Je reviendrai. Vous acceptez que je vous appelle Mamy.

C'est la première que je l'appelle ainsi, mais elle me sourie. 

Visiblement, elle est contente pour moi et dit simplement.

- Bien sûr que j'accepte. Cela m'honore. Vas-y. Retrouve ta famille. Surtout, ne nous oublie pas. Reviens me voir dès que tu le peux. En peu de jours, j'ai appris à te connaître. J'aime ta force de ton caractère et surtout ton humour. 

- C'est promis. Tu sais, Mamy, je ne reconnais pas Manu, ma demi-sœur, mais elle me connait et cela ma suffit.

Manu et moi, nous nous retournons quelques fois vers la maison avec des signes de la main avant d'entrer dans le taxi.

Je suis heureuse. 

J'ai pris la résolution de faire la chasse au passé et rien ne m'arrêtera. 

Le futur, n'est-il pas destiné à un après imprévisible et pour se changer au besoin par soi-même, même sans avoir toute sa mémoire?

 

SUITE

Le point de rupture de Microsoft est-il atteint?

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Début 2014, Satya Nadella remplaçait Steve Ballmer à la tête de Microsoft. Il a imposé son propre style à l'entreprise. C'est l'heure des bilans et des différences de stratégies.

0.jpgSteve Ballmer, le financier de la bande des trois, était-il un visionnaire comme l'avait été, les fondateurs, Bill Gates et Paul Allen?

Etre financier, avoir l’esprit de la finance seule, n'apporte pas une vision sur le futur et une stratégie en rapport avec l'actualité et encore moins avec le futur.  

En 2000, il déclarait que Linux présentait les caractéristiques du communisme.

En 2001, il décrivait la licence libre GPL (licence du système d'exploitation Linux), comme un cancer qui contamine la propriété intellectuelle dès qu'il la touche : « Microsoft has also criticized the General Public License (GPL) that governs the heart of Linux »

Steve Ballmer est réputé pour exprimer son enthousiasme sans retenue. Plusieurs vidéos le montrant en train de bondir sur la scène d'une conférence au rythme d'une chanson de Gloria Esteban ou de haranguer les développeurs informatiques sont devenues virales et ont été parodiées par les internautes.

Je l'ai vu, de mes yeux vu, ce "Steve Ballmer going crazy" au Heysel de Bruxelles devant des centaines d'informaticiens surpris et amusés.

0.jpgCe fut le CEO de MS pendant 14 ans. Il avait repris le flambeau que Bill Gates avait lâché qui lui voulait devenir "conseiller technologique" et s'occuper de sa Fondation avec son épouse Mélinda.

En 2013, la société restait rentable et avait fait un profit de 27 milliards de dollars. De quoi voir le futur sous les meilleurs auspices en baignant dans le "cash flow". 

Le dernier coup fumeux de Ballmer a été le rachat de Nokia pour 7,2 milliards de dollars.

Nokia était, alors, sur la pente glissante après être monté jusqu'à des sommets à la fin du 20ème siècle avec son portable.

Un géant en décélération ou en restructuration perpétuel qui en rachète un autre pour entrer dans le champs du mobile, se comprendrait mieux de s'associer à Samsung, qui avait le vent en poupe, mais bon... allez savoir.

Quoiqu'on en dise, une société repreneuse de sociétés pour en tirer profit de son investissement est une autre activité. Le secteur de l'informatique ne peut être considéré comme un secteur gérée par un "Tonton Tapie".

Il faut, au contraire, avoir des visions très futuristes.

Sur le Lumia, la marque Nokia a disparu. Il est désormais emprunt d'un écran au style "petits carrés", sur lesquels il faut presser ses petits doigts velus et se rappeler que pour téléphoner, le petit carré correspondant devra se positionner, bien visible, à gauche, tout en haut de l'écran. 

Alors, aujourd'hui, il y a eu quelques ratages au niveau mobilité puisque seulement 3% du marché des mobiles étaient attribués à l'entreprise MIcrosoft.

0.jpgLes nuages quadri-chromés et oscillants de Microsoft  ont été dans les esprits et non pas dans le cloud.

Dans le temps glorieux des débuts de l'informatique, le hardware avait fait les grands moments de gloire d'IBM.

Une reconversion a été nécessaire dans la résolution de problèmes numériques répartie sur la population et non plus dans le secteur des entreprises. Une situation non comprise par IBM et reprise par Bill Gates dans le secteurs des softwares. Il n'a rien inventé sinon une vision sur le futur. Il a tout rassemblé pour en faire une solution globale. Parfois trop globale puisque souvent qui trop embrasse mal étreint.

Le software propriétaire fut celui de Microsoft. Internet avait été presque loupé dans l'opération. Ce qui a changé et imposé sa nouvelle direction, ce furent les télécommunications.

Cette fois, c'est le cloud qui "mange" les applications et les données.

Le software, trop cloné, a fait perdre de sa superbe.   

Mais, le sujet de cet article est Satya Nadella qui a donc remplacé Steve Ballmer.  Alors parlons-en. Il veut donc reconstruire Microsoft en une autre entreprise plus moderne, moins ceci, plus cela..

Le cloud, c'était sa branche de prédilection chez Microsoft et il s'y est engouffré probablement entre deux nuages, car ils sont nombreux ces nuages. Plusieurs sociétés survolent déjà les terres aux paysages ombragés par ces nuages de pensées qui transitent avec le soleil au dessus et l'ombre en dessous.

Pour lui, c'est un véritable challenge de reprendre le business de la société en entier avec les pieds sur cette terre aux multiples cultures.

Non, je ne parle pas de cultures de petits-pois. Je parle de cultures comme je dirais des moyens de penser.

A partir de la base du système comme ingénieur, il a gravit des échelons pour arriver au sommet avec probablement en poche, des idées de ne pas pouvoir entrer processus décisionnel stratégique.

S'il appréciait les visions futuristes de Bill, je suppose qu'il a dû ronger son frein quand Steve a repris les rennes du "Grand Machin" qu'était devenue la société aux lettres magiques "MS". Remontons aux sources de sa personnalité.  

Né en Inde, en 1967, dans une famille de la grande bourgeoise indienne.

Non, ce n'est pas à Bangalore qu'il va faire sa formation comme la majorité des bataillons d'informaticiens qui sortent tous les ans des universités indiennes.

0.jpgC'est plus au nord qu'il a faite sa formation à "Hyderabad Public School"à Begumpet.

Le prestige de l'uniforme devait être une règle absolue dans ce palais des Mille et une Nuits. ---->>>

Puis, c'est la "Manipal University" où il obtient un diplôme d'ingénierie en électronique et communication, qu'il continuera son éducation à l'indienne avant de s'expatrier aux États-Unis.

0.jpg<<<<---Il y obtient un master en science informatique à l'université du Wisconsin à Milwaukee, bien plus austère, ainsi qu'un MBA à l'université de Chicago.

Il passe un étape. Il ne transite pas par Londres en chantant "Tea for two and two for tea" comme c'est de coutume.

Il commence à travailler chez Sun Microsystems.

En 1992, il entre comme ingénieur chez Microsoft, y devient vice-président en 2011, avant d'atteindre le sommet en CEO au début de 2014. Il n'a apparemment pas trop gêné Steve et n'a pas été exilé dans un pays extra-américain pour restructurer un marché qui aurait pu flancher. 

Aucune site ne dit de quelle caste sa famille est issue. Mais il est clair qu'il fait partie de la plus haute, probablement "varnas".

Il y a longtemps, j'ai eu l'honneur de travailler avec un prince indien. Ils ne sont pas à confondre avec le reste des habitants de cet énorme pays qu'est l'Inde. 

Il était, donc, l'orateur rêvé que l'on attendait en janvier dans la présentation des résultats trimestriels. 

Comme il l'a dit, sa mission a été de redynamiser une entreprise lourde, arrogante et peu réactive comme il l'a stigmatisé.

Du code jusqu'à la nausée, comme je l'écrivais, c'est le problème d'ingénieurs, mais ni de dirigeants et ni de vendeurs qui eux doivent pouvoir présenter la nouveauté, l'originalité par des images merveilleuses et magiques.

Les entreprises utilisatrices de ces merveilleux bijoux de l'informatique veulent des solutions toutes faites, du "clé sur porte", avec ou sans carrosserie, en se foutant du moteur même performant qui se trouve sous le capot bien que cela ne peut pas les empêcher de "customiser" les produits qu'ils ont achetés avec la sueur au front et l'espoir d'avoir bien choisi. Il faut le dire, les utilisateurs sont toujours mécontents. Ils ne trouvent jamais ce qu'ils trouveront à condition qu'ils savent déjà ce qu'ils cherchent. 

Le 21 janvier 2015, Microsoft, sous la direction de Satya, annonçait une véritable tremblement de terre pour une société qui a vécu pendant des années sur les revenus et les succès de Windows. La nouvelle version de l'Operating System prend le nom de "Windows 10". 

Annoncée dans une présentation, Satya change radicalement les règles du jeu. Alors que Microsoft facturait chaque nouvelle version de son OS, il sera gratuit pour les utilisateurs la version précédent, Windows 7.

Windows, son "core business" n'est plus considéré comme un produit, mais comme un service.0.jpg

Microsoft introduit un centre d'actions qui permettra d'activer ou désactiver le Wifi parmi d'autres choses. Finie, l'époque hégémonique en rouleau compresseur que Windows avait pris avec une image néfaste.

Cela sous-entend l'orientation qui doit s'adapter aux exigences du marché.

Les dernières notifications s'orientent vers les smartphones.

Les commandes des menus sont simplifiées, avec des paramètres plus accessibles, dès l'écran d'accueil car les utilisateurs des machines sont hybrides. Peu importe le terminal. Désormais, lorsque l'on déconnecte l'écran d'un clavier, l'appareil bascule automatiquement vers l'interface moderne, entièrement tactile par la même façon de l'approcher.

0.jpgL'assistant vocal de Microsoft est la gentille dame avec une intelligence artificielle, Cortana. Elle sera intégré à Windows 10 en 7 langues dont le français. Elle a appris à utiliser différentes intonations avec humour et une personnalité ouverte à l'apprentissage de sa relation avec son utilisateur. Elle est capable de détecter une adresse ou un numéro de téléphone et peut calculer automatiquement le meilleur itinéraire pour se rendre à l'endroit que son utilisateur désire en communiquant avec lui par la voix. Exactement comme Siri sur l'iPhone, ou SVoice sur les smartphones de Samsung.

On se rapproche grandement de l'intelligence artificielle présentée dans le film "Her". Une véritable intelligence artificielle, inspirée par un personnage de la saga "Halo", un jeu-vidéo très populaire de la Xbox.

Originalité de la plate-forme : l'utilisateur peut utiliser Cortana pour contrôler son ordinateur par la voix pour demander à Cortana d'accéder à un document, lequel s'ouvrira directement, de montrer des photos d'un mois donné, de lancer de la musique enregistrée.

Cortana est capable de recopier un texte qui lui est dicté pour rédiger ses emails tout en rangeant ses documents... 

A partir du Smartphone, il est permis désormais de personnaliser le background.

Le centre de notifications est synchronisé avec toutes les machines en votre possession, ce qui signifie que vous ne verrez pas les notifications apparaître sur votre PC, votre tablette et votre smartphone avec un paramétrage plus réussi.

Il est possible de répondre à un message directement depuis la notification, qui apparaît en haut de l'écran.

Le système prend en compte les signes comme le hashtag, qui fera automatiquement apparaître le symbole correspondant dans le SMS après un message dicté vocalement.

Skype est directement intégré à l'OS.

Les applications universelles fonctionneront sur PC, tablettes et smartphones tandis que Office est du programme.

Word, Excel et PowerPoint seront intégrés sur tous les appareils Windows disposant d'un écran de moins de 8" et, de plus, ils seront gratuits.

Word est directement intégré à l'application Outlook, ce qui ouvre de nombreuses possibilités en termes de mise en page, avec le même look sur tous les médias.

L'interface, entièrement revue, est beaucoup plus moderne en se rapprochant à la version PC.

Appelé à remplacer Internet Explorer, "Spartan" est le nouveau navigateur web plus puissant, plus fluide qui permet surtout d'aller beaucoup plus loin dans l'interaction, en prenant par exemple des notes directement dans son navigateur. Il permet  de sauvegarder des pages Web pour y accéder une fois hors ligne et redimensionne automatiquement les sites Web au format d'un livre. 

Changements de cultures, tout azimut.

  • Devenir agile pour être meilleur quand on devient fragile.
  • Rivaliser avec Android ou iOS et les intégrer sur toutes les plateformes comme des associés.

OneDrive pour le stockage, Office365 pour l'applicatif, Outlook pour communiquer, Bing pour rechercher les informations comme ...Google.

Microsoft a toujours eu le culte du monopole dans ses artères comme expliqué dans l'article. En 2012, quand il sortait, Windows 8 était attendu avec impatience. Très vite, le produit a laissé les utilisateurs sur leur faim.  

0.jpgPas de mystère, pour être léger, il faut rationaliser les fonctions et parfois, le nombre d'instructions pour pouvoir les créer et les maintenir.

Ce qui mène aussi à une réduction du staff et un stress test.

En juillet 2014, il annonce la suppression d'environ 14 % des effectifs de Microsoft d'ici à 2015.

18 000 postes, 2/3 extraits du personnel de Nokia sont visés et vont aller à la trappe. Une restructuration drastique afin d'adapter la taille de l'entreprise face aux deux leaders du secteur que sont Google et Apple. 

Rester "souple et léger" devient un nouvel objectif.

0.jpgEn mars 2014, le nouveau CEO, Satya présentait la nouvelle suite Office pour iPad.

En octobre de la même année, il avait créé une polémique. Il avait estimé que les femmes de son entreprise ne devaient pas pouvoir demander d'augmentations de salaires et faire confiance au système, au "karma" de Microsoft.

Ce qui a nécessité qu'il se confonde en excuses à plusieurs reprises.

Le 12 décembre 2014, Microsoft annonçait l'intégration du bitcoin, monnaie cryptographique en plein essor de popularité, à sa plateforme XBOX.

Il avait annoncé que Microsoft continuera de surveiller attentivement l'évolution du Bitcoin, dans le but de l'intégrer à d'autres projets futurs mais continuerait à être payé en dollars, bien plus officiels et pas en bitcoins.

Dans une conférence de presse, Satya Nadella affirmait être très intéressé par la technologie BlockChain, considéré par le milieu informatique, comme étant une grande percée technologique du jeune XXIe siècle. Pour rappel, la chaîne de blocs, c'est une base de données partagées entre tous les noeuds participant à un système basé sur ce protocole "bitcoin".

0.jpgLe 26 janvier dernier, l'action Microsoft a plongé de 13%.

Réaction logique après une telle annonce.

Les analystes et la Bourse, souvent conservatrice, se demandent si Microsoft pourra assumer la perte de rendement au vu de ses outils traditionnels dont Microsoft  ne recevra plus les revenus.

Est-ce dire que les produits Microsoft sont entrés dans le domaine public comme un médicament générique qui a atteint sa fin de contrat?

Retrouver la croissance, c'est rebondir en diversifiant en entrée et en sortie, comme les développements de l'informatique.

En entrée, ce serait tout ce qui existe chez tous les concurrents.

En sortie, ce serait en les harmonisant comme un vieux projet de Bill Gates qui voulait retrouver les mêmes procédures en les standardisant, dans tous ses outils allégés avec le même coding en entrée pour les concepteurs et en sortie avec la même présentation pour les utilisateurs.

"Plug and play" serait-il, un jour, plus qu'un rêve?

"Se connecter et jouer" restent toujours une vision intéressante sur le futur quand le travail se fait plus rare.

"C'est pas l'homme qui prend l'entreprise, c'est l'entreprise qui prend l'homme" avais-je écrit.

"Y-a-t-il une vie après Steve Job", avait oser se demander un journaliste à l'époque. 

L'esprit de conquête "à l'américaine" est bien connu.

Microsoft a changé de tempo et de culture. Il s'est tourné vers une culture indienne.

J'ai personnellement travaillé avec des Indiens.

En Inde, sortent, tous les ans, des milliers d'informaticiens. Parmi eux, ceux qui sont bien en ligne et conscients de ce qu'est l'innovation et rêvent un jour de devenir le "Bill Gates, new wave".

D'autres restent des suiveurs qui ne prennent des responsabilités qu'après avoir pris un bon "parapluie d'assurances tous risques" pour ne pas se faire remarquer négativement par le Sahib.

Rudyard Kipling, dans "Au hasard de la Vie"écrivait "C'est un sahib très savant? Lui, un sahib! C'est un kala admi incapable même de courir derrière la queue d'un mulet de potier".

Bien que nous en sommes déjà loin et qu'une symphonie à l'indienne soit peu effective dans l'air du temps, chasser un naturel culturel, c'est toujours remarquer qu'il revient au galop par là où on l'y attend le moins. 

S'introduire sur le marché du mobile, c'est apprendre qu'hommes et femmes sont tout aussi mobiles dans la modernité occidentale.

0.jpgEntre nous Satya, ne venez pas raconter cela chez nous.

Demandez à Bill, ce qu'en Belgique, on lui avait préparé. Il doit s'en souvenir encore. Mais on peut l'accommoder de cette façon.---->>

Qui sait, faudra-t-il changer le nom de MS en fonction de la nouvelle philosophie: MacroSoft ou MachoSoft.

"The show must go on"...

Yes, indeed, Sir...

 

Je ne connais pas l'hindi, mais une traduction française de cette chanson serait: 

Des endroits déserts - Pourquoi vivons-nous?
Des endroits abandonnés - je crois que nous en connaissons le résultat
Encore et encore, est-ce que quelqu'un sait ce que l'on cherche...
Un autre héros, un autre crime idiot
Derrière les rideaux, dans le spectacle du mime
Attendre, est-ce que quelqu'un supporte encore
Le spectacle doit continuer,
Le spectacle doit continuer
A l'intérieur mon cœur se brise
Mon maquillage peut tomber
Mais mon sourire toujours reste.
Quoi qu'il arrive, Je céderais tout à la chance
Une autre peine, une autre histoire d'Amour brisée
Encore et encore, est-ce que quelqu'un sait pourquoi
vivons-nous?
Je crois que j'apprends, je dois être "réchauffé" maintenant
Je vais bientôt tourner, à l'angle maintenant
Dehors l'aube se lève
Mais dans le noir, je me languis d'être libre
Le spectacle doit continuer,
Le spectacle doit continuer
A l'intérieur mon cœur se brise
Mon maquillage peut tomber
Mais mon sourire [toujours] reste.
Mon âme est peinte comme les ailes des papillons
Mes contes de fée d'hier vont grandir mais
jamais ne mourront
Je peux voler - mes amis
Le spectacle doit continuer,
Le spectacle doit continuer
J'y ferais face avec un sourire
Jamais je ne lâcherais
Dessus - avec le spectacle -
Je serais en tête d'affiche, je me surpasserais
Je dois trouver la volonté pour continuer
Continuer avec le ...
Continuer avec le spectacle 
Le spectacle doit continuer...

 

L'enfoiré, 

 

Citations:

  • « Une entreprise dans laquelle il n'y a pas d'ordre est incapable de survivre ; mais une entreprise sans désordre est incapable d'évoluer.», Bernard Nadoulek
  • « L'entreprise est élue tous les jours par ses clients.», François Michelin
  • « Le véritable leadership dans une entreprise doit être son modèle économique et social. », Vincent Bolloré
  • « Les gagnants seront ceux qui restructurent la manière dont l’information circule dans leur entreprise.», Bill Gates

Veux-tu une nouvelle vie? (12 & 13)

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12: Retour dans l'espace du passé

 

« La vie se passe tout entière à désirer... »,  Jean de La Bruyère 

 

Dans le train, Manu me demande de raconter mon histoire. 

Enfin, celle que je connais. Celle qui commence à partir du 1er janvier 2014.

J'espère seulement qu'elle la complétera l'histoire par ce qui vient avant.

Elle écoute avec beaucoup d'intérêt.

Quand viennent ses questions traditionnelles:

J'ai appris par l'intermédiaire d'une de tes voisines que tu avais perdu ton boulot. Pourquoi n'as-tu pas appelé au secours ? Pourquoi n'as-tu pas cherché, toi-même à nous retrouver plus tôt?

Elles devaient venir. Je les aurais posée si j'avais été à sa place.

La première question, je ne peux y répondre.

Pour répondre à la seconde, j'ai des difficultés plus intimes. Je l'ignore tout autant qu'elle. Je reste évasive.

- J'ai eu confiance en José quand il m'a proposé de m'aider à retrouver la mémoireCe n'était pas un médecin, mais il semblait connaître son affaire. Il semblait avoir réussi dans la vie. J'ai eu peur des autres solutions qu'il m'avait proposées. Quant a la perte de mon job, je n'en savais rien. Excuse-moi.

Ne t'excuse pas. Je comprends. 

D'après sa moue, je comprends que ma réponse ne lui satisfait pas. Mais, psychologue, sentant mon trouble, elle abandonne les questions et ouvre l'album de photos qu'elle a emporté.

Regarde ce que j'ai apporté. Je n'ai pas eu le temps de beaucoup chercher les photos sur lesquelles tu te retrouves, mais il doit y en avoir quelques unes dans cet album. Joao, mon mari, est photographe de paysages portugais pour des livres touristiques, mais il ne demeure pas en reste avec les photos de portraits. C'est vraiment un artiste. J'aime beaucoup ses photos. Il travaille pour des journaux et pour des livres touristiques. Tiens, le voici sur celle-ci, "mon" artiste préféré.

Je souris avec elle.

Mon regard passe ensuite alternativement sur les photos et sur Manu.

Pour chacune d'elle, elle me raconte une anecdote qui la concerne.

Des détails des prises de vue comme si elle me montrait des photos de vacances.

Puis, elle arrive sur une photo de gamine.

- Te voici, très jeune avec une sucette en bouche", dit Manu.

Une photo débile pour n'importe qui mais pas pour Manu qui en rie.

Cette photo ne me touche pas.

Une autre en face, avec un nounours dans le bras, pas plus. 

Dommage que certains enregistrements des voix n'ait pas été faite comme dans un film, au moins j'aurais pu m'entendre avec plus d'émotion. 

Je ne laisse rien paraître de ma relative froideur des photos et je prends part à l'émotion de Manu plus pour lui faire plaisir.

Plus intéressée, mon regard tombe sur une photo qui me représente plus âgée avec mon père.

- C'est moi, celle-là? Je me reconnais", dis-je.

Manu me donne le contexte dans laquelle elle a été prise.

- Oui, tu avais une vingtaine d'années. Elle a été prise dans la campagne de l'Algarve qui est en arrière plan. Je ne me souviens plus en quelle occasion.

- Les deux manquent de sourire, tu ne trouves pas?

- Tu as raison. Elles ont dû être prises à votre insu à tous deux.

Pas de quoi s'inquiéter, me dis-je. 

Mais, je suis obligée de constater que tout cela ne me dit rien, que cela ne me rappelle rien. 

- Ça c'est moi à mon mariage en 2001. Je ne sais ce que cette photo là. Elle aurait dû se trouver dans l'album complet du mariage.

Manu est belle en blanc, me dis-je. Il y a donc treize ans de cela et elle n'a pas tellement changé à comparer la photo avec Manu qui est à côté de moi.

Je suis seulement contente d'exister pour quelqu'un dans le décor qui avait été le mien.

Les photos que Manu présente comme mon père ne m'en disent pas beaucoup plus sur lui et moi-même, mais je m'imprègne de ses traits pour ne pas paraître trop idiote quand je vais le rencontrer. Aura-t-il changé lui?.

C'est fini. La dernière page de l'album est arrivée.

La bobine de ma jeunesse est arrivée au bout de la bande scratch. 

Manu ferme l'album. 

Je vais tous les rencontrer, c'est évident.

Les photos m'ont permis de mettre un nom sur chacun des personnages. Plus aucune photo de moi-même, plus âgée..

Bizarre, Manu ne me parle pas de ma mère. Aucune photo d'elle.

Mon père a-t-il divorcé? Ma mère est-elle décédée? 

Cela devrait revenir sur le tapis plus tard, mais je n'en dis rien. J'ai eu mon compte des souvenirs pour cette fois. 

Manu sort une photo de son sac. Une fillette de moins de dix ans et elle me la présente avec un enthousiasme particulier.

- L'album n'en contient pas. Mais tu vois, celle-ci est une photo récente, c'est ma fille, Rosa. Elle a dix ans. Toujours espiègle.

Je n'ose pas sortir la question : "Comme sa maman?". 

Une nouvelle fois, j'en oublie les paysages qui défilent par la fenêtre du train. C'est images me donnent plus de nostalgie que ces photos de personnages de ma famille.

Je suis fâchée, agacée de devoir l'avouer, mais c'est ainsi.

Les paysages devant mes yeux défilent tout aussi neufs pour moi.

Dans la grande gare de Setubal, le premier arrêt fut assez long. Dans les autres gares, plus petites, ils se déroulent dans des temps d'arrêt plus courts.

Pas beaucoup de voyageurs dans le sens Lisbonne-Faro. Je le fais remarquer à Manu qui me dit:

- Il y en a plus dans l'autre sens vers Lisbonne pour des navetteurs qui se rendent dans la capitale. Ce soir, ce sera peut-être l'inverse. Je ne fais pas souvent le trajet pour aller vers la capitale.

Je me dis en silence: José m'avait proposé une autre vie avec le risque qu'elle soit artificiellement construite alors que je voulais connaitre seulement la mienne sans fioritures, sans mensonges et sans sciences infuses et, c'est cette vie-là qui vient à moi. 

Désolé pour José qui en espérait peut-être une autre vie pour moi.

Rien n'empêche que les vies ne se complètent plus tard.

Je ne veut pas anticiper. Je préfère imaginer le présent, minute par minute avec leur futur immédiat. 

Je ne sais si j'ai toujours été comme je le suis aujourd'hui.

Si je pouvais plus fermer ma grande gueule dans ce passé inconnu pour moi. Ce que je sais, c'est que j'aime intéresser les gens par un humour grinçant à la limite de l'entendement comme dans un jeu. 

Mais, cette fois, j'ai pris la décision de faire tout pour m'adapter à cette situation entourée des miens et de me faire bien voir par eux.

Se retrouver parmi des inconnus pour moi si ceux-ci reconnaissent l'inconnue que je suis devenue et qu'ils m'acceptent ainsi, cela me va.

Je suis prête à devenir un flipper entre ma famille d'avant et ma vie de demain avec cette nouvelle famille à Lisbonne.

Plutôt cela que quand il ne se passe rien à attendre cette putain de mémoire qui ne revient pas. 

Savoir que l'on a vécu dans un espace et dans un temps précis, apporte un réconfort personnel même avec des trous dans ce vide partiel.

Je ne suis pas sûr que j'aurai assez de présence et de dérision en réserve pour qu'ils m'apprécient. 

Quant à José et sa mère, je suis sûr que je les reverrai très vite.

De mon départ dans ma famille, nous en avions parlé, José et moi, sur l'oreiller. J'espère qu'il approuvera ma décision d'être partie aussi vite sans le prévenir. 

Mon esprit demande du concret, du tangible et pas uniquement une éventualité apportée par des images d'une mémoire ancienne.

José est un scientifique. Il est parfois trop systématique, trop systémique pour avoir compris avec toute sa science de retrouver mon passé tel qu'il est.

Pourtant, une peur instinctive, irrationnelle, indéfinissable me tenaille entre les deux nouveaux feux de ma vie. 

Ce serait peut-être un comble probablement pour eux deux, s'ils le savaient.  

 

-------

 

13: Une ancienne vie reprendrait-elle comme avant? 

 

« Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s'effrayer. Ça passe. », Jules Renard 

 

Chemin faisant, d'anecdote en anecdote, de blabla en blabla, le voyage se poursuit  comme deux amies pourrait se le raconter après leurs courses au sujet des derniers péripéties de la semaine.

Après le train, c'est le taxi.

Enfin, nous arrivons toutes deux devant la maison de Manu. Une belle maison blanche, sans conteste.

En été, la maison sert comme gite touristique rural avec deux chambres à louer depuis que je ne travaille plus. 

Un homme a dû nous attendre depuis un temps et se trouve devant le perron. Il est tout sourire.

Je n'ai pas le temps de chercher dans mon répertoire de photos mémorisées que Manu annonce fièrement.

- Je te présente, Joao.

Je remarque que Manu fait un clin d’œil à son mari. Il a quelques tempes grises du plus bel effet qui s'est ajouté depuis la photo que j'ai vue dans le train. 

Elle a de la chance, Manu.

Joao, un bel homme, sans conteste.

Me le présenter, c'est vraiment le cas.

Le ramage vaut le plumage, me dis-je. Très affable, Joao.

Elle l'a prévenu de mes pertes de mémoires. 

- Je téléphone à papa pour l'avertir de ton arrivée", dit Manu.

Les présentations se poursuivent avec le tour du propriétaire. La petite Rosa est à l'école.

Deux heures après, dans la soirée, mon père arrive.

Au départ, il est tout sourire. Puis viennent les questions rituelles.

- Pourquoi ne nous as-tu pas prévenu plus tot? Nous serions venus te chercher...

Cette question commence à m'énerver. Je le coupe.

- Parce que je ne sais pas qui je suis. Je ne savais pas qui prévenir.

Un nouveau clin d’œil de Manu à Joao qui a compris que l'on repartait dans des questions sans réponses.

- Il ne t'est rien de fâcheux, j'espère?", tente mon père. 

- Non, papa. A part que je ne me souviens même pas que tu es mon père. Sinon tout va bien. Si je n'avais pas vu ta photo dans l'album de Manu, je ne t'aurais pas reconnu et aurait osé te tutoyer. C'est fou, non?

Il en reste quoi, sans rien dire pendant un temps non négligeable.

- Je suppose que Manu t'a un peu recadrée dans la famille. Elle a dû te dire que tu as reçu une bonne éducation scolaire. Tu travaillais dans un laboratoire et Manu nous a raconté que tu avais perdu le job. Tu ne te rappelles plus ce qui a mené à cela?

"Décidément, il ne comprend pas vite, papa", me dis-je.

La sécheresse de sa réponse me déçoit profondément. Me parler d'éducation lors de tels retrouvailles sans beaucoup de chaleur, c'est un peu surprenant pour moi.

Comme s'il pensait que son rôle de père était limité après avoir donné cette éducation de standing.

Surtout, ne pas laisser voir mon trouble en réponse et jouer à l'innocence. Faire semblant que je suis resté la petite fille bien sage.

- Non papa. Je m'excuse. Je ne peux en dire plus. Cette mémoire m'a lâchée. Le destin m'a opérée de ma vie antérieure. Mais j'ai dû l'assumer avec un peu d'humour et de dérision puisque je ne pouvais pas l'imaginer autrement. Si tu pouvais me remettre sur le droit chemin de la connaissance de moi-même et dans mon entourage, cela m'arrangerait. J'en serais enchantée.

- Excuse-moi, je débarque et j'ai des difficultés à imaginer ta situation. Manu m'a raconté que tu avais perdu ton job. Tu avais pourtant un bon job à mon avis. Tu devrais pouvoir en retrouver un autre sans beaucoup de difficultés.

- A condition que j'en ai encore envie aujourd'hui. Manu a dû te parler de José qui s'est occupée de moi. Comme scientifique, il m'a raconté ce qui a pu m'arriver après ma chute. Une perte de mémoire, mais qui sait, peut-être aussi une perte de compétence de mon ancien job. Je me rappelle qu'au début, il m'avait posé une question de savoir ce que j'aurais voulu faire dans la vie. Sais-tu ce que j'ai répondu?

- Non, dis-moi.

- Je te le donne en mille. Fermière. Cela m'était sorti sans réfléchir. Tu te rends compte de la différence qui existe avec quelqu'un qui travaille dans un laboratoire, puisque c'est de cela que d'après ce qu'on m'a dit, était de ma compétence. T'es-tu demandé à l'époque ce que je voulais faire de ma vie? J'imagine que tu m'as poussé à faire des études.

- Pour que tu deviennes quelqu'un que l'on respecte. Oui.

- Peut-être que tu le crois, mais c'est parfois très loin d'être la vérité. Je suppose que personne dans la société qui m'employait, ne s'est inquiété de ma disparition. Si je ne reconnais toujours personne de ce passé, je me reconnais aujourd'hui dans un autre miroir avec, je l'espère, un nouveau bonheur. Tu crois qu'avec une éducation bien formatée, on devient d'office quelqu'un et quelque part, naturellement un salaud de riche? 

- Non, bien sûr.

- J'ai vécu ces dernières semaines chez la mère de José. Il a dû naître dans un milieu plus pauvre que celui dans lequel il vit aujourd'hui. C'est peut-être une situation pire à tes yeux.  

Encore une hésitation à la recherche d'une réponse adaptée qui ne vient pas.

Je reprends.

- Quand je me suis retrouvé dans la situation de cette perte de mémoire, j'ai eu une peur panique. Je ne savais plus où aller. Avoir tout à réapprendre de mon passé, je ne sais pas si tu as une idée de ce que cela peut être comme traumatisme.

- J'imagine. 

Si je suis ici, ce n'est pas recevoir des reproches. Et j'espère vraiment que tu vas me remplir les vides de ma mémoire, papa. Pas pour que tu mettes au pas avec ta façon de voir les choses.

- Je vais essayer. Laisse-moi le temps, Luiza. Ce soir, je vais devoir rentrer à l'hôtel où je travaille. Tu restes ici chez Manu et Joao.

- Bien sûr, Luiza est notre invitée autant de temps qu'elle le désire", intervient Manu.

Manu avait compris qu'il devait y avoir quelques coincements latents avec son père qui surnageaientEn fait, je n'en sais rien. Mon subconscient, peut-être m'avait donné des impulsions pour répondre à mon père au même niveau que lui.

Je réponds en me tournant vers elle.  

- Merci, Manu. Je dois ajouter qu'avec le temps, mon caractère a dû aussi évoluer. Ces quelques jours chez la mère de José ont été magiques, réparateurs. Je ne suis plus la même. Je ne sais si ce sont les images et les tests que José me faisaient passer devant les yeux. Ce fut comme une révélation, un lavage de cerveau. Il se continue encore. Je me questionne sur tout. Ai-je vécu cela dans une autre vie? Je ne peux parler des relations avec papa, puisque pour moi, il est encore presque étranger. Mais je fais des efforts. Crois-moi.

Mon père n'ajoute plus rien.

Il m'embrasse et me dit:

- A très bientôt. On se reparlera plus souvent désormais.  

Tard dans la soirée, je suis restée seule avec Manu et Joao.

A un moment donné, Joao est devant son ordinateur. 

Je ne sais pourquoi, je lui demande de chercher ce qu'on dit sur Internet à propos de "José Alvarez".

Si la police avait pu me donner cette envie d'en connaître plus sur moi-même, Internet le pourrait aussi sur José.

- Ok, allons-y. Internet dit moi tout sur ton sauveur, José", lance-t-il. 

Je me place à côté de lui et nous regardons cet écran qui a réponse à tout..

Il entre le nom et lance la recherche sur son nom.

Il trouve très vite plusieurs résultats à sa recherche.

La renommée de José doit avoir été entière puisqu'il y a plusieurs pages. 

En progressant de page en page, en reculant dans le temps, la surprise vient du fait de le retrouver dans certaines affaires qui avaient jalonnées son passé d'informaticien.

Des affaires d'argent. De gros sous, même.

José avait été à la tête d'une start-up informatique qui est tombée dans une faillite qui frisait le niveau "frauduleux".

Heureusement, la justice n'est pas parvenue à prouver une fraude. Il y a eu un non-lieu et l'affaire est tombée dans l'oubli. Voilà donc le parcours de José et la raison qu'il a à invoquer pour avoir changé de métier. Et apparemment, cela lui a réussi dans sa nouvelle vie.

Joao, rassurant, finit par me dire.

- Ne t'en fais pas pour José. Il y a eu beaucoup d'affaires qui se sont plantées, que la justice n'est pas parvenue à élucider. José a peut-être été plus simplement victime qu'autre chose. Beaucoup de start-ups ont dû mettre la clé sous le paillasson dans les débuts des années 2000. J'ai connu cela dans mon métier aussi. Le mal portugais qui a suivi, a peut-être été plus expéditif dans la suite. J'ai eu aussi quelques années pendant lesquelles j'ai vécu sur mes réserves. Mais cela va mieux dans le tourisme.

Merci Joao. J'ai pu constater que José ne manque de rien aujourd'hui. Il a beaucoup voyagé pour des raisons professionnelles, m'a-t-il dit.

- De toutes manière, tu es désormais ici chez toi. Nous avons une chambre d'ami à l'étage et tu pourras y rester autant de temps que tu le désireras.

Les jours passent et je m'habitue à habiter chez Manu et Joao.

C'est avec Manu que je me sens le mieux. Elle est rassurante. Je m'occupe avec elle de la petite Rosa, qui n'est plus aussi espiègle que sur la photo présentée par Manu. L'espièglerie, je le constate, est parfois plus présente chez sa mère. 

Quelques jours après, quand je sais que José est rentré chez sa mère, je lui téléphone. Il n'a apparemment aucun reproche sur mon départ précipité. 

- J'ai découvert ton message. Ma mère m'a tout expliqué. Tu as eu raison de partir pour rejoindre ta famille. Comment vas-tu? L'as-tu reconnue?

- Tu m'avais prévenue. Non, je ne la reconnais pas. Pas encore. Peut-être un détail un jour qui me sautera aux yeux. Mais j'en apprends beaucoup sur ma famille et sur moi-même. C'est presque une cure de jouvence. Je suis occupée à reconstituer le puzzle de ma vie. Pièce par pièce. Ce qui est marrant en fonction de la personne qui raconte les anecdotes, il y a des différences versions et appréciations et donc des pièces qui ne trouvent pas leur place au même endroit.

- Je te l'ai raconté, je m'en souviens le soir quand tu es arrivée chez ma mère. Nous réagissions chacun avec nos propres visions et interprétations des évènements. 

- Je m'en souviens. Je me retrouve avec des pièces du puzzle qui ne s'emboîtent pas bien. Quand elles sont redondantes, c'est pire.

José se met à rire au téléphone. 

- Je me doute que tes doutes doivent être stressants. Quand reviens-tu à Lisbonne? Tu sais maintenant où tu habitais avant notre rencontre. Tu vas devoir te décider à revivre une vie personnelle, bien à toi.  

- Tu as raison. Je vais revenir et j'ai un nouveau projet qui point dans ma tête depuis le voyage dans le train vers le sud. Je n'en dis pas plus. Je ne suis pas encore sûre de moi. Je dois me renseigner à ce sujet. Je te téléphonerai dès mon retour. A Lisbonne, ma demi-sœur m'a dit que j'habitais dans le quartier de l'Alfama et m'a donné l'adresse. 

- Tu sais où me retrouver. Je pense souvent à toi. Tu me manques déjà.

- Je ne vais pas t'avouer cela trop facilement. Tu serais trop content de toi. Je t'embrasse. Je reste un peu par ici. Il parait que je vais rencontrer le demi-frère de Manu qui vient de Belgique. Une occasion de plus de faire connaissance avec la famille au complet.

- Tiens, je n'avais pas voulu t'en parler. En France, il y a une histoire qui te ressemble. Il s'agit de la vie de Jacques-Michel Huret. Il n'a pas retrouvé trente de mémoire et il a raconté cela dans un livre. Il n'a pas même eu de choc qui a engendré son amnésie. Enfin on ne sait pas parce qu'il avait un énorme bleu à la base du cou. A l'hôpital, on lui avait fait une piqûre de penthotal, mais rien n'y fit. Comme je t'ai raconté, il avait aussi conservé quasiment intacts des connaissances générales. Il lui a fallu beaucoup de temps pour retrouver une assise dans sa famille après son blocage psychique.

- Voilà, une bonne idée. Ecrire un livre sur ma vie de désespérée de la mémoire.

- Désespérée? L'es-tu encore?

- Non, j'ai évolué. Manu, si je ne la reconnais pas comme sœur, je pourrais très bien en faire une nouvelle amie. Nous nous comprenons très bien. Elle a un humour caustique comme le bien. 

- C'est aussi une bonne idée. Raccroche-toi à qui tu aimes aujourd'hui et oublie ceux qui ne te rendent pas plus heureuse.

- Merci du conseil. C'est exactement mon premier projet. Après je devrai réfléchir à ce que sera mon futur puisque mon passé m'a lâchement abandonné. A plus tard.

J'ai raccroché en étant sûre que j'avais encore beaucoup de choses à lui dire.

Les jours qui suivent, sont tous bien remplis par Manu et Joao. 

Il y a quelques années, Manu a quitté le travail qu'elle faisait avec son mari, Joao quand elle eut Rosa et elle s'en occupe intensément et me laisse un peu de place dans son éducation. 

Joao m'a invité à l'accompagner pour aller voir la région de l'Algarve pendant son travail. 

J'aurais pu reconnaître les endroits où il m'a mené et pourtant, je ne suis que spectatrice d'un monde qui m'est étranger.

Tout devient intéressant. Tout me semble beau et sujets à entrer dans ma mémoire toute neuve.

Je connaissais les mots communs pour représenter les choses et je m'efforce désormais de reconnaître les noms propres. Ce sont devenus des références environnementales en fonction de ce qu'il me raconte avec ce qu'elles représentent hier et aujourd'hui. 

Le soir, on se retrouve ensemble à la même table. Je me mets à raconter ce que j'ai vu pendant la journée. Cela en devient une joie et confirme la petite idée que j'ai derrière la tête qui commence à poindre pour prendre mon destin en main. 

- Tu as des dons pour raconter, constate Joao.

Michel, arrivé de Belgique, raconte sa vie en Belgique et rappelle le passé de Manu. Ils en rient ensemble.

La Belgique, un pays où il fait gris, où il pleut souvent et où en hiver, la neige fait son apparition pour tout déboussoler sur les routes là où il habite...

Passionnée, j'écoute ses histoires et les réactions de Manu avec attention.

Pendant sa semaine de présence, cela fait cinq à table quand la petite Rosa décide de ne pas la quitter. On rie beaucoup. Je me sens bien avec eux.

Les contacts avec mon père sont plus rares.

Il est d'après ce qu'on me dit, trop occupé par la gestion de l'hôtel à Albufeira. S'ils sont rares, je sens qu'il vaut mieux qu'ils le restent car je sens qu'ils sont assez froids. Je ne peux dire pourquoi il reste distant. Peut-être que moi, sa fille a dû mûrir en dejµhors de lui et qu'il ne me retrouve pas comme il a dû me construire et ne correspond plus à ses propres souvenirs.

Vais-je devoir le défendre pour qu'il me confonde ou me retrouve?

Plus tard, je parle de mon père à Manu.

Non, elle reconnait que parfois, Carlos a un caractère qu'elle qualifie de bizarre, de trop préoccupé.     

Je m'incruste. Cela ne peut durer ainsi. Même si Manu et José n'en laissent rien paraître, il est clair que je ne peux pas profiter de leur hospitalité plus longtemps.   

Un jour de février, je décide de retourner chez moi à Lisbonne. Il faudra bien que je travaille ou que je prenne mon destin en main.

J'ai un nouveau projet dans la tête et cela m'agace de le tenir pour moi. J'aimerais voir leurs réactions à ma révélation.

Ce soir-là, autour de moi, Manu et Joao.

- Je tiens à vous remercier pour l'hospitalité que vous m'avez tous deux offerte. Je vais devoir retourner chez moi...  

- Tu peux rester. Tu ne nous déranges pas et notre petite Rosa aime bien ta présenteQuels sont tes projets. Veux-tu retourner à Lisbonne pour chercher un nouveau job de laborantine?, demande Joao.

- Non, Joao, j'ai envie de retourner sur les bancs de l'école. En cours du jour ou de soir, peu importe. Ce que je sais, c'est que je ne veux plus recommencer à être laborantine. Même si j'avais encore les compétences pour le faire avec mon diplôme, je ne suis pas sûre de pouvoir l'assumer. J'ai un autre projet.

- Ah, et quel est-il? demande Manu en interrompant de vitesse Joao. 

- Je veux devenir guide. 

Un moment de grand silence s'en suit de ma révélation et j'embraye sans attendre les reproches éventuels.

- Je ne sais si j'y parviendrai. Mais je sens que j'ai envie de connaître autre chose, de rencontrer du monde, de guider des touristes de tous les horizons. J'ai imaginé que cela doit être palpitant.

Manu et Joao se regardent un peu surpris.

- Palpitant, mais pas plus facile. Je te préviens.Tu dois connaître beaucoup de choses au sujet du Portugal pour devenir guide. Son histoire, ses paysages intéressants.... Puis ton diplôme ne te servira pas...

- Oui, je sais. Si je n'ai pas une mémoire de mon passé, j'ai remarqué que tout ce que je lis reste gravé dans ma nouvelle mémoire. Je comprends vos réactions, mais je veux faire quelque chose de ma vie qui m'intéresse et qui me plait. Papa ne sera pas content de ma décision, mais cela ne m'arrêtera pas. Dans un labo, j'imagine que ce sont des éprouvettes que je manipule à longueur de journée sans beaucoup de retours oraux. Et ça ne m'enchante pas ou plus. Cette fois, je veux choisir moi-même ce que je veux devenir.

- Et que veux-tu faire pour le devenir?

- Je vais partir demain soir. Si vous voulez avertir papa. S'il a le temps de venir par ici, je le verrai avant mon départ. 

  

 

SUITE

Le carnaval à contre-courant

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C'est mardi gras. Pas à dire, vu les derniers évènements tragiques en France, en Belgique et puis au Danemark, avoir un carnaval à fêter, est aller à contre-courant.

0.jpgL'origine du carnaval est catholique d'après ce qui en avait été dit ce matin à la radio.

Une fête, destinée surtout à tourner la page de l'hiver pour ouvrir celle du printemps.

Une fête observée que comme un spectacle dans notre temps de laïcité qui voudrait toujours conjurer le sort comme l'avait été Halloween, avant l'hiver en voulant se faire peur.:

podcast

Quand nous apprenions que la Belgique était visée par les fous de dieux de l'Etat Islamique, il y a avait des craintes à avoir.

Il fallait conjurer la peur et y faire obstacle.

Cela, je préfère comme je l'écrivais à l'époque.

Hier, lundi, à Cologne, c'était Rosenmontag

Le mardi gras, c'est sacré à Binche.

Pas question de s'arrêter à cause de menaces.

La sécurité a été renforcée était à suivre minute par minute.

Période festive qui marque la fin de la « semaine des sept jours gras » (autrefois appelés jours charnels). 

Cette période, pendant laquelle on festoie, suivie du mercredi des Cendres marquant le début du Carême.

Elle se situe donc juste avant la période de jeûne, c'est-à-dire -selon l'expression ancienne- avant le «carême-entrant» ou le «carême-prenant».

Les «Sept jours gras» se terminent en apothéose par le «mardi gras» et sont l'occasion d'un défoulement collectif. L'esprit de jeûne et d'abstinence qui s'annonce est momentanément mis entre parenthèses.

Mardi gras est aussi le jour où :

  • l'on déguste les crêpes et les fameux beignets de carnaval de Delphine.
  • les enfants se déguisent et demandent aux voisins dans les villages des œufs, du sucre, de la farine, etc., pour confectionner des gâteaux ou des crêpes qui sont mangées en fin d'après-midi.
  • 0.jpgLe Gilles de Binche mange des huîtres avec du champagne très tôt le matin avant de défiler dans les rues de la ville. Ce carnaval est reconnu depuis 2003, par l'UNESCO comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité. Le costume de Gille provient d'un personnage de théâtre populaire au XVIIe siècle, les bosses en paille et la barrette s'inspirant probablement de la "commedia dell'arte" (un personnage de cette comédie aurait pu s'appeler Gille), puis se sont ajoutés des éléments ruraux (apertintaille, sabot) pour créer le costume actuel qui s'est embourgeoisé au XIXe siècle (masque, distribution d'oranges, produit de luxe à cette époque remplaçant le pain et les pommes).

Place aux carnavals....

 

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Dans les pays du Commonwealth, les traditions sont apparentées au Mardi gras latin, sous le nom de "Shrove Tuesday" (Mardi de l'absolution, du verbe archaïque "to shrive", absoudre). ou  appelée "Pancake Tuesday". Plusieurs églises offrent des petits-déjeuners ou dîners de pancakes, en sollicitant parfois des contributions caritatives. Les pancakes sont dégustées avec du sirop d'érable (au Canada et aux États-Unis) ou de la compote de fruits. Localement en Angleterre, la traditionnelle course au pancake, oblige à parcourir une certaine distance en faisant tourner des pancakes à même la poêle tenue à la main sans les laisser tomber.

Les célébrations du Mardi gras d'origine finlandaise se nomment Laskiainen et sont souvent associées avec le "Shrove Tuesday".

Le Mardi gras estonien se nomme "Vastlapäev". Il est ainsi traditionnel d'aller faire de la luge pendant cette journée et, pour se réchauffer de manger une soupe de pois avec du jambon. On récupère d'ailleurs l'os du jambon. On y fait un trou au milieu et on le lie à une chaîne pour le faire tourner autour et créer un bruit de sifflement.

Le Mardi gras russe est une fête qui date de l'ère païenne, le "Maslenitsa" et est associé à une semaine des crêpes, célébrée la semaine précédant le Grand Carême orthodoxe (sept semaines avant Pâques).  

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Le carnaval de Venise fait penser à la musique de Vivaldi, date de plus de mille ans et n'a pas un seul but touristique. C'est un moment de fusion entre les nobles et le peuple de Venise. Ce qui donne à ce carnaval une importance sociale.

Il devint vite connu dans toute l'Europe par de 20 à 30.000 étrangers, dont de nombreux souverains qui y participaient.

Quant au carnaval de Rio qui n'est, d'ailleurs, que le principal au Brésil, tout le monde le connait et toute la population brésilienne se sacrifie pendant un an pour se payer une semaine, déguisée dans une autre peau....

"Je défile depuis 30 ans. Le carnaval est la plus grande joie de ma vie. J'attends toute l'année ce jour. Le plus beau c'est la joie de tous", déclare, Marco Ligorio, 54 ans, l'un des danseurs de l'école, déguisé en cavalier.

Nuit en apothéose qui cette fois, s'est poursuivie malgré les intempéries.

Carnavals, coups de pied dans l'hiver et coups de pied dans la morosité.

Un petit tour en un clic et en images àBinche avec son musée qui contient toutes les représentations de carnaval belge et du monde.


 

L'enfoiré



0.jpgCitations:

  • "Un jour par an, le Mardi gras par exemple, les hommes devraient retirer leur masque des autres jours", Eugène Avtsine, dit Claude Aveline.
  • "Un Turc, qui était passé à Paris le temps du carnaval, racontait au sultan, à son retour à Constantinople, que les Français devenaient fous en certains jours, mais qu'un peu de cendre, qu'on leur appliquait sur le front, les faisait rentrer dans leur bon sens", Louis Julien Larcher

Veux-tu une nouvelle vie? (14 & 15)

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14: Le dernier coin du voile se déchire

 

« Quand le rideau se lève, la question est : baissera-il ? S'il baisse, c'est une comédie; s'il ne baisse pas, c'est un drame. », Marcel Pagnol

 

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Depuis son arrivée à Lisbonne, Luiza suit les cours de jour pour devenir guide régional.

Elle s'est intégrée à un cours déjà entamé. Les matières à assimiler vont de l'histoire à la géographie en passant par les langues, mais c'est aussi des cours de psychologie, de richesses naturelles, de patrimoine, de cuisines du monde, de gestion de groupes et des imprévus...  

Les présentations sont assistées par ordinateurs. On y apprend à rechercher les informations. Le reste se fait à la maison. Le weekend, elle retrouve José. A bord de sa voiture, ils vont parcourir les villes et les campagnes portugaises au nord et au sud de Lisbonne. Le samedi soir se termine chez lui dans une séance d'amour partagé.   

L'été arrivé, est une occasion pour exercer ses connaissances. Elle accompagne des guides affirmés sur le terrain avec des touristes.

Ses moniteurs ont tout de suite compris qu'elle était intarissable au sujet de l'histoire du pays et la laissait parler devant les touristes.

Elle a des dons pour les langues mais elle a compris qu'il faut aller encore plus loin. En autre temps, elle travaille dans un restaurant pendant la journée et s'amuse à parler avec les touristes à des moments creux. Le loyer, c'est José qui a voulu le payer.

Dans son appartement de l'Alfama, pendant qu'elle révise ses cours, elle écoute de la musique anglaise, française et espagnole pour se mettre dans l'ambiance de ces pays qu'elle n'a jamais visités à part l'Espagne.

Son envie d'apprendre et sa motivation est insatiable.

L'amour prend tout doucement ses quartiers d'automne après ceux de l'été.

Les vacances sont terminées.

Un soir de fin octobre, elle reprend ses cours théoriques de langues.

La température est encore étouffante en cette soirée dans les rues de Lisbonne. 

Elle est fatiguée. Elle a mal dormi. 

Lors d'une visite chez le gynécologue, elle apprend qu'elle est enceinte.

Elle le dit à José qui saute de joie. Leur joie est commune et se complètent dans des échanges de baisers fougueux.

Le cours se termine à 19:00 heure.

Elle prend le tramway pour rentrer chez elle.

José n'est pas venu la chercher. Il n'était pas disponible.  

Tout à coup, dans le tram, une voix s'adresse à elle. 

- Alors, on ne vient plus aux réunions, Luiza?

- Pardon, quelles réunions, on se connait?

- Bien sûr, qu'on se connait. C'est moi, Maria. C'est dingue, moins d'un an et tu ne me reconnais déjà plus. Nous avons manifesté quelques fois, dans la rue et nous étions ensemble au meeting en novembre 2014. Tu m'avais dit que tu avais perdu ton job. Tout le monde avait remarqué ta déprime à la suite de cette annonce. C'était comme si tu voulais te suicider à certains moments. J'ai essayé de te soutenir. J'espère que tu as trouvé une meilleure solution pour te venger de ton patron au labo dans lequel tu avais travaillé. 

Luiza reste muette. Captée par cette nouvelle.

Ces mots "déprime... suicide", font écho dans sa tête.

"Cette Maria m'a connue pendant cette période trouble inconnue de ma famille", se dit-elle. 

C'était donc ça. José avait raison.

J'avais probablement vécu une période noire à la fin de 2014, jusqu'à vouloir me suicider ce premier janvier. 

Que répondre? Qu'elle était devenue amnésique? Luiza ne se souvient de rien et pour cause mais elle n'a plus envie de répéter ce scénario auquel elle s'est déjà trop habituée. Désormais, elle veut se construire une autre vie. Cette nouvelle révélation complète une pièce du puzzle de sa vie. Sa famille et José avaient tenté de combler d'autres cases vides.

Troublée, elle répond, instinctivement:  

- Ah, oui, je me souviens. Non, je ne veux plus m'occuper de cela. J'ai d'autres projets. Aujourd'hui, j'étudie pour devenir guide.

- Bonne idée. Actuellement le tourisme reprend des couleurs. Tu trouveras peut-être plus de débouchés que comme laborantine. Tu aimais les contacts avec nous. C'est un atout. Je suppose que ce sera de même avec des touristes. Le métier laborantine ne semblait pas être ton violon d'Ingres. Je te souhaite le meilleur pour ce nouveau projet.

Luiza se dirige vers la porte de sortie du tramway.  

- Au revoir, Maria, je suis arrivée à destination. On se téléphone si tu veux me donner ton numéro.

Maria plonge dans son sac et tend le bras.

- Bien sûr. Voici ma carte de visite. 

Luiza la saisit, sans attendre de recevoir d'autres réponses.

Troublée dans ses pensées, au moment où elle s'apprête pour descendre du vieux tramway jaune par un porte déjà ouverte, elle ne remarque pas que le tram ne s'est pas arrêté complètement.

Un pied toujours à l'intérieur et l'autre déjà à l'extérieur touche le sol du trottoir.

Déséquilibrée, elle rate la dernière marche du pédalier et perd l'équilibre. C'est la chute, l'accident banal. Elle roule sur le sol.

Des cris dans le tram et celui-ci s'arrête quelques mètres plus loin. Sur le trottoir, c'est immédiatement l'attroupement autour de Luiza qui ne bouge plus. 

Maria descend du tramway pour la secourir. Elle voit qu'elle ne peut plus rien tirer de Luiza. Elle appelle une ambulance avec son portable. Elle ouvre le sac de Luiza pour trouver des indices de personnes à contacter. Elle trouve les références de José, les note. En attendant les secours, elle téléphone au numéro de José.  

Moins d'un quart d'heure après, Luiza est emportée inanimée à l'hôpital. 

Elle a juste le temps de prévenir José de l'endroit où Luiza est emportée.

Arrivée aux urgences, Luiza est mise immédiatement en observation.

Malgré les quelques contusions préliminaires qui ne semblent pas vraiment porter de graves préjudices, mais les médecins lui font suivre des examens plus approfondis.

Elle est, ensuite, soignée et installée dans une chambre en attente de son réveil.

José a prévenu immédiatement son père, Carlos à Albufeira.

Plus près, José n'est pas allé au bureau et est resté à son chevet. 

Luiza ne s'est pas encore réveillée. Elle a la tête entourée d'un bandage avec quelques éraflures qui doivent être superficielles sur les bras. Rien de grave apparemment.

C'est tout de même l'angoisse. Une commotion, peut-être un coma profond et prolongé", se dit José. 

En début d'après-midi, Carlos l'a rejoint et parlent à voix basse.

Vers quinze heures, Luiza se réveille enfin.

Tous deux se lèvent d'un même élan. Presque supris

Luiza a une mine et un sourire mi-figue, mi-raisin.

- Que m'est-il arrivé?, parvient-elle à dire comme dans un souffle.

- Tu es tombée du tram, nous a-t-on raconté. Comment te sens-tu?

- J'ai mal à la tête mais, je me souviens. J'ai eu un rêve extraordinaire. J'ai rêvé de mon enfance avec maman qui se faisait happer par une voiture. Je m'y suis revu ...

José regarde Carlos, d'un air intrigué.

- Tu as vu ta mère? Ta mère est décédée, il y a longtemps. Je ne voulais pas t'en parler. Elle a été renversée par une voiture. Je n'ai pas assisté à la scène.  

- J'ai vu son accident. Il m'est revenu en mémoire dans les détails comme si c'était hier. 

- As-tu rêvé d'autres choses encore?", demande Carlos, intrigué.

- Puis j'ai vu le fil de ma jeunesse débobiné devant mes yeux dans un résumé par séquences successives. C'était fou de revivre tout cela dans un rêve, papa. Je me suis souvenu de beaucoup de chose. L'école privée, les bancs de l'université, le laboratoire où j'ai travaillé. Les collègues qui riaient de moi. Le patron qui m'avait appelée dans son bureau, pour me virer. Oui, j'ai tout revu.

- C'est un miracle", dit José, tandis que son père rougit sans que personne ne le remarque.

Je crois que j'ai retrouvé la mémoire à partir de ce long rêve. Je me souviens presque de tout. Juste avant ma chute en descendant du tram, j'ai rencontré Maria qui m'a révélé que j'étais tombé en dépression l'année passée. Elle avait raison.

Carlos et Joao se regardent ne savent plus que dire.

Trop d'évènements sortaient en accéléré, même pour eux.

Carlos sort le premier de la torpeur avec le sourire mêlé de joie.

- Ma fille, tes souvenirs sont revenus et c'est ça le principal. Tu ne peux pas te rendre compte du bonheur dans lequel tu nous mets, José et moi. Je vais appeler le médecin qui t'a examinée. Il nous avait dit que ta chute n'était pas trop grave, mais que ta tête avait subi un choc et qu'il avait dû l'entourer de bandage. Il ne pouvait imaginer qu'il y avait un miracle en plus. Je vais prévenir le reste de la famille. Manu va être aux anges. Je n'ai pas pu la prévenir avant de venir jusqu'ici. 

Le médecin entre dans la chambre et leur demande de sortir de la chambre ensemble.

Sans attendre ce qu'il va dire, Carlos commence:

- Ma fille a retrouvé la mémoire.

Sans partager sa joie avec une mine plus grave, le médecin répond:

- J'ignorais qu'elle avait perdu la mémoire. C'est une excellente nouvelle. Vous deviez savoir que ma patiente était enceinte. A cause de sa chute, j'avais des craintes, qu'elle perde son bébé. Après examen, ce n'est pas le cas, heureusement. Sa chute n'a pas fait trop de dégâts. Elle a eu d'après ce que vous m'apprenez, maintenant, une double chance.

La joie, la crainte et puis le soulagement, cela fait beaucoup en peu de temps. 

Le sort et le hasard jouent au poker, entre miracles et trouble-fêtes, mais quand  les deux vont dans le sens de la chance, c'est plus qu'un miracle.

- Laissez-la se reposer. Ce ne sera pas trop long avant qu'elle ne rentre chez elle. 

Après avoir remercié le médecin, le tandem rentre dans la chambre.

Luiza s'est endormie.

Les émotions se calment en échos.


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15: Dénouement: Le soir de Noël 2014

 

« Sans les cadeaux, Noël ne serait pas Noël.», Louisa May Alcott 

 

24 décembre, veille de Noël à Albufeira. Dans une petite salle de l'hôtel dans lequel Carlos, le père de Luiza, assume toujours le rôle de gérant.

Toute la famille est rassemblée.

Les décorations ornent la salle autour d'une grande table. Dans un coin, des plats froids ont été placés sur un buffet.  

21 heures, Luiza est entourée de la famille dans l'hôtel d'Albufeira pour le réveillon.

Luiza, la mère de José, Pedro et José au volant sont arrivés par la route à partir de Lisbonne, partis le matin tôt. Michel est descendu de l'avion en provenance de Charleroi depuis la fin de matinée.

Les anecdotes suivent aux histoires de l'actualité.

Chacun rit à son tour.

Carlos fait des aller et retour, jusqu'à la cuisine de l'hôtel en s'arrangeant à ce que les touristes ne manquent de rien.

Carlos arrive enfin. Il s'assied à côté de José, de sa mère et de Pedro face à Manu, Joao, Michel et Luiza.

La petite Rosa joue avec d'autres gosses de son âge dans le jardin de l'hôtel.

Tout à coup, Luiza se lève et frappe sur un verre pour faire silence.

Elle sort un papier qu'elle a dû écrire quelques moments avant Noël et l'étale sur la table: 

- Nous voici tous ensemble. Comme vous l'avez appris, j'ai donc retrouvé la mémoire. La mémoire de choses diverses, bonnes et mauvaises. Je vais vous les raconter. Ce n'est peut-être pas le moment en ce jour de réveillon d'en parler. Pardonnez-moi, mais il y a tellement peu d'occasions pour le faire.

Personne ne réplique et reste tout ouïe s'attendant à des révélations mystérieuses.

Luiza se tourne d'abord vers son père.

- Aujourd'hui, cher papa, je vais oser te dire ce que je n'ai jamais osé te dire. Ne m'en veux pas pour ces paroles qui peuvent te faire mal. Sans le savoir, tu as quelque peu empoisonné ma jeunesse et par conséquent ce qui l'a suivi dans mon enfance. Juste avant ma dernière chute, mon amie Maria, m'avait déjà révélé qu'en fin 2013, j'ai eu des envies suicidaires. Je ne voyais plus comment j'allais pouvoir sortir de l'ornière dans laquelle je m'étais glissé et dans laquelle... tu m'avais introduite. A la suite de l'accident de ma mère, j'ai imaginé que tu voulais me punir de sa mort. Comme j'y avais assisté en direct. Te venger de la mort de maman sur moi. Tu te rends compte. Toi, papa, qui étais à cette époque, mon dieu de référence. Je savais que Maman était tout pour toi. Cela a créé une déception. Ce drame, je l'ai maintenu au fond de moi pour ne pas ajouter à ta souffrance, à notre souffrance commune.

Luiza marque une pose en regardant son père, Carlos et les convives autour de lui. Sans réactions, elle reprend.

- Puis, à mes yeux, papa, tu as semblé préférer le fils que maman avait avant toi de te connaître. Toi, Joao. Je ne sais si c'était vrai mais je l'ai ressenti comme tel. Une sorte de jalousie s'est installée dans mon esprit de gamine. Je n'en suis pas fière aujourd'hui.   

Luiza se tourne tournée alternativement vers Joao et Carlos qui restent tous deux, muets. 

- J'ai pleuré maman et hait ce chauffard, encore plus fort. Puis, comme si tu voulais te disculper de ce drame, tu as voulu me donner une bonne formation dans un pensionnat privée dans la ville la plus proche. Je t'ai obéi. Mais, j'étais ainsi coupée de la famille. Plus tard, plus âgée, j'ai compris ton but de faire de moi quelqu'un alors que tu ne pouvais pas l'assumer avec ta charge à l'hôtel. Et, je suis devenue laborantine, comme tu le voulais.

Nouvel arrêt pour reprendre son souffle avec une voix parfois enrayée. Nouvel intermède sans retour. 

- Laborantine est peut-être un beau métier, mais cela ne correspondait pas à mon caractère et à ma manière d'être. J'ai toujours aimé le grand air, la campagne, la nature. Je me suis rendu compte de cela au fur et à mesure que j'occupais ce poste dans cette société pharmaceutique. Quand j'ai été virée, j'ai pensé me suicider. Comme si j'avais raté ma vie. Lors du réveillon de 2014, je n'avais plus vraiment envie de vivre. J'ai fait la sotte. J'ai chuté. Ensuite, José m'a recueillie chez Mamy, m'a sauvé de mon désarroi suite à ma perte de mémoire. Il m'a proposé le risque de l'essai d'une nouvelle vie. Il ne savait pas à quel point, son but allait être exhaussé.

Les convives se regardent entre eux, mais n'osent rien ajouter et Luiza reprend avec ses conclusions.

- Tu vois, papa, comme la mémoire peut-être dangereuse. Elle apporte des découvertes sur les autres et sur soi-même. Pas de pardon. La vie se construit souvent de hasards, de malentendus et de bêtises.

Luiza se prépare à se rasseoir, émue par ses propres révélations, mais elle arrête son mouvement. 

- J'oubliais. Il y a tout de même de bons côtés. Je vous informe, que José et moi avons fixé une date pour nous marier l'année prochaine et que je vais accoucher en avril. 

Luiza, vidée par ses propres paroles, en sueur, s’assied.

Joao est le premier à répondre.

- Ma chère Luiza, j'ignorais tout de ton tourment. Tu as su trop bien cacher tes sentiments. Je n'ai pas vu l'accident de maman. Sache que tu as été, pour moi, comme une véritable sœur même si nous n'avions pas le même père. Mais tu as raison, nous avons été souvent séparés.

Carlos, lui, se sentait pris au piège entre deux feux.

Il devait répondre, confirmer ou infirmer l'intuition de Luiza, qu'il préférait Joao.

- Tu as peut-être raison, Luiza. J'ai été ingrat sans le savoir. Cela ne m'excuse pas. J'étais bête, Joao étant plus âgé, je pensais qu'il pouvait me seconder, assez rapidement, à l'hôtel. C'était quelque part de l'égoïsme. Si tu as eu des envies suicidaires, j'en ai eu aussi à la mort de ta mère. Je ne sais pourquoi, il me fallait une victime expiatoire, une responsable et je t'ai désignée. Cela doit être notre religion qui veut cela et qui doit trouver une victime consentante souvent féminine. Je t'ai délaissée à son avantage comme on peut espérer un successeur au masculin. Je ne pouvais te faire subir ma détresse, ma dépression à la mort de mon épouse et j'ai fait pire d'après tes révélations et ta confession. T'éloigner de moi, c'était pour te donner une bonne instruction dans une bonne école. Un prétexte, peut-être. Je suis vraiment désolé. Le mal est fait. Je ne peux retourner en arrière. Fier, je me suis reconstruit moi-même, seul, en silence. Vous étiez, tous deux, ma fierté, comme je l'ai raconté à Manu quand elle est venue me trouver en 2001. Je te prie de m'excuser, un jour, Luiza.

Luiza replia le papier du discours qu'elle avait placé devant elle. Elle n'y avait pas jeté le moindre coup d’œil sur elle. Tout était sorti sans aide, de manière naturelle, dans l'émotion. Elle se relève pour dire:

- Papa, je t'ai pardonné bien volontiers aujourd'hui. Depuis ma chute du 1er janvier, j'ai beaucoup changé. Je ne suis plus la même. J'ai vieilli en très peu de temps. J'ai pris une autre personnalité, plus franche, peut-être plus forte. José peut en parler. Il y a près d'un an, quand il m'a demandé si je voulais une autre vie, il m'avait prévenu qu'il pourrait y avoir des risques à retrouver ma mémoire. Il n'a pas eu tort. Le passé n'est pas faite uniquement de nostalgies heureuses.

La mère de José prend la parole sans se lever. 

Je t'ai bien aimée, Luiza. Je suis heureuse que tu va devenir ma belle-fille. Tu m'appelles déjà Mamy. En cette veillée de Noël, je tiens à vous remercier tous, de nous avoir invité ici en Algarve. Le passé est parfois dur à apprendre. De la vie de mon fils, José, je n'ai connu que les premiers moments. 

Manu, enfin, prend la parole.

- Merci, Luiza de nous avoir appris tout cela. Tu as raison. Carlos était fier de toi quand je l'ai rencontré la première fois. Merci à toi aussi, Michel, de t'être déplacé de Belgique et de m'avoir raconté les dernières histoires belges, absolument croustillantes, surréalistes comme tu les définissais. Un pays que je connais pour y être né. Depuis 2001, la situation au Portugal n'est pas encore florissante, mais cela va mieux.

José se lève à son tour pour clore.

- Puisque nous sommes dans les grandes confessions en ce jour de Noël. Je vais donner les miennes. Je te dirai d'abord, merci, Luiza, de m'avoir fait confiance. J'ai eu, avant toi, une longue série d'évènements qui n'ont pas toujours été plus heureux. J'ai dû subir une faillite dans une autre vie, mais je n'ai jamais été jusqu'à avoir des idées suicidaires. Je savais ce que pouvait être une période de troubles pendant laquelle le désir d'en finir n'est pas très éloigné, mais j'étais simplement plus fort que toi. J'ai changé de voie comme toi. Pas de gloire à trouver dans ce propos. Quand nous nous sommes rencontrés, science et le pragmatisme, faisaient partie de mes règles de conduite. Je n'étais pas ce qu'on peut appeler un rigolo. Pedro m'a nommé "Monsieur Sciences" et un Monsieur Science ne pense pas à la gaudriole. Alors, Luiza, tu m'as fait rire et étonné à la fois. Je ne te l'ai pas dit, mais je t'ai aimé dès la première minute de notre rencontre. Seulement, je ne me permettais pas de le penser vu notre différence d'âge.

- Ta faillite, José, je dois l'avouer, je l'ai découverte avec l'aide de Joao. Ton amour, tu l'as aussi bien caché. Je ne l'ai ressenti que le jour où tu as osé m'embrasser. Aujourd'hui, nous allons avoir une petite fille. Nous avons décidé de l'appeler Mihaela. Une rescapée d'un autre accident de vie. Décidément, nos vies sont jalonnées d'une suite d'accidents, d'incidents et d'incompréhensions diverses", répond Luiza presque soulagée.

Carlos se lève un peu rabat-joie.  

- Tu veux devenir guide et tu vas avoir un enfant. Tu vas avoir besoin de nous pour réussir tes examens. N'oublie pas je suis là, cette fois. 

Luiza éclate avec un sourire.

- Je sais, mais je ne pense pas que cela soit nécessaire. Même si cela ne marche pas en tant que guide. José m’a parlé d’un homme qui a subi les mêmes problèmes de mémoires que moi. Il a écrit un livre au sujet de son histoire. Je pourrais écrire un livre avec la mienne, non?    

- Quand je vous disais que Luiza est formidable. Depuis que je l'ai connue, elle a plein de projets dans la tête. Elle n'est pas uniquement guérie de par sa seule mémoire, mais guérie de tous ses problèmes d'enfance. J'espère que je ferai partie de ton livre, Luiza", dit José le sourire aux lèvres.

- Bien sût que tu en fera partie", interrompt Luiza avant que José reprenne.

- Figure-toi, moi qui n'ai jamais écrit que des programmes et des rapports scientifiques sans beaucoup d'imagination, j'ai écrit quelque chose pour toi. Pas grand chose, un exercice pour toi et pour tous ceux qui sont là. Un exercice de français. Manu doit se rappeler de la chanson de Gilbert Bécaud, "Nathalie". Tous les jeunes étudiants que tu fréquentes, Luiza, ne la connaissaient certainement pas. Ce chanteur français est décédé en décembre 2001, exactement à l'époque pendant laquelle Manu et Joao se mariaient ici au Portugal. J'ai adaptée cette chanson pour la circonstance. Voici une copie des paroles que je te demande de distribuer pendant que je mets ce vieux 45 tours sur la platine. Nous allons la chanter ensemble en karaoké.

José se lève, arrête le son du CD qui diffuse un air actuel, bien connu au Portugal pour installer un vieux 45 tours sur la platine.

Lorsque la chanson commence enfin, après quelques hésitations, tous en chœur chantent au dessus des paroles originales.   

La Place Commercio était vide

Devant moi marchait Luiza

Il avait un joli nom, mon guide

Luiza

La place Commercio était grande

A droite se trouvait l'Alfama

Un village avec une colline en pente

Luiza

Tu parlais en phrases sobres

De la révolution des Œillets

Je pensais tout guilleret

Qu'après la visite du Castelo

On irait au café du Fado

Boire un long porto

La place Commercio était grande

Je souris, tu as prit mon bras

Je propose que l'on chante

Luiza, Luiza...

Comme un groupe de touristes

Tu étais très optimiste

J'attendais impatiemment

Que tu finisses de parler

Je ne voulais pas tout savoir

Et, tu voulais m'informer

Je connaissais la plaine du Tage

Avec Lisbonne et ses belles images

Je voulais tout mélanger

et je voulais te chanter

Que mon amour a débouché

En riant à l'avance

Sur une série de romances

Et on a dansé

Quand ta mémoire fut vide

Tes souvenirs étaient dans un au-delà

Je suis resté seul avec mon guide

Luiza

Plus question de phrases sobres

Ni de révolution des Œillets

On n'en était plus là

Fini la vue sur le Castello

Le grand porto du Fado

C'est, c'était loin déjà

Les souvenirs te reviennent

Mais je sais qu'un jour à la ronde

Je te montrerai le monde

J'aurai la chance que tu seras mienne

 Luiza, Luiza

 La soirée s'achève vers 2 heures du matin.

 Chacun regagne la chambre réservée par la maître des lieux, Carlos.

Le lendemain, au petit déjeuner, personne n'auraient eu l'envie de perdre la mémoire de la renaissance qui eut lieu en cette nuit de Noël...

FIN

Dix bougies d’enfoirades

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En novembre dernier, je sortais "Le blues des blogs" dans lequel je rappelais ce que peut devenir un blog après presque dix ans d'âge. Je proposais l'idée "de rassembler des d'anecdotes pour les sortir lors du dixième anniversaire de mon blog". Nous y sommes. Le moment de faire une rétrospective et amende honorable en mettant son fusil virtuel au vestiaire? 

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Le journaliste virtuel Tartempion avait déjà eu l'occasion d’interroger l'enfoiré lors de l'anniversaire de "Cinq ans déjà". 

Depuis, ce furent cinq autres années avec d'autres histoires à raconter. 

Que d'amitiés cousues et, parfois, décousues dans le temps.

Avoir écrit en 2005 un premier article sur chapeaux de roues avec "Nous sommes tous responsables", c'était déjà se retrouver immédiatement en porte-à-faux et oser se mettre une partie des opinions à dos.

Je suis un "enfoiré gaffeur" mais plus celui des débuts qui signait "L'enfoiré de services".

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Ce serait mal comprendre de pousser ni Oyl Olive ni Popey dans les orties surtout quand ils n'ont pas de culotte et des poils sous les bras.

Naïveté du jeune blogueur, tout de même... puisque les lecteurs ne sont jamais logés à la même enseigne.

Tous "Responsables", mais pas "coupables", bien entendu.

Sur les "chapeaux de roues", cela dépendait si on voyait les roues rondelettes ou à coins cassés qui écrasent par à coups là où elles passent.

"Connais l'homme pour mieux te connaître", écrivais-je, un jour.

Une réponse m'est venu du froid sibérien"Interprétations des réactions à ma seule convenance. Même chose avec le choix de tes citations". 

Qui oserait dire le contraire? Tous différents. On n'entre pas dans la cervelle de l'autre en s'y immisçant en espion.

"Mais, voyons, l'enfoiré, connais-toi "toi-même" avant de chercher à définir ou à caricaturer tes semblables même en passant la pommade sur le plaies par ta psychologie avec ta "philosophie comme outil primaire du sens".  

Sur Internet, là où tu envoie tes bafouilles, c'est recevoir, un jour de mauvaise humeur, un retour de flammes de la grande chaudière qui dirait que "Le rituel est bien moins étendu dans le virtuel", avec le moule du dialogue.  

La virtualité demande-t-elle de "Cultiver les relations" dans le brouillard?

Non. A attendre des éclaircies avec qui voudra et avec ce qu'il voudra, on y perdrait son latin à forcer le destin.  

Mais, il faut bien le dire que les bides et les échecs vont de pair et sont souvent dus à de mauvaises compréhensions ou de différences de conceptions de ce que peut être la liberté d'expression dans un environnement virtuel, fantomatique et sans images physiques.

De la liberté d'expression, il en a été suffisamment question essentiel en début d'année

Entre ping et pong, le filet au milieu risque de se tordre à loisir et finir par se casser, les contacts par s'endormir pour ne plus se réveiller.

Une autre fantaisie de ma part d'avoir écrit: "L'amitié, un échange de bons procédés".

Dans ce titre, il y a "échange" et "bons procédés", c'est à dire que cela va dans les deux sens à rejeter les "mauvais" dans la poubelle qu'ils n'auraient jamais dû quitter.

Et bien non, c'est pas comme ça que cela marche toujours.

Si ça s'en va et ça revient avec un semblant de touches pro-actives et réactives, le naturel revient vite au galop  et devient "radioactives". 

Quand l'éducation judéo-chrétienne fait défaut, on n'apprend pas à tendre l'autre joue après une baffe. Le "bien et le mal" prend la tangente. 

Sans face-à-face, cela se résume à trouver la parade ajustée à la force de son adversaire et jouer à la gai-guerre inter-galactique.

De nos jours, les prises de bec sont plus des coups de boules en tête à tête plutôt que des confidences sur l'oreiller en planant dans les nuages.

1.jpgQui se ressemble, s'assemble?

Pas toujours, mais il faut avoir quelques affinités communes.

Quand les nuages se mettent à quitter la marre des canards boiteux et à voyager sur les fils de la Grande Toile par des voies différentes ou parfaitement opposées, il en est dit que de gauche à droite ou de haut en bas, on s'écarte de ses propres convictions.

C'est tant mieux, sinon on n'apprend rien, mais autant savoir. 

Edwy Plenel de Mediapart, le journal libre et indépendant qui ne parait que sur Internet disait: « Un média, dans un dialogue direct avec les citoyens, c'est un carrefour et plus encore lorsqu'il est numérique.. Comprendre, ce n’est pas être le nez dans le flux des événement».

Je partage entièrement cette vision. Ce qu'Internet permet en plus, en plus des journaux  et des livres, c'est d'ajouter aux textes des images et du son.

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Ne pas s'échauffer dans une actualité trop brûlante et attendre le moment opportun juste avant que cela ne gèle. 

"Le triomphe des gentils"était, la couverture d'un magazine. Pour ceux qui se trouvent bien dans leurs chaussures, oui, mais pas pour d'autres. Etre gentil, c'est quelque part être béat et finir par se sentir écrasé.

Invité à la soirée hommage du "Grand Échiquier", Nicolas Bedos rappelait qu'il ne faisait pas dans le "gentil". Etre gentil pour lui, c'est toujours être chiant. 

Dans un sketch destiné à Souchon qu'il appréciait, cette fois, il avait choisi de pousser son caddy dans le rayon "chiant" :

Quant au pamphlet "Ne m'appelez plus jamais France", il a été écrit à un moment crucial pendant lequel il fallait marquer les différences pour garder l'unité du pays "Belgique".

0.jpgJ'avais tort, bien sûr, et comme on dit "le tort tue" perdu dans sa globalisation.

La France, "Un patchwork de sensations à la pointe du progrès ou délicieusement régressives", déclarait l'émission belge "Sacré français". 

Puisque il faut toujours comparer les pommes et les poires, évaluer, coter, soupeser (bizarre, on ne dit pas "surpeser", c'est pas français), crevons les abcès en cœur.

Marie Gillain avait eu l'audace de dire:

- En Belgique, nous savons que nous sommes petits.

- Dire cela, c'est un moyen de se faire 60 millions d'amis, lui était-il répondu.

Michel Audiard avait tout compris et ajoutait quelques détails dans les dialogues de films qui rassemblés donneraient:

"Les Français m’agacent prodigieusement, mais comme je ne connais aucune langue étrangère, je suis bien obligé de parler avec eux. Les Français se divisent en deux catégories, ceux qui attendent le téléphone et ceux qui attendent la tonalité. Tout romancier, tout cinéaste, a au fond de lui un nombril du monde à exhiber. J’ai divisé la société en deux catégories: mes amis ou mes cons à moi et les cons des autres que je ne supporte pas. Un pigeon, c'est plus con qu'un dauphin, d'accord... mais ça vole. Mais, les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer. Dans la flatterie, aucune précaution à prendre, aucune limite à respecter. On ne va jamais trop loin. Eh oui Marcel, les bastos c'est plus facile à donner qu'à recevoir. Mais, c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule. Les mauvaises pensées ne sont permises qu'aux gens importants. L’idéal quand on veut être admiré, c’est d’être mort.  Les amis n’aiment pas être fidèles. Ils ont l’impression de perdre leur personnalité. Une amitié pour être bien trempée doit l’être dans le sang des autres. Un secret consiste à ne le répéter qu’à une seule personne à la fois. Si la recherche du temps perdu s’était appelé simplement Albertine, ce serait moins bon. Un financier, ça n'a jamais de regrets. Même pas de remords. Juste la pétoche.".  

0.jpgLe procès du Carlton, lui, a risqué d'être une grand partie de jambes en l'air à faire les choux blancs de la presse quotidienne. Puis ce fut le gel du jugement conforme aux prévisions 'ontologiquement vôtre' d'un philosophe. 

Dernièrement, en France, deux articles fêtaient un dixième anniversaire: celui du forum Agoravox (1) et (2), là où j'ai passé quelques années transferts d'articles ou de "batailles communautarisées".   

A bord, jeunes et vieux, gauchisants et droitistes, croyants et mécréants, progressistes et nostalgiques se bousculaient, se bousculaient en se posant des questions existentielles.  

0.jpgLes Plus-ou-Moins-Sages étaient toujours au poste à envoyer des marques de présence pour plébisciter l'article et les réactions.

"Plébiscite", un mot qui dérive de deux autres "plèbe" et  "décret"

Comment associer cela sans heurts?

Celui qui pense ne jamais recevoir de retombées acides, a intérêt à changer de crèmerie.

Les "Pol" et "Mieke" se bousculent comme des passagers de la pluie. 

Avoir "Le prestige d'être simplement con" serait-il la formule pour se couvrir contre les "intempéries disgracieuses" avec "L'auto-dérision comme produit de la belgitude" ou un nième degré du surréalisme au point que Magritte, lui-même, n'aurait pas été déçu?

Depuis quelques mois, le magazine "Psychologies.be" interviewe quelques humoristes belges.

Les "torréfacteurs de l'actualité", Alex Vizorek et Laurence Bibot se sont pliés au jeu des confidences dans ce magazine.

Puis, Benoit Poelvoorde clamait que "Le rire est une arme absolue. J'aime parler. Je n'ai pas d'humour mais je ris en collabo de l'humour. J'aime jouer les méchants sans être méprisant envers moi-même. Je ne perds pas de temps à trop réfléchir car mon sens de la vie est en adéquation avec mon envie.".

Le dernier, Philippe Geluck, affirmait "L'humour est pour moi comme une pulsion de vie. Je suis resté un sale gamin à la fois insolent et léger qui déstabilise mais mon insouciance était tombée le 7 janvier parce que je ne pouvais imaginer que l'on puisse tuer pour des dessins". 

Ceux qui mènent à rire sous n'importe quelle forme, j'aime.

Je ne ris pas quand je me brûle, mais à part cela, on peut y aller même avec une certaine méchanceté et j'y réponds quand "la méchanceté reste tout un art" sans confondre "art" et "lard" avec de belles paroles qui fleurent bon la piquette dans la blanquette.

Dans l'écriture, entre la forme et le fond, je choisis le fond, même si l'image est souvent présentée avec plus de charme quand la forme y est. 

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Au sujet des jeunes, Laurence Bibot faisait la leçon en caricaturant après leur manifestation pessimiste de leur avenir en café sucré-salé:  podcast

Non, Laurence, faut pas jouer avec le feu après l'avoir initié en frappant deux cailloux ensemble, cela produit des étincelles et pas nécessairement le feu doux espéré.

Entre paraître et être, que de différences et  références calamiteuses peut-on rencontrer?

Sur Internet, c'est un peu comme le piéton qui monterait à bord de sa bagnole et ne changerait ni de vitesse, ni de personnalité, ni de rôle avec doigt d'honneur au moment de dépasser. 

Inconcevable. C'est tellement chouette de montrer son honneur par une lucarne bien fermée.

Vous n'allez tout de même pas faire le djihad avec la recette du kip-kap

Non, si le ridicule de ton ennemi est le premier pas vers sa défaite, faut pas croire qu'il ne déteint jamais sur toi.

2.jpgComme on a pu le constater en janvier de manière dramatique, la liberté d'expression est toujours à géométrie variable dans un choc de cultures et de convictions.

Jouer sur la corde raide et sensible d'un inconnu dans le "cloud", c'est casse-gueule à risquer la haute voltige sans balancier.

En période de stress, les nerfs sont à fleurs de peau et la moindre parole vaseuse peut générer une tempête... heureusement, souvent dans un verre d'eau.

Ce n'est pas une question de pseudo mais l'absence d'informations sur ses utilisateurs qui risque de faire glisser sur une peau de banane virtuelle.

 

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En politique 

... c'est plus facile de caricaturer. 

Les politiciens sont bien cernés par les médias qui s'occupent de les décrire dans le détail de leurs manies.

Faut pas se leurrer, les partis n'aiment pas la démocratie tellement désirées dans les réseaux sociaux et les renvois d’ascenseur se succèdent souvent les pieds dans le plat au sous-sol.

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Confronter les idéologies avec des noms d'oiseaux devant les médias cela devient: "Un tapé. Son cas relève de l'hystérie".

"On crie très fort avec chacun son style et le grand perdant, c'est le débat de fond".

En politique, le silence est d'or plus souvent qu'on le pense:

 podcast

En période d'élection, la politique c'est du folklore et carrément "Zo dom & Go more".

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Le mot "amalgame" vient à la rescousse comme de la mayonnaise en un interprète ou un allié de son mécontentement

"Il faut de l'opposition à l'ordre établi", m'a-t-il été dit.

Le problème c'est que la plupart des opposants préfèrent doucher l'autre plutôt que d'être douchés eux-mêmes... 

 

Un forum citoyen n'est pas nécessairement un forum de discussions mais plutôt un endroit d'oppositions entre actions et réactions, entre affirmations gratuites et contestations qui ne le sont pas moins et les tonnes de commentaires qui circulent, n'y changent rien puisque articles et commentaires ne vivent que l'espace d'un matin.

 

Le blog

"Un blog n’est pas un endroit pour apprendre, mais pour se reconnaître et se saluer entre gens qui cherchent.... et peut-être éveiller la curiosité chez les autres.", lisais-je chez le Québécois, Pierre.

Pas pléthore de commentaires en général. A espérer qu'ils apportent une continuation aux articles. 

La grande différence entre un article et ses commentaires, c'est qu'en principe, le premier devrait s'armer de références et d'analyses, tandis que les commentaires sortent souvent dans un flux d'impulsivités.

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L'article "Très chère originalitédisait, il y a bien longtemps, que l'originalité peut prendre n'importe quelle forme.

En écriture, c'est parfois de l'invention pur et simple, parfois des répétitions en écho à l'actualité. dans ce dernier cas, l'originalité vient de la réplique à l'information avec un ton personnel, une interprétation des faits par son propre vécu. Dans ce jeu d'interprétations, l'impartialité est parfois difficile à observer.  

J'aime l'éclectisme des sujets en provenance de sources mixées pour s'y intégrer à la suite de flashes et de lectures diagonales. au départ, quelques notes prises au vol dans un petit carnet qui rassemblées peuvent en sortir ou y rester pour y mourir de leur belle mort.  

Un sujet publié, si après des lunes, relu l'un d'eux tient toujours la route, c'est le jackpot. 

 

Mes eBooks

"Veux-tu une autre vie?"était arrivé à son terme la semaine dernière et apportait une suite inattendue à "Le fauteuil blanc".

Une histoire de famille en deux volumes, une fiction de notre époque. Deux héroïnes différentes, deux histoires différentes. 

Ecrire un roman-fiction n'est pas du tout la même discipline que d'écrire un article qui suit l'actualité même si je l'approche de très près. 

Dans l'actualité, avec une extrapolation, un zeste d'exotisme, une dose d'humour, un brin de philosophie et surtout de l'imagination.

Publié sur Internet sous la forme de feuilleton m'a toujours plu et me permettait de dériver en cours de route et d'attendre jusqu'à la dernière minute avant la publication chapitre par chapitre avec la seule hantise de ne pas être tombé dans l'ornière des répétitions, de la perte de la piste fixée d'avance jusqu'au bout.

Ce dernier volume fut, en plus, un exercice de souplesse à me mettre dans la peau de chaque personnage alternativement et risquer d'arriver à ne plus pouvoir ou vouloir en sortir et la peur de n'avoir pas tout dit dans la trame de l'histoire. Un exercice aussi pour l'écrire au temps présent pour vivre l'évènement comme si j'y étais au moment de son exécution, écrit avec des dialogues comme dans une pièce de théâtre.

Trois thriller avaient précédé: "Le Grand maître virtuel", "Du rififi au forum", "Vengeance au futur antérieur".

Je n'écris pas sous forme de livre papier comme il m'a été demandé quelques fois. Internet permet d'y ajoute les médias du son, de l'image et de la vidéo.  

Désolé, je ne fais peut-être donc pas partie des écrivains traditionnels à vouloir présenter ses manuscrits à un éditeur. 

L'écriture reste un challenge personnel. Il faut dire qu'il y a plus de dix ans, je n'avais jamais écrit une ligne de la sorte.

Autre référence: Dans "Au dos de nos images", il est dit que les frères Dardenne utilisaient une méthode de travail pour créer leurs films: "Faire un film, c'est désirer le faire au risque d'être hanté par les images lointaines qui s'éveillent comme des fantasmes, des bribes de scénario. L'indignation est loin d'être libre de préjugés".

Ils avaient aimé un commentaire qui disait "En tant que spectateur de vos films, j'ai toujours le sentiment d'avoir raté quelque chose, d'être arrivé trop tard dans la salle". J'aurais aimé aussi...

Des similitudes mais sans cinéma et dans la virtualité, sans pouvoir paramétrer le degré de résistance de ses interlocuteurs qui planent dans les nuages, le fameux "cloud".  

Le reproche habituel est la longueur de mes articles.

Si j'avais su ou pu (quelle est la différence pour un belge, d'ailleurs) dessiner, j'aurais peut-être caricaturé mon époque avec humour sans devoir passer par de longues pages de textes.

Si j'avais appris le solfège, je m'en serais peut-être servi pour créer un poème symphonique révolutionnaire comme "Finlandia" sans neige, ni aurores boréales. Ce poème symphonique fut la première musique classique que j'écoutais dans ma jeunesse sur une platine 33 tours.

 

Que dire de plus au sujet de mon blog?

Que l'on s'améliore avec le temps, qu'on écrit plus rapidement...  Normal.

Que comme j'ai fusionné tous les articles, je peux compter sur des statistiques qui disent qu'il y a au total plus de 1,5 million de mots et plus de 3000 pages concentrées répartis sur près de 600 articles.

Que si au départ, l'utilisation de mon blog était gratuite, depuis deux ans, son utilisation est devenue payante puisque les limites en poids avaient été dépassées.

Qu'un nombre d'heures en lectures diverses, en recherches, en sélections de caricatures et de photos ont nécessité bien plus que le prix de cette utilisation. 

C'est dire que si la passion n'est pas présente, que l'envie d'abandonner, comme bon nombres de rédacteurs, de scribes de tous poils, aurait pu se manifester. Ce ne fut pas le cas.

Quand on aime on compte pas, 'enfoiré' ou non.

 

Les apartés ex-blogs

Comme je l'avais écrit dans "Le blues des blogs", je me suis penché sur quelques messages de mes courriels et commentaires échangés.

Ce fut une pêche aux aventures concertées et aux moules prises au hasard comme s'il s'agissait d'une estacade virtuelle sur une mer déchaînée. 

Il me semblait amusant de les ressortir privées de leur contexte et de leur nom d'auteur pour rester dans les généralités.   

  • "...il ne faut pas s'imaginer que tout est acquis à ta cause sous couverts de belles phrases porteuses. C'est assez présomptueux, un esprit libre saura faire la part et le déroulement des évènements jusqu'à aujourd'hui. Je pense sincèrement que beaucoup ont voulu être sympa, mais de là à croire ou croire pouvoir se permettre, çà fini toujours par casser. Et combien d'entre nous ont des obligations? Aucun, ça c'est du média non bâillonne, pas question que ce soit autrement. Le Web est un espace ouvert et libre, prétendre le dire et vouloir accusé de plagiat des informations qui sont là pour circuler, les empêcher de circuler mais pour quelle raison? Fallait pas choisir le Web...."
  • "C'est vrai que cela devient une fin en soi, tout le monde finit par aimer cogner sur la bête. Ceci dit, cela vaut mieux que de se taper sur la gueule. Le défouloir par la non-violence. Verbale, pas écrite. La tolérance ne serait-elle pas d'y mettre plus d'humour qu'ailleurs? Le plus haut ridicule, le cocasse au service de la vérité. Pas la vraie, celle que l'on constate, c'est déjà pas mal. Parce que changer les choses, j'vois pas comment on pourrait y arriver. Ouais, le rire est le subconscient de l'homme : voilà la porte !"

  • "Sur le fond, je ne supporte pas quand on harcèle quelqu'un sans raison. Je conçois qu'on n'aime pas un rédacteur ou même qu'on le déteste. Mais passer des journées entières à lire les articles de ceux qu'on déteste dans le seul but de les descendre relève du comportement pathologique. L'énergie est sûrement mieux dépensée en lisant des articles qui intéressent ou amusent plutôt à qu'énerver avec ceux qui insupportent."

  • "Le travail me permet encore de lire mais plus des journaux ou des hebdomadaires, juste des livres pour se détendre. Pour ce qui est de « penser », là je ne suis pas sûr car les flots de pensées arrivent à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit mais cela ne sont pas des pensées structurées, plutôt un kaléidoscope en relation avec le boulot, les collègues, les enfants, les amis.".

  • "Ces dernières décennies, on nous a affirmé que tout devenant très compliqué, il était indispensable de faire appel aux "experts" qui sont pas nature très impartiaux et donc s'en remettre à leurs conclusions et avis. Le peuple et le politique sont devenus incapables de comprendre toutes ces matières tellement complexes. Mon avis est à l'opposé de cela. Tout cela est très simple si l'approche est "top-down". Les experts en tout et en rien ne sont que la voix des intérêts qu'ils défendent. Point to the line.".
     

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"Point to the line", une conclusion qui ne mérite aucune contestation évidemment, mais comme certaines citations ne sont pas dénuées de bon-sens, pourquoi s'en priverait-on?

D'autres citations plus osées, plus croustillantes, ont dû m'échapper, mais je me devais de limiter ma recherche.

Mes plus chaudes répliques ont fait partie de l'ambulance venue au secours d'opinions diverses, longues, passionnées par l'intermédiaire de l'humour sans foi ni loi.

Quant aux plus lissées, plus compassées, elles arrivaient toujours à se faire tacler par ceux qui se sentent chatouillés par la barbichette. Nous ne sommes pas dans l'Empire du Milieu", mais parfois cela peut y ressembler.

 

Comment rester motiver par l'écriture?

Ce billet dit qu'il y a "7 manières de rester motivé et d’accomplir n’importe quelle tâche":0.jpg

  1. Déterminez votre force de motivation
  2. Appuyez-vous sur l’énergie des autres
  3. Organisez vos pensées
  4. Couchez vos pensées sur papier
  5. Renouvelez votre créativité à l’aide d’une cartographie de vos idées
  6. Ayez un plan B
  7. Ne vous inquiétez pas et soyez heureux

J'ajouterai que si vous ne voulez pas d'ennuis, il ne faut pas poser de questions trop sérieuses. Parlez de cuisine, de saucisses... de bouffe, quoi.

Mais rappelez-vous que quand tout le monde est Charlie, cela ne sert plus à rien d'être Charlie.

 

La Foire du Livre

Ce samedi matin 28 février 2015, à la Foire du livre de Bruxelles, j'y suis allé comme toutes les années. (des photos de 20132014). 

Le thème en était "Géographie de la violence" et les auteurs québécois étaient les invités d'honneur. 

Les livres, les éditeurs, les auteurs et les lecteurs font le plein.

Diagonale, un éditeur de premier roman. Le moment où tout commence et ne trouve pas de sortie...

Quelques auteurs présents parlent de leur méthode d'écriture. Les troubles de la personnalité que l'on rencontre chez les pervers narcissiques, faisait partir d'un livre, les problèmes de mémoire, d'un autre. 

"Antidote", un logiciel qui éviterait les "fôtes d'ortograf" serait-il la base de toutes écritures? Toujours le combat entre forme et fond. Mais sans fond, que resterait-il de la forme?

Une foire avec le "Focus sur l'affiche" et je dirais, suite aux évènements de janvier, sur la BD, j'associerai les photos de la Foire à celles du Salon de Cartoonists.

Lire comme écrire doivent rester un plaisir, sinon passez votre tour.

Mais tous deux changent une vie.

 

Pourquoi avoir signé "l'enfoiré"?

C'est une vieille et pas très longue histoire à raconter: quelqu'un m'avait nommé ainsi.

"L'enfoiré", un mot qui revient souvent dans beaucoup de films pour désigner l'emmerdeur, le casse-pieds de service. 

Un pseudo comme celui de "l'enfoiré", ne s'utilise pas à la légère.

Il se doit de symboliser la "causticité", de biaiser quelque peu, le politiquement correct et prendre les chemins de traverses avec des réflexions qui regardent dans le rétroviseur, en enfoirades et en rigolades. 

Un mot que certains auront même peur d'utiliser pour m'adresser la parole et que je dois rassurer par dire que cela n'a rien de péjoratif à mes yeux. 

« Enfoiré, anciennement, enculé, salaud, fils de pute. Depuis Coluche, personne généreuse, altruiste et solidaire », écrivait Laurent Baffie. 

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Blanche Neige avait raison d'être très effrayée alors que je voulais introduire un huitième nain sur son site BCBG classique dans lequel cela aurait été très mal vu.

Vous avez dit bizarre, comme c'est étrange certains pseudos...

Pas de problème à l'avouer, j'aime essayer de sortir d'un flux trop puissant qui mène dans la morosité du conformisme.

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Cette fois, pour l'occasion de ce dixième anniversaire, je vais essayer d'aimer les coups foireux, d'être un homme de paille avec des herbes en bataille comme couvre-chef, d'être porte-paroles de sujets que l'on me pousse à débiter à l'aide d'une plume d'oie.

En 2008, j'avais écrit un billet que j'avais intitulé "Crises en thème".

Un titre, toujours d'actualité. 

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Mes deux caricaturistes préférés sont à la mode de chez nous et j'aime intégrer leurs œuvres dans mes textes.

Le premier projet de Nicolas Vadot de recueillir de caricatures avait pour titre "Sept ans de malheurs". Un titre trop négatif, changé  avec dérision en "Sept années de bonheur".

0.jpgKroll après avoir rencontré l'économiste Bruno Colmant qui avait déjà publié un livre avec Paul Jorion, pensait donner le titre d'un livre "50 nuances de crises" et l'a corrigé en "50 nuances d'aigris" avec la même idée de remonter dans le passé.

Alors, une dernière pour prendre la route de l'humour qui fait souvent défaut?

Je prendrai celle de Thomas: podcast

Si vous n'êtes pas content et que vous le jugez bon, alors, taclez-moi.

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Je ne répliquerai pas. Je promets.

J'espère que ce ne sera pas trop mon Waterloo.

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Dépêchez-vous, car cela risque de ne pas durer et ce serait, alors, votre tour à faire votre examen de conscience.

Aujourd'hui, qu'on se le dise, je ne suis ni Charlie, ni l'enfoiré.

La version en verlan, comme je l'ai déjà utilisée, n'est peut-être pas plus jolie.

Au moins, elle glissera plus dans l'indéfinissable et paraîtra moins agressif pour certains.


Eriofne,

 

PS: Jeudi, Deny Laferrière était invité par la première.

et Laurence Bibot avait sa vision humoristique en créole: podcast

 

Citations:  

  • « Qu'il soit noir, juif ou arabe, un type bien est un type bien et un enfoiré sera toujours un enfoiré. », Guy Bedos
  • « Je suis capable du meilleur et du pire. Mais dans le pire, c'est moi le meilleur ! », Coluche
  • « Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit.», Marguerite DURAS

La stratégie du maillon faible

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Quand on est pas le plus fort, il faut "choser". Trouver des moyens de l'utiliser à son avantage. Sur des plans différents, une stratégie globale de l'économie qui parle d'austérité et de faux-semblants au moindre coût qui entrent en jeu pour arriver à ses fins.

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Édictée dans son livre "L'Art de la Guerre, cette stratégie est étonnamment moderne par ses dimensions psychologiques et morales dans le domaine militaire, mais aussi dans celui des affaires, de la politique ou de la société.

Les principes du général chinois du 6ème siècle avant JC, Sun Tsu rejoint une stratégie minimaliste qui porte des airs de victoire.

Basée sur la philosophie chinoise, cette stratégie a été utilisée durant la guerre d'Indochine et du Vietnam avec un certain succès. Elle se base sur des méthodes qui disent que gagner ou perdre une guerre ne se fait pas par hasard, ni par l'intervention des dieux ou des esprits dont on oublie trop souvent l'efficacité et dont il faut se méfier plus souvent qu'on ne le pense.

 

La voie du terrorisme 

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Hugues Eudeline reprend la stratège Sun Tsu dans son livre "Le Dossier Noir du Terrorisme".  

Les guerres du style de 14-18 ou 40-45 qui opposaient des nations entre elles, ne sont plus mise.

Le terrorisme les a remplacé larvée, plus guérilla que guerre.

La guerre moderne passe par Internet qui favorise le terrorisme.

Pas très rassurant de lire "Le djihadisme ne fait que commencer". 

Son histoire charismatique s'est construite à coups d'éclat. 

Minoritaire militairement, sa logique terroriste s'exprimait au dessus des majorités, des forts en gueule pour les déstabiliser, les ébranler par la terreur dans les esprits et la surprise dans la pratique de loups solitaires, de cellules, de katibas qui jouissent de la souplesse d'actions. Pas de peur de mourir, les kamikazes sont à nouveau opérationnels. 

"Plus stratège que guerrier, Mahomet avait guidé ses fidèles vers une conquête politique et militaire, avant d'être religieux, pour constituer un empire sur les ruines d'autres en pleine décomposition, de troupes épuisées par 30 ans de guerres entre Sassanides et Byzantins. Les Arabes, avant lui, se présentaient comme des professionnels de la guerre au service d'Assyriens, de Perses, de Grecs et de Romains. Seule la victoire était un signe d'élection divine sans velléité de conversion, ni d'imposition de centralisation à outrance par les califes qui suivirent.", diagnostique l'historien Eric Valet

Les techniques utilisées par le terrorisme de Sun Tsu préconisent de:

  • prendre les possessions de l'adversaire en entier et les conserver – si possible – intactes, en particulier les civiles, car l'ennemi d'aujourd'hui est le sujet de demain. Tout est relié, de sorte que la guerre faite à autrui a un effet sur le pays où elle est faite au moment où elle est faite, mais aussi par la suite sur le monde qui l'entoure. 
  • adopter le shi, concept de l'engagement de forces anodines pour faciliter la victoire repose sur la préparation, le travail, la bonne connaissance du terrain et des forces en présence par l'espionnage et l'adaptation aux circonstances en s'insérant dans le Tao, en allant avec le flux.
  • donner une cause morale, le « Tao », à la vertu de la bataille.
  • introduire les conditions climatiques, le « yin » et le « yang » de la pensée taoïste et des conditions manifestées par le chaud et le froid de l'alternance des quatre saisons
  • adapter les conditions géographiques aux variations topographiques de terrains ouverts ou étroits, aux plaines ou aux montagnes utilisables selon les types de troupes engagées
  • assigner un dirigeant qui doit être sage, honnête, bienveillant, courageux et strict
  • organiser et déléguer la discipline de l'autorité dans des zones de responsabilité au sein d'une organisation parfaitement comprises avec des châtiments exemplaires tout comme les récompenses.

0.jpgLa réflexion peut mener à la victoire par l'analyse des faiblesses de l'ennemi.

Une tactique avec l'accent de la psychologie du combat, par l'utilisation de la force de l'adversaire comme le ferait un judoka avec l'importance de la ruse et de la fuite avec les terre brûlée comme dernière initiative.

La loi du nombre de belligérants n'a, dès lors, plus l'importance qu'on lui assigne. 

Heureusement, à se mettre tout le monde à dos, Daesch et Boko Haram ont peut-être dépassé la limite du non-recevoir. Aux dernières nouvelles, ils veulent se rejoindre en un seul mouvement comme une tache d'huile.

 

L'affaire de la Grèce

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La Grèce disait au lendemain d'une réunion à Bruxelles qu'elle n'acceptera pas d'ultimatum de l'Eurogroup.

Puis, ce fut la Grèce qui mollit et l'Allemagne qui se durcit.

Que s'est-il passé?

Le problème grec est, quoique l'on dise, une question de mentalité et de largesse d'un côté et de minimalisme de l'autre.

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Donner le bénéfice du doute à Syriza avec l'ambition qu'ils aient un programme compensatoire d'investissements en échange de réformes?

Bien sûr, mais qu'en restera-t-il si ces réformes ne sont qu'une peau de chagrin?

La Grèce doit-elle être saignée à blanc pour servir les créanciers étrangers au nom de la solidarité européenne?

Bonne question, je vous remercie de l'avoir posée.

Quand les caisses grecques sont vides, que reste-t-il?

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La Grèce a subi un feuilleton de hold up  en rouleau compresseur avant de virer à gauche. L'antique pot de céramique grecque a rencontré le pot de fer de la Rühr.

Il faut se rappeler que payer ses impôts en Grèce est considéré comme du vol. 

Un quart des dettes du pays, 76 milliards d'euros d'impôts sont restés impayés, évaporés sous des cieux encore plus cléments que ceux de la Grèce comme les paradis fiscaux bien connus. La récession avait commencé son oeuvre de sape dès 2008. Le clientélisme et les banques grecques ont filtré les avoirs. La Grèce était devenu le maillon faible de la chaîne "Europe".  

0.jpgLa désillusion des Grecs vis-à-vis de cette dernière s'était même tournée dans un climat d'apartheid et de xénophobie qui avait poussé le parti d'extrême-droite de l'Aube dorée en avant plan.  

Le 20 février, un texte commun était signé avec la CE. Une rallonge de quatre mois. Un accord en trompe-l’œil mais sans cheval de Troie, a-t-il été dit.

Athènes avait-elle capitulé ou les nouvelles propositions grecques étaient-elles une farce?

Les deux, mon général.

Heureusement, le FMI et la BCE ne sont pas impressionnés par les propositions grecques. L'un tenait la barbichette de l'autre.

Pourquoi sommes-nous sortis si rapidement de la crise? Parce que nous n'avons pas écouté le FMI, ni l'UE? Ben voyons...

Dans l'ombre, la BCE travaillerait sur un scénario de sortie de la Grèce de l'euro dans un 'plan Z'.

Tiens, cela me rappelle "Z" de Costa Gavras :



Méfiez-vous d'un Grexit et de son effet domino.

0.jpgOn le dit tellement souvent et depuis tellement longtemps que l'Europe du nord pourrait se désolidariser de celle du sud.

Mais ce serait une sorte de guerre de Sécession pacifique avec une victoire à la Pyrrhus des deux côtés.

Pyrrhus 1er encore un grec en scène.

Décidément, ils nous avaient tout appris, ces Grecs...

Le 30 avril 2013, Philippe Maystadt, président de la BEI, était interrogé.

Il parlait de la "Méfiance de l'effet retour" des politiciens lequel aura comme par miracle un effet positif sur toute la ligne. Quand il y a diminution des impôts, il faut que la diminution soit compensée. La tendance au chacun pour soi que l'on voit poindre partout en Europe est préjudiciable et ne permettra pas de résister à la grande compétition mondiale. Dans un monde globalisé où la concurrence est devenue beaucoup plus forte avec d'autres parties du monde, il faudra mettre nos ressources ensemble avec des politiques communes plutôt que chacun dans on coin. L'Etat providence n'est pas tenable à politique constante, si cette politique n'est pas adaptée et on pourrait se retrouver, un jour, devant un catastrophe sociale. 

Le bureau du Plan montre qu'aucune de ces stratégies prise isolément ne permet de résoudre le problème pour assurer la soutenabilité du système au rythme des choix politiques qu'il faudra faire.

Le vieillissement de la population a déjà été pris en charge par des réformes mais pas assez loin pour garantir que les pensions puissent être payées dans une vingtaine d'années. Plus on attend pour les réformes, plus elles seront pénibles.

Une réforme progressive et annoncée comme en Allemagne, pourrait être prise comme exemple.

Le chômage de longue durée est lié au niveau de l'éducation.

Cela montre les problèmes de l'éducation.

L'enseignement secondaire est le plus grassement subsidié et est inférieur à la moyenne européenne dans ses résultats,tandis que l'enseignement supérieur va bien mais il souffre d'un manque de financement.

La variance des écoles est très dépendante même dans des écoles avec des élèves défavorisés. C'est dire si les méthodes pédagogiques adaptées sont importantes.

La soutenabilité est à réformer selon trois pistes.

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  • Le pré-financement et une réduction accélérée du poids de la dette pour financer les dépenses croissantes de soins de santé.
  • L'augmentation de l'emploi pour obtenir plus de cotisants pour le système de sécurité sociale.
  • La révision de certaines prestations pour accéder à la pension.

La théorie du "y-a-qu'à"à mettre en place.

Une théorie "clean" mais qui demande de la pratique... 

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Philippe Maystadt a été président d'un autre organisme appelé "Banque d'Investissement européenne", la BEI, fondée en 1958.

Il est dit à son sujet qu'elle est "la seule banque à appartenir aux Etats membres de l'Union européenne pour en représenter les intérêts, en étroite collaboration avec les autres institutions de l'UE afin de mettre en œuvre la politique de l'UE. Elle ne coûte rien aux citoyens ni ne dépend de la CE, mais participe au développement d'un pays en améliorant son infrastructure. Elle vise les PME pour qu'elles puissent se développer même à l'aide de microcrédits".

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C'est exactement ce que la Grèce désirerait. 

Pour ce faire, la BEI emprunte à de bonnes conditions pour prêter aux entreprises sans prendre de bénéfices. Son but: rendre les pays qu'elle aide rentables.

50 milliards d'euros sont mis sur la table par an dans ce but.  

Dans son histoire, on compte des projets comme des écoles en Ecosse, de l'eau à transformer en énergie en Espagne, des ponts au Danemark...

Adresser ces projets au niveau d'un pays dont la faiblesse a été de ne pas compter ses sous à temps tout en pensant pouvoir entrer dans la cours des grands avec l'euro qu'il était plus qu'une conversion de la drachme, il y a peut-être de la marge...

Là, je ne comprends pas...

La BEI et son nouveau comité de direction ne semblent d'ailleurs pas avoir compris l'ampleur de l'enjeu et ont sauté à pieds joints dans le projet grec.

Comme on dit, il faut choser, jouer au plus fin, bomber le torse et chercher au plus économe comme père de famille, au plus économique pour le patron de la grande boîte de Pandore dans la mythologie grecque.

Le PIB de la Grèce ne représente presque rien à l'échelle européenne et pourrait malgré tout ébranler l'édifice européen dans son ensemble.

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Le Sun Tsu grec pourrait être Yannis Varoufakis

Son livre,  « Le Minotaure planétaire » donne l'idée que le Minotaure, cela pourrait être lui avec sa formation d'économiste affilié à la stratégie des jeux.  Il a entrepris une guérilla avec la Troïka (BCE, CE et FMI), dont les règles sont d'une grande subtilité comme dans un théâtre japonais hiératique. Varoufakis se retrouve comme un taureau brutal dans un magasin de porcelaines dont les croyances se limitent à un catéchisme idéologique, d’une religion féroce d'extrême-droite, concoctée par l’école autrichienne et reprise par l’école de Chicago.

A contre-pied, il fait des croc-en-jambe au ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, qui n’arrête pas de répéter: « On ne comprend rien de ce que disent les Grecs.».

C'est un fossé, que dit-je, c'est gap, c'est un « rift » creusé avec la discipline allemande, pourrait-on dire pour paraphraser Cyrano.

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L’existence de la zone Euro est un truc plus ou moins branlant que seul d'habiles stratèges peuvent soutenir pour terminer cette construction européenne.  Quand une dette devient trop importante, la "divine" compétitivité imposerait de remettre les compteurs à zéro pour le pays comme si c'était une faillite commerciale.

Mais un pays n'est pas une société commerciale. Il a la vie devant lui et la petite Grèce doit chercher des allié face, à la "Puissante et incontrôlée Troïka" comme le démontrait ARTE. 

Vassilis Alexakis reconnaissait que "La Grèce, le berceau de la démocratie, des pensées philosophiques et de la médecine, est passée à côté de la Renaissance et du siècle des Lumières. Ce qui est son drame et son paradoxe alors que l'Etat est l'ennemi à abattre pour ne garder que l'organisation familiale et la richissime et intouchable Eglise orthodoxe et, en finale, vivre sur des mensonges.".

Les mots sont lâchés: "organisation familiale" et non pas étatique. 

Il faut se rappeler que payer ses impôts en Grèce est considéré comme du vol. 

Un quart des dettes du pays, 76 milliards d'euros d'impôts sont restés impayés, évaporés  dans les paradis fiscaux bien connus, sous des cieux encore plus cléments que ceux de la Grèce. 

De la Grèce, j'ai beaucoup de beaux et bons souvenirs.

1.jpgTrop beaux peut-être dans un cadre idyllique. 

Une première visite en 1972, lors de mon voyage de noces. Une époque de fin de dictature des colonels. J'allais pouvoir confirmer mes connaissances en histoire grecque, me rappeler des caractères grecs et, au besoin, scander les vers de l'Iliade et l'Odyssée avec le plus de zèle possible pour faire honneur à cette année d'humanité en grec ancien.

"Thanatos et Hypnos" en promenade, en quelque sorte.  

0.jpgEnsuite, ce furent tour à tour, ses îles innombrables comme Rhodes, Crète, Corfou, Kos, qui m'attirèrent sans jamais être déçu. Chacune a une histoire à faire pâlir d'admiration et d'envie les amateurs de patrimoine historique. 

En 2004, ma dernière visite dans le Péloponnèse. Une année pendant laquelle les JO allaient avoir lieu deux mois après ma visite.

0.jpgL'effervescence était alors à son comble et réservée à l'image de ces jeux pour qu'ils puissent rester intactes dans l'esprit des touristes. Une image qui, malgré l'extase, est tombée dans le cataplasme bien plus tard car elle cachait totalement le pillage des biens publics sous-évalués à destinations des intérêts étrangers, des gros propriétaires grecques qui se sont localisés à Londres ou de Chinois qui ont trouvé une bonne base de lancement de leurs produits à partir du port du Pirée

Les feux de forets de l'été 2007, criminels ou suites à des négligences, mal maîtrisés, sonnèrent le glas et les prémisses de la crise actuelle.

Depuis 2010, les danses de Zorba ne se déroulent plus comme précédemment ou alors pour les beaux yeux des touristes. La troïka est passée par là. 

 


L'Ukraine.

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Le 20 février dernier, parallèle dans le temps avec  l'accord avec la Grèce, il y eut la cérémonie à Kiev,  avec des drapeaux bleu et jaune, pour commémorer le conflit meurtrier de la place Maidan, la place de l'Indépendance.

Le rappel des dizaines de manifestants pro-européens abattus par des policiers anti-émeutes.

"Une révolution pour la démocratie", était-il dit. Tout le monde croyait avoir tiré la bonne carte, même l'Europe, quand Ianoukovitch avait été destitué alors qu'il s'agissait d'un coup d'Etat pour d'autres. Une démission pour éviter d'autres bains de sang, d'après l'opposant Vitali Kitschko. Il ne savait pas encore que c'était la guerre qui l'attendait avec deux visions du monde, deux points de vue qui s'affrontaient: 

  • Le bloc occidental, européen, américain, protestant et capitaliste imposée par une guerre froide
  • Le NOD qui revendique un eurasisme russe, orthodoxe, musulman et socialiste imposé par la force d'une guerre chaude comme seule alternative.

Le livre "Etranger dans le mariagede Emir Kusturica montre cet autre côté de la plaque et dit que "Là où l'Occident veut répandre la démocratie, les catastrophes suivent". 

0.jpgPessimiste, il ajoute "J'ai peur que la période de stabilité par la paix en Europe ne touche à sa fin".

La démocratie qui croit pouvoir imposer l'harmonisation occidentale suivant ses propres règles majoritaires, ne fonctionnent pas de la même manière à l'est.

La multiculturalité a été perdue dans la bataille même si elle est nécessaire pour vivre ensemble dans nos différences avec le commerce comme intermédiaire. L'embargo est loin d'être une solution à long terme. 

La solidarité et l'amour font partie des repères des majorités silencieuses. Elle s'allie à la technologie de l'information que l'est désigne comme du fascisme et mène à une allergie envers les occidentaux. 

Les fanfaronnades et les déclarations tonitruantes du côté occidental qont face aux actions en arrière-plan de Poutine. Ce dernier ne fait pas la guerre en allant au front. Il s'en préserve bien. Lui aussi, il a suivi les cours de la guerre aux KGB dans lesquels Sun Tsu devait avoir une place.

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Nemtsov, éliminé, récemment. 

Il était clair qu'il n'était pas une figure de proue des opposants.

Ces derniers ont été rayés de la carte.

Poutine a réagi en disant: "Ce meurtre affreux a été commandité et est une provocation".

Personne ne se met en cause. Au jeu d'échecs ce serait un Pat plutôt qu'un Mat.

Aujourd'hui, la guerre est secrète, révélée dans un face à face par la presse entre opposants au pouvoir russe et ceux qui soutiennent Vladimir Poutine.

Un assassinat pour déstabiliser la situation politique en Russie?

L'oeuvre des services secrets de l'occident qui voudrait en faire un martyre?

La piste islamiste?

La spécialiste Nina Bachkatov signalait la sourdine parmi les contestataires les plus virulents de l'intervention en Ukraine contre la personne de Nemtsov, alors que les réseaux sociaux ne le ménagent pas. Un signe qui ne trompe pas.

«Deux suspects ont été arrêtés: Anzor Goubachev et Zaour Dadaïev ». Deux hommes originaires du Caucase. Parmi les hypothèses avancées en Russie sur l’assassinat de Nemtsov figurent ses critiques du rôle de la Russie dans le conflit en Ukraine, et sa condamnation des assassinats à Paris des journalistes de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, avait accusé les « services spéciaux » russes et le Kremlin.

Mais, le résultat des courses, la consolidation autour de Poutine se renforce encore. Aucun opposant n'est suffisamment crédible pour menacer Poutine. 

0.jpgEn Crimée, lui a gagné la guerre sans combattre à la méthode Sun Tsu (1)(2).

Monolithique, le Kremlin?

Il suffit de voir le documentaire "Moi, Vladimir Poutine" pour s'apercevoir de l'autorité qu'il doit faire preuve pour conserver un rideau de partisans et pour conserver son siège au sommet de la table.

Suivant un mémorandum, "La Russie aurait même planifié l'organisation de la crise ukrainienne" dans un complot, dirigé par le riche, Konstantin Malofeev

Tout est téléguidé aujourd'hui. Ce sont les drones qui font la guerre et moins les hommes.

Alors, comme le fossé entre l'Occident et Russie s'est creusé dans les esprits,  on se demande qui pourra le remplir? 

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Pas vraiment les Etats Unis surnommés les "gendarmes du monde".

Là, c'est fait du même tabac.

Dans le même parti démocrate, une guerre larvée peut avoir des accents de vendetta, comme le livre de Bernard Klein l'explique dans "La guerre des clans".

Les Clinton et les Obama sont, malgré les sourires affichés, des rivaux avec une détestation farouche, voir une haine viscérale toutes deux poussées par des ambitions inavouables. 

 

0.jpgConclusions: 

Ce mois-ci, le "Monde diplomatique" titre "Une gauche assise à la droite du peuple". Un article qui parlait d'escamoter les antagonismes entre les classes sociales au profit d'approches plus accessibles à des masses supposées dépolitisées. Eviter que la masse du peuple soit contre des élites. Rendre les inégalités plus acceptables par le respect des valeurs démocratiques qui n'est qu'un jeu de chaises musicales. Et, en finale, mettre les minorités possédantes entre parenthèses. 

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Pourtant l'histoire bégaye. Les populations ont tendance à sécuriser leurs acquis et craignent les réformes des élites quand comme des prophètes, ils arrivent à contre-courant et exhibent leurs idéologies pour apporter l'oxygène.

La démocratie pousse les thèses majoritaires au pouvoir. Elle subit des revers et n'arrivent pas toujours aux résultats espérés à cause de sa volonté d'ignorer les minorités et de pousser l'économie comme une idole.

Les déculottées ne sont pas un drame si on connait la manière de rebondir à sortir des mensonges et des beaux discours jamais reflétés par des actes en conformité. Quand on atteint le fond, il est toujours beaucoup plus facile de rebondir. 

0.jpgLe pouvoir, l'argent et le sexe ont toujours fait et défait les destinées du monde. L'un dépend de l'autre.

Le système démocratique se perpétue dans les pays occidentalisés et fonctionnera bien tant qu'il ne dérange pas et que le chaos ne s'installe pas à désespérer de la stabilité dans un principe anthropique.

Toutes les entités ont une taille critique à ne pas dépasser.   

La géostratégie a évolué en fonction du droit et de la démocratie en Occident. 

Le nivellement par le bas s'est poursuivi.0.jpg

Le goût de la beauté des choses s'est évaporé ou s'est rétréci au fur et à mesure de sa progression en tombant dans un goulot d'étranglement.  

En surpoids, on se serre la ceinture jusqu'au niveau familial.

"Très chère austérité"écrivais-je, un jour.

Une "opération marketing", une "intox", s'en est suivie. 

Les réalités du terrain ont grappillé les derniers espoirs et chacun s'est retranché derrière son propre intérêt ri-kiki.

Pas étonnant que les terroristes détruisent les œuvres d'art, les idoles et le patrimoine du pays qu'ils occupent. L'UNESCO a qualifié cet acte de "crime de guerre". Les iconoclastes ont toujours existé.

De Sun Tsu, j'ignorais tout avant qu'un bon copain, aujourd'hui disparu ou perdu de vue, avait choisi ce pseudonyme. 

Il était loin du maillon faible. Il m'avait défenduIl habitait à l'époque Boulogne-sur-Mer. Si jamais vous savez comment le joindre, prévenez-moi. 

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En Belgique, on constate que le modèle flamand, dit le maillon fort de la politique belge, le "Valaanderen in Actie" a été liquidé par ses concepteurs.

Le mythe s'est achevé quand la grenouille a voulu devenir aussi grosse que le bœuf.

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Aujourd'hui, un autre maillon faible est à l'honneur. C'est la journée de la femme et cela mérite une caricature en rapport avec l'actualité qui précède. 

Que les meilleurs continuent de gagner, bien sûr. 

A condition, toutefois, qu'il reste encore quelqu'un pour jouer le jeu de l'économie en se foutant du plus ou moins offrant et à se contorsionner un peu comme "Christine and the Queens" avec autant de grâce et de minceur d'une femme en costume d'homme qui fusionne les contraires, joue des doubles et des masques:



ou avec l'humour des Chevaliers du Fiel.

 

L'enfoiré, 

 

Citations de Sun Tsu: 

  • « Jamais guerre prolongée ne profita à aucun pays. »
  • « Soumettre l'ennemi par la force n'est pas le summum de l'art de la guerre, le summum de cet art est de soumettre l'ennemi sans verser une seule goutte de sang. »
  • « Toute guerre est fondée sur la tromperie. »
  • « Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait. Qui se connaît mais ne connaît pas l'ennemi sera victorieux une fois sur deux. Qui ne connaît ni son ennemi ni lui-même est toujours en danger. »
  • « Ne laissez pas vos ennemis s'unir. »
  • « En tuer un pour en terrifier un millier. »
  • « La guerre est semblable au feu, lorsqu'elle se prolonge elle met en péril ceux qui l'ont provoquée. »
  • « Il n'y a pas de forteresses imprenables, il n'y a que des mauvais attaquants. »

 

Mise à jourBertand Henne, dans sa chronique quotidienne, faisait une métaphore avec le cyclisme de compétition avec la question "comment sortir du peloton et tenter une échappée avec le minimum d'efforts?". Procéder par des manœuvres de recentrages en se faisant tirer par une autre équipe quand le vent est de face et en finale garder le dopage comme dessous de table de la corruption pour escamoter les virages des contrôles fiscaux.

podcast

 


Et ça roule mieux en numérique?

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On parlait récemment de l'automobile vue au "Consuler Electronic Show" de Las Vegas comme une "Nouvelle Reine Geek". Remontons le temps...

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Le future

L'auto connectée et intelligente est à la croisée des chemins entre auto et high-tech et mettrait fin à l'auto de papa en devenant un objet hybride.

L'Internet des objets puise sa nouvelle inspiration dans l'automobile donnant-donnant.

Hyperconnectées au projecteur laser, les voitures assureraient la sécurité au passage de piétons

Les brevets en motorisation hydrogène et électrique se succèdent. L'hydrogène alimenterait l'électricité en énergie avec une pile à combustible. L'électricité synchrone, alimentée en permanence de 154 CH par des batteries ou des piles par oxydation de l'hydrogène compressé dans un réservoir de 5 kg (comme dans la Mirai). 

Le système permettrait une autonomie de 500 kms sans production de CO2, uniquement de la vapeur d'eau..    

Plus de "touchscreens" sur le tableau de bord pour réveiller le fameux ordinateur de bord avec affichage digital LED.  

Le toutch serait mains-libre puisqu'un capteur 3D se charge de répondre à un appel en approchant la main, à distance, avec les mêmes mouvements de rotation de la main comme sur une tablette.

La "ToutchCommand" est d'ailleurs une tablette autonome, très lisible de 10 pouces gérant climatisation, musique, massages et position du siège.

L'écran pourra afficher simultanément des fenêtres avec répertoires téléphoniques, playlists et zoomer au besoin avec deux doigts.

Espace névralgique d'infos divertissements. A l'arrière, les enfants pourront même proposer une destination de navigation au GPS au conducteur qui resterait seul maître à bord.  

Dans la calandre, tout est prévu pour éviter le piéton qui traverse sur les passages cloutés ou une voiture qui prendrait sa priorité.

Le pare-chocs arrière reproduit l'ombre du passant pour dissuader le véhicule arrière d'un dépassement risqué. Tout est prévu pour organiser la recherche d'une place de parking. Quant à l'éclairage, il harmonise dynamiquement la texture avec le piéton ou l'animal qui s'aviserait à passer devant la voiture. Bizarre qu'il existe des air-bags pour protéger les passagers de la voiture et aucun pour les piétons.

La bagnole mutera grâce au numérique, qu'on se le dise.  

Nous entrons par la voie royale  dans le domaine de la voiture personnalisée aux habitudes de son utilisateur. 

La smartwatch veille au travers du BlueLink pour commander la voiture à distance.

Soyons smart jusqu'au bout des ongles, disais-je aussi.

Il n'y a plus qu'à accélérer la sortie de ces voitures hybrides.

D'ici peu, mains sur le volant et yeux braqués sur la route ne seront même plus indispensables.

De nouveaux constructeurs de voitures s'installent sur le marché comme Google.

S'il n'y a pas de "leaks", ce soir, pour GoldenEye alias James Bond, il lui faudra retourner chez Mister Q.

Il parait que les voitures sans conducteur vont transformer nos villes:

  • De nombreux parcs de stationnement disparaîtront: des véhicules autonomes chargés d'embarquer les usagers et de les conduire à la destination souhaitée, pour, ensuite, s’occuper immédiatement d’autres passagers et de grandes zones de stationnement pourraient être réaménagées.
  • Plus de feux de circulation: des systèmes automatisés permettront de fluidifier le trafic des voitures autonomes aux croisements.
  • Expansion des villes: les déplacements s'effectueront de manière bien plus rapide et efficace.
  • Les centres commerciaux disparaîtront: les commerces pourront se relocaliser en centre ville.
  • Renaissance de l’automobile: les espaces internes seront agrandis, et les passagers pourront ainsi se livrer à des activités professionnelles ou de loisirs durant leurs trajets.

Le numérique manipule des sous, de gros sous. Tout se paye.

Mais au fait, aurait-on vraiment inventé la poudre miracle pour éviter les bouchons sur les routes?

Selon les prévision pour les années 2030-40, 75% de "Google Car" ou d'autres voitures autonomes rouleraient entre 40 et 50 kms/h.

Le niveau 4 d'autonomie est déjà atteint avec un volant et des pédales devenues de simples accessoires. 

Radar, camera, lidar (laser) pourraient rendre la voiture autonome et automatique par scannages de la route en temps réel en réagissant bien plus rapidement que l'homme ne pourra jamais réaliser.

Par cette voie, les spécialistes de "Navigant Research" prévoient un débit cinq fois supérieur en centre-ville.

Le GPS peut informer de la vitesse autorisée à un endroit donné. Le limitateur de vitesse de croisière sert à limiter à un maximum de vitesse. Mais aucun concepteur n'a encore osé avoir l'idée de réunir leurs fonctionnalités propres.  

Le numérique s'est installé pour augmenter la sécurité, mais est-ce la panacée?

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Le Science & Vie de février contient un dossier sur ce que l'on peut attendre comme développements futurs de la voiture autonome.

Les avantages et les inconvénients y étaient bien départagés.

Un rappel s'impose: la plus performante des voitures autonomes sollicite toujours l'avis de conducteur. Plus la voiture est autonome, plus il faut surveiller le conducteur pour éviter qu'il ne s'endorme au volant.

Une constatation: les logiciels devront intégrer une logique humaine donc personnalisable. Homme et technique devraient profiter du partage d'expériences. 

La voiture munie d'une boîte de vitesse automatique, une affaire déjà ancienne. En Europe, s'il n'y a que 10% de voitures qui en jouissent, aux Etats Unis, c'est devenu un standard. Cela reflète les différences de cultures entre automobilistes.

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De l'autre côté de l'Atlantique, on ne parle plus de vitesse entre deux villes, mais de temps pour les rejoindre. 

Un article informe, qu'Apple serait en train de développer son propre véhicule sans conducteur. 

"En train de...", il est vraiment comique ce titre de cet article.

La concurrence, toujours la concurrence. 

Puisque la concurrence existe avec Google, des questions se posent au sujet de l'autonomie de ces petites voitures qui digèrent la route à petite vitesse: Google envisage aussi de faire de la concurrence à Uber dans le domaine de réservation de voitures au parking.

Car il faut aussi la garer, cette putain de bagnole. 

Enfin, ils va falloir éviter le piratage dans nos déplacements.

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Imaginons une situation "loufoque" mais "plausible" dans un futur proche.

Vous avez un ami qui vous veut un "bien fou".

Vous roulez en automatique dans un confort qui fait rêver à 50 km/h sur une route bien droite, bien calme avec des arbres sur les côtés. Votre bagnole est tout à fait autonome. Vous regardez le paysage. Tout à coup, la bagnole prend la tangente dans un virage inattendu, un écart inimaginable et vous projette contre l'un de ces arbres. Une autre voiture vous suivait avec un bon joystick et vous observait depuis un temps... Crime parfait. 

Empêcher la prise de contrôle d'un véhicule nécessitera pare-feu, cryptage, anti-virus et certificat d'authenticité.     

En matière de mobilité, la concurrence entre les villes pourrait être un enjeu commercial de demain.

 

Le présent

Cela me rappelle mes articles sur le sujet:

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Une phrase d'un des articles revient lancinante: "dans un futur pas tellement éloigné, nos petits enfants (ou les suivant) se demanderont comment il a pu être possible à leurs aïeux de prendre la route avec si peu de sécurité et autant de risques à la clé en prenant leur voiture sans l'aide de sonars évitant les collisions et les obstacles qu'ils auront, eux, alors à leur disposition".

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Le moins que l'on puisse dire, c'est que les progrès prêtent parfois à sourire ou pire grimacer surtout à Bruxelles:

  • Les moyens pour l'atteindre sont de plus en plus engorgées. 
  • Les parkings, quand ils existent, commencent à en foutre plein la vue des habitants même sous-terrains. 
  • Les camions envahissent nos routes et quand ils se couchent sur le flanc, la route prend un temps infini pour être dégagée. La plaie de nos déplacements. Les accidents avaient diminué avant de repartir à la hausse. Accidentogènes, nos autoroutes! Au "fameux" virage du Carrefour Léonard, le cauchemar devient litanie comme mercredi dernierCette semaine, "Question à la Une" revenait sur le sujet dans le détail.
  • Le travail à domicile, mieux accepté, s'est accru avec les possibilités de l'informatique et d'Internet. Dans une sorte de téléportation, cela ferait penser à "Home sweet work" ...
  • Le parking le long des rues, cela reste un cauchemar même avec les parcmètres payés à la minuteà l'aide de son smartphone.
  • Le vélo a partiellement remplacé la voiture pour se rendre au travail. Nos "villo" se retrouvent plus souvent. Le vélo électrique s’immisce dans de nouvelles opportunités et les pistes cyclables se sont mieux organisées.

On apprend que les entrepreneurs flamands refusent les chantiers s'ils doivent se produire de l'autre côté de la ville de Bruxelles. Bruxelles, la capitale européenne des embouteillages!!!

Chaque navetteur y perd en moyenne 83 heures par an. Un quart en plus depuis 2012. Dans la région, 93.703 entreprises attirent 700.000 travailleurs dont la moitié habite à l'extérieur de Bruxelles. Alors, faire de la vitesse sur le Ring qui l'entoure aux heures de pointe, faut pas trop espérer.

Nos spécificités sont dignes d'une histoire belge.

Eviter les accidents, d'accord.

Eviter de les provoquer, c'est encore mieux.

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Récemment, au sujet des solutions pour luter contre les excès de vitesses, Thomas, toujours lui, avait son mot humoristique sur le sujet:podcast  

 La vitesse c'est ringard, Monsieur. On a plus le temps de voir le paysage à petites vitesses.

Si dans les files, tout serait bon en définitive pour en faire un passe-temps champêtre, sur autoroutes, il faudra attendre d'autres incitants printaniers!

Le Ring, les routes qui ceinturent les villes, en principe, sont réservées aux parcours de grandes distances et contourner les villes à des vitesses supérieures. 

Si ça roule déjà en numérique, on roulera encore plus dans des choix binaires dans le futur...

La crise a-telle tout changé?

Question bête, méchante. Embarrassante pour les vendeurs, même.

Mi-août 2014, on lisait: "Les voitures 'durent' plus longtemps. Depuis 20 ans, chaque année, l’âge moyen du véhicule du Belge augmente alors que les immatriculations de véhicules 'neufs' s’affichaient en croissance dans l’Union européenne". 

Fin 2013, selon les chiffres de la Febiac, un véhicule immatriculé en Belgique atteignait un âge moyen de 8 ans, 1 mois et 14 jours et "seulement" de 7 ans, 10 mois et 21 jours, il y a cinq ans.

La voiture que les médias ont toujours présentée comme l'outil de la liberté, approcherait de la "vieille poubelle" française qui affichait, en 2013, 8 ans et 3 mois d’âge moyen? Non, il y a le contrôle techniques.

Mais des véhicules de plus en plus fiables et des entretiens devenus de plus en plus éloignés dans le temps. Quand le moteur, la courroie et l’embrayage tiennent, pourquoi changer? Le climat économique a bridé les achats impulsifs. (article)

Une voiture sur quatre est une voiture en leasing en Belgique.

Le parc automobile se dégraissait de ses véhicules trop polluants.

Le "turnover" rajeunissait artificiellement la "voiture belge" pendant des années et les marques automobiles ont profité du renouvellement particulièrement rapide des flottes de véhicules d’entreprise, pesant pour plus de la moitié du parc automobile.

Puis les sociétés ont demandé de prolonger la durée de leurs contrats de leasing ou renoncé à de nouvelles commandes.

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La tendance découlerait aussi d’une certaine logique de l’OCDE qui estime que la Belgique ferait mieux de revoir à la baisse les avantages fiscaux liés aux voitures de société. Non seulement pour réduire les émissions de carbone et la congestion des routes, mais aussi parce que tout cela a un coût moyen de 2.763 euros de subventions par an et par véhicule.

En janvier 2015, au salon de l'auto de Bruxelles, ce fut un record, a-t-il été dit. 

Tout le monde semblait content au salon considéré comme un endroit que l'on fréquente en famille. 

De 10 à 30% d'acheteurs en plus, 427.000 visiteurs alors qu'il ne s'agit que d'un petit salon de l'auto, en principe réservé aux véhicules utilitaires et pas un salon de véhicules pour particuliers.

La baisse du prix du pétrole a-t-elle donné des idées de déplacements?

En grattant les statistiques de la Fédération Belge de l’Automobile, il apparaît que les Belges se laissent séduire par le lowcost lors de l'achat de leur nouveau bijou sur quatre roues. 

C'est en "entrée de gamme" et "haut luxe" que le marché automobile s’est polarisé et les enseignes généralistes trinquent. 

Une extension dans un palais était réservé aux "Dream cars". Un constructeur de voitures de standing annonçait 600 offres sur une seule journée. Oui, la voiture fait encore rêver.

En Belgique, pas ou plus de marques de voitures typiquement belges. Pourtant, le pays fabrique beaucoup de voitures... étrangères.

Il faudrait déterminer ce que l'on veut et ce qu'on peut en tant que pays européen.

Les transports en commun, la solution idéale en principe.

0.jpgOn apprenait que les trains pourraient augmenter leurs tarifs aux heures de pointe.  

Thomas en parlait de manière humoristique en se rappelant du passé du train:

podcast

Comment faire puisque les trains et les transports en commun sont soumis aux seules règles du respect économique?

On ne sait d'où ils sortent, mais tous les médias parlent toujours de transports en communs comme la solution du déplacement de demain. A mon avis, ils doivent être des extraterrestres ou des médias qui écrivent à partir de très loin de Bruxelles.

- La route est trop peu chère, dit l'écolo.

- Il faudrait réduire les entrées la largeur des artères qui mènent dans Bruxelles, répond le socialiste.

- Il faudrait enterrer les routes sous les villes et ajouter un troisième Ring, autour de Bruxelles, comme les trois corniches à Nice, termine le libéral. 

Aujourd'hui, commence la saison des F1 en Australie. Le présent se confond toujours avec le passé le plus glorieux.

 

Le passé:

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La concurrence entre les constructeurs fut rude depuis les débuts de l'histoire de l'automobile.

Celle qui a existé entre Citroen et Renault, a été épique dans la concurrence:

podcast

L’OCDE estime que la Belgique ferait mieux de revoir (à la baisse) les avantages fiscaux liés aux voitures de société.

Il existe encore des voitures de rêves qui ne font pas partie de la catégorie du rayon tout-fait.

A Liège, Jean-Paul Rosette, le Mister Carat-Duchatelet, construit des voitures de prestige sur mesure, dont le prix varie de 300.000 à un million d'euros, en fonction du blindage, du rehaussement ou de l'allongement désiré par ses clients fortunés qui se foutent parfaitement de la numéricité de leur engin.

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Des voitures ancêtres avec une valeur nominale de 100.000 euros sont aussi restaurées dans leur parc.

La croissance des voitures super-luxueuses dépasse maintenant celles des voitures ordinaires d'après cet article

Revenons à nos moutons. Enfin, ceux que l'on tond mais qui n'ont pas la tête de moutons.

La question initiale du titre était "si ça roulait en numérique?" et surtout si cela roulait mieux.

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Qu'on le veuille ou non, le numérique fait de plus en plus partie de notre vie, mais il ne faut pas trop pousser le programme dans ses boucles itératives ou itinérantes.  

Comme en tout, il faut penser aux garde-fous, se garder de tout solutionisme et des dérives que le numérique pourrait apporter comme la protection des individus.

Alors, si on faisait malgré tout, un recul dans le temps?

Une promenade à bord d'un des ancêtres, dans une voiture que l'on dit de collection?

Aucun confort, aucune électronique, aucune sécurité renforcée, des bagnoles où tout est mécanique et ou l'électronique n'est pas encore apparue...

Elles ont toujours des adeptes aujourd'hui comme le montrent ces photos.

Les adeptes n'en ont cure de la vitesse et du modernisme. 

Le problème serait considéré comme non-dangereux, s'ils ne partageaient pas  la route avec d'autres et prenaient de circuits privés.

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Un couple de voisins, à bord d'une Triumph de collection, fut victime d'une collision frontale en juin 2013 sur la levée de la Loire avec une Peugeot 308 qui avait franchi la ligne blanche. (voir l'article de presse de l'époque). De nombreuses opérations, de nombreux mois de convalescence ont été nécessaires sans jamais pouvoir restaurer ce qui pouvait encore l'être. Je ne parle pas des voitures, bien sûr.0.jpg

Peut-être avaient-ils tout compris dans leur choix. Je leur dédie ce billet. 

Dans un match avec le modernisme, une voiture ancienne ne fait pas le poids mais elle gagne en plaisir. 

C'est fou, non?

Reviendra-t-on un jour à la voiture en tant qu'outil du voyage et d’agrément et plus un engin de vitesse?

Nous sommes à l'époque de la télé-réalité et de la vitesse. Cette semaine, ce fut le crash... en hélicoptère et la France est en deuil.

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Il y a trois ans, c'était la Belgique lors de l'accident de Sierre.  

Ne reste-t-il que la marche avec Marie-Hélène & Marc dans un tour plus pédestre?

Partir, se bouger, c'est toujours finir par prendre des risques et mourir un peu.

Il n'y a rien de plus dangereux que de vivre.

Ou alors, un retour sous la couette...

 

 

En 1976, Sheila chantait.... 

   

 

L'enfoiré, 

 

Citations:

  • «Un piéton est un monsieur qui va chercher sa voiture.», Frédéric Dard
  • «On appelle voiture d'occasion une voiture dont toutes les pièces font du bruit, sauf le klaxon.», Pierre Dac
  • «La voiture est le troisième testicule de l'homme moderne.», Rimdelaire

On n'est pas si bête

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Il y a deux ans, j'écrivais "Créateurs d'étincelles". Le but, pousser les jeunes à entreprendre des études de Sciences qui comme beaucoup d'autres connaissent les affres de l'austérité. L'éthologie, je l'avoue, je ne connaissais pas. Tous les dimanche matin, la philosophe éthologue, Vinciane Despret nous en parle avec le titre "On n'est pas si bête".

0.jpgWiki dit:"L'éthologie est l'étude du comportement des espèces animales dans leur milieu naturel. Au niveau théorique, l'éthologie peut s'apparenter à la biologie du comportement animal et surtout à la biologie de l'interaction intraspécifique. 

Branche zoologique de la biologie créée en 1854 par le naturaliste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. 

Observer les hommes à travers des animaux, voilà, quelque chose qui parait intéressant, si pas important pour approcher notre psychologie, évaluer notre manière de vivre par l'intermédiaire des animaux.

Savoir comment on les regarde pour dire comment on est. Trop entaché à la vision humaine anthropomorphique, l'homme pense qu'il se trouve avec un identique de lui-même avec des sentiments qui approchent à l'humanisme.

La réaction naturelle est de chercher nos différences avec les animaux, ce que Vinciane Despret répond par la constatation de l'absurde de faire des généralisations simplistes: podcast

Des questions se posent:

  • Les animaux ont-ils un visage entre eux et reconnaissent-ils le nôtre?
  • Ont-ils conscience d'eux-mêmes?

Vinciane, l'éthologue de cœur, répondait en plusieurs étapes hebdomadaires.

Voici les podcasts: 

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Constatations à choix multiples qui démontraient qu'il n'y avait rien de simple dans l'analyse.

Nous en avons un visage pour les animaux puisqu'ils nous reconnaissent et différencient le leurre par rapport à la réalité. De plus, ils se sentent plus en confiance quand ils remarquent que nous sommes affables, plutôt qu'en colère.

Est-ce le visage ou la forme globale d'un "objet" en face des animaux qui importe?

Le visage entre dans nos propres codes culturels et les animaux ont probablement d'autres codes de conduite. Entre hommes, l'affect se limite à la tête et au côté vestimentaire tandis que l'animal, cela pourrait être la vision globale, en gros plan, dans la reconnaissance de l'autre.  

"Les abeilles savent compter et reconnaître un visage humain".

Tout est une question de l'intérêt qu'elles en ont trouvé pour le réaliser.

Dans le VIF, l'interview de Vinciane Despret commençait en apportant la place des femelles, de l'homosexualité, de l'altruisme chez les oiseaux et les singes.  

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Au sujet de l'altruisme, dernièrement, les Indiens avaient observé tout ému, un singe qui avait été électrocuté dans une gare et qui avait été ranimé par un congénère après plusieurs tentatives différentes. Une fois, son "travail" effectué, le "sauveur" reprenait sa vie comme avant, tout comme le faisait la victime de son côté.

 

 

Et l'homme dans tout cela?

La Fontaine a très souvent utilisé les animaux dans ses fables pour définir des aspects psychologiques et sociologiques des hommes. 

0.jpgLa fable "L'Homme et son image" commence par ces vers:

Un Homme qui s'aimait sans avoir de rivaux

Passait dans son esprit pour le plus beau du monde:

Il accusait toujours les miroirs d'être faux,

Vivant plus que content dans son erreur profonde.

Afin de le guérir, le sort officieux 

               Présentait partout à ses yeux

Les conseillers muets dont se servent nos Dames,

Miroirs dans les logis, miroirs chez les marchands,

               Miroirs aux poches des galants, 

               Miroirs aux ceintures des femmes.

 

L'homme est devenu 'sarcophage', constatait Vinciane dans le Vif.

Si l’anthropologie est dépassée par l'éthologie, l’anthropomorphisme l'est par la biologie. 

Notre logique humaine est dépassée et a trop été extrapolée sur les animaux.

Les préjugés sont trop nombreux et une vision plus généraliste, plus biologique est nécessaire.

Notre vision partisane parle de mâles dominants et de femelles soumises. 

Les singes mâles adoptent d'autres comportements parce qu'ils se sentent en position de fragilité, contrairement aux femelles.

Quand les mâles passent d'un groupe à l'autre, ils doivent toujours se faire accepter et respecter dans le nouveau groupe.

Les femelles n'ont pas à le faire parce qu'elles ont observé la situation plus longuement et ont fait modifier leur savoir collectif.

Le concept du machisme produit par la défense du territoire laissant les femelles dans des tâches secondaires, est donc faux.

L'éventail des comportements est un peu comme les différents groupes humains sans aucun modèle global. 

Généraliser les conclusions au niveau biologique dépend toujours de l'environnement et de l'adaptation qui en est faite dans le temps en suivant l'évolution avec une personnalité de plus en plus propre.

Pas de clichés pour définir et cataloguer les animaux, même pas d'une même espèce.

0.jpgDis-moi comment tu regardes un animal et je te dirai qui tu es et laisse imaginer l'animal comment tu es par la même occasion.  

Dans le cas contraire, on traverse des vérités en vendant l'animal en barquettes ou morceaux indifférenciés et tous se retrouveraient sous forme de hamburger dans l'assiette. 

Le hors série de Science & Vie du mois de mars parle des grands singes que l'on commence à comprendre: langage, culture, sens moral qui passe par l'altruisme et l'empathie. Les capacités mnésiques seraient même plus importantes que chez l'homme.

"Le babouin, l'avenir de l'homme?".   

"Médecin comme un singe", un article du Vif en rapport avec une exposition au Muséum de Paris, avait un préambule qui disait "Plus l'homme étudie les chimpanzés et leurs cousins, plus les frontières s'estompent. Empathie, altruisme, langage,... sont partagés avec les humains, jusqu'à des leçons d'automédication. Un simple regard échangé avec eux renvoie notre propre humanité". 

Dans certaines forêts tropicales, ils ont des connaissances en matière de plantes médicinales pour des raisons médicales que l'on appelle la zoopharmacognosie. 

L'homme ne descend pas du singe, il est un singe avec en plus un instinct d'imitation dans son acquis héréditaire, ses gènes et par ses expériences.

Nous sommes des hominidés cousins dont les lignées se sont séparées, il y a 8 à 10 millions d'années. Notre patrimoine génétique identique à 98,5% le prouve. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes des copier-coller.

La primatologie de terrain date des années 1960.

Depuis, les préjugés tombent un à un.

Pas d'angélisme, les singes n'ont pas que nos bons côtés, ils savent fabriquer des outils et des armes. Le langage des signes, les cris et leurs gestes leur permettent de dialoguer. 

Les bonobos considérés comme les "hippies de la jungle", résolvent les crises en faisant l'amour. Granivores, ils jardinent.

0.jpgL'orang-outan est frugivore tandis que le gorille peut devenir quasiment herbivore. 

Si les animaux meurent à l'abri des regards de la population, ils n'en demeurent pas moins qu'ils sont étudiés, le plus souvent, dans le détail dans des laboratoires animaliers et pas dans leur milieu naturel.

Ce qui fausse les résultats.

La vache devient ainsi du bœuf et le cochon, du porc.

Ce n'est qu'une question de vocabulaire sans distanciation des synonymes temporels et positionnels dans l'espace qui n'existent pas dans le langage animal. 

 

Les "plus belles" conquêtes de l'homme

Faire une recherche d'images sur Internet avec le mot "éthologie", c'est recevoir un résultat qui pour 80% représente l'éthologie équine.

Le cheval est considéré comme la plus belle conquête de l'homme.

Le film "L'homme qui parlait à l'oreille du cheval" n'en est qu'une conclusion logique.

Manger du cheval, nous en mangions plus dans le passé qu'aujourd'hui:podcast.

Devenu trop noble et pas à la mode culturellement, on a muté notre nourriture vers la vache.

Le cheval a pris moins de valeur dans la nourriture et le prix du bœuf s'est renchéri d'autant.

On se rappelle du scandale des lasagnes...  

La vache est encore vénérée en Inde.

La basse cour est douée d'intelligence pour trouver ses friandises. 

Pour les uns, manger du cochon parce que d'après la pub, dans le porc tout est bon mais c'est interdit d'en manger parce que ce n'est pas halal pour les autres. 

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(extrait de Franzine et Zebra 

Pour utiliser le chien, on suscite son intelligence olfactive parce qu'on estime qu'il pourrait être plus efficace.0.jpg

Du coup, on ne mange le chien qu'en Extrême-Orient.

Le loup n'a pas plus peur de l'homme car il est protégé par nos lois occidentales, qui disent qu'on ne peut plus le chasser.

Le chat n'a plus la fonction de dératisation à laquelle l'homme l'avait désigné et est devenu l'animal de compagnie dans une seule relation affective.

Le chien a une psychologie évoluée.

Le chien est un cas très particulier et était analysé en détail par l'éthologue avec la question les "chiens ont-ils conscience d'eux-mêmes?":

podcastpodcastpodcast

Les relations homme-animal se sont influencées mutuellement dans un effet miroir.

Comme pour l'homme, tout s'apprend, mais il faut des incitants si pas des excitants. 

 

Oui, l'homme fait partie des êtres vivants et se comporte en tant que tel.

Récemment, en France, le sexe et la mort sont devenus encore plus tabous même si s'exhiber ne choque plus grand monde. 

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En Belgique, les deux pandas offerts par la Chine, ont été instrumentalisés par le marketing comme des bêtes de médias ou ... des objets de foires.

Tout devient toujours politique.

La quête de ce qui fait le propre de l'homme a pris forme en politique par l'exclusion de ceux qui ne seraient pas conformes à elle. 

Les primates ont une compétence mentaliste dans ce qu'ils ont à faire, mais il ne faut pas en faire une théorie de l'esprit qui imiterait les humains par l'observation seulement soumise à un prisme déformant animalier.

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Tout est une question de culture, rien de vraiment rationnel. Chez nous, les sentiments surnagent au dessus de l'ensemble. 

Oui, chez nous aussi tout évolue en fonction des cultures.

Il faut toujours chercher à se nourrir autrement,à certains moments en fonction des disponibilités..

 

 

 

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Observer les hommes qui observent les animaux.

L'ethnologie vue par Vinciane, c'est d'y associer le sexe, l'homosexualité et l'altruisme.

Son livre "Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions?" passe la revue alphabétique des points de vue.

L'homme est un animal comme les autres. Un animal qui fait partie de l'ensemble des êtres vivants.

Nous vivons en communauté, nous chassons pour manger et la loi du plus fort domine nos sociétés vivantes.

La différence serait-elle ce qu'on appelle la raison du cœur, de son humanisme? Les belles histoires que les auditeurs font parvenir le samedi, sont emprunte de cet esprit de relations faussées par une exclusivité relationnelle entre le maître et l'animal de compagnie.

L'éthologie pourrait bien mieux faire comprendre nos réactions devant les événements naturels qui se produisent dans l'ensemble de son environnement.

La solidarité ne peut être totale et universelle qu'en cas de sinistre total qui surviendrait inopinément. Chacun se mettrait, alors, à l'oeuvre pour y résister.  

La devise française: "Liberté, Egalité, Fraternité" est une vision théorique humaniste qui ne verra son côté pratique que de manière désordonnée.

Tout comme les hommes, les animaux agissent peut-être aussi avec leurs propres symboles historiques.

Voir dévorer une jeune gazelle par un lion n'a rien d'anormal.

Prédateurs et prédatés chacun à leur tour dans un équilibre naturel auto-régulé. L'homme n'arrive pas au sommet dans l'échelle de la prédation dont je ne me souviens plus du nom.

Dans le lointain passé de l'Egypte ancienne, les animaux étaient vénérés comme des dieux. 

L'exposition au Louvre-Lens, "Le règne animal dans l'Egypte ancienne" en témoigne. Lions, crocodiles, chacals, faucons, ibis, chats, béliers se partageaient alors l'engouement pour sacraliser le règne animal. 

Puis, par les religions monothéistes, l'homme s'est cru grandi avec des divinités à tête humaine en les idéalisant.

Le shintoïsme est encore une religion animiste qui mélange les éléments polythéistes.

L'intelligence n'est pas une spécificité des hommes.

L'homosexualité des animaux est même ignorée par nos chercheurs par l'association à ce qu'elle représente d'anormal pour l'homme.

L'homosexualité qui peut exister chez eux, n'est pas une pathologie que l'on explique uniquement par leur captivité.  

 

0.jpgAlors, les spécificités de l'homme, quelles sont-elles?

Au niveau spatial, l'homme est le seul animal qui a envahi la Terre entière. Endémique sur tout l'espace disponible dur Terre, pourrait-on dire.

Migrateur comme les autres, il imagine, maintenant, s'en extraire pour conquérir d'autres planètes quand son habitat terrestre deviendra trop pollué pour y vivre. 

Par l'intermédiaire d'Internet, il a même fait exploser les distances et le temps.

Avec ses neurones qui recherchent l'efficacité, l'homme se voit un peu comme un maître de l'Univers.

  

Les hommes tous différents

Il n'en demeure pas moins que les "homo sapiens", résultantes actuelles des hominidés, sont devenus des empruntes digitales ambulantes avec la recherche de libertés consenties ou non, avec des réflexes conditionnés par notre inné et nos acquis construits par les expériences. 

S'il fallait mettre cela en mathématique, ce serait la théorie des ensembles qui associerait le mieux les hommes sans uniformisme de situations ou de caractères.

C'est dire que les liens entre eux se forment, tour à tour, entre conflictuel ou liens de concert en fonction des cas qui s'accordent dans des groupements ethniques. 

La recherche du plaisir se convertit parfois en sadomasochisme, comme dans "50 nuances de Grey" que certains appelleraient "perversion". Perversion qui fait le succès de livres et de films.

Même si l'homme est, en principe, un animal grégaire et sociable, cela ne l'empêche pas de se faire la guerre et de faire intervenir une part de rationalisme dans ses conclusions à la recherche de plus d'efficacité. 

On aime se trouver ensemble en communautés et en partages d'idées car on a, seulement, compris que la vie en commun apporte un avantage indéniable et qu'ensemble, les réalisations se feront plus rapidement que dans la solitude.

Par habitude ou par seul calcul qui n'a plus rien à voir avec la procréation, les hommes aiment vivre en groupes ou en familles.

Diminuer les coûts des entreprises peut devenir un challenge sans fin à la recherche d'un progrès et parfois, d'accuser un échec. 

L'homme a migré et migre encore comme les animaux à la recherche de sa nourriture mais en voulant y ajouter son bien-être.

Nous sommes des immigrés devenus sédentaires dans des villes de plus en plus grandes.  

L'homme se retrouve appâté comme le chien de Pavlov ou comme l'âne de Buridan par la publicité.

Impérativement, nous idéalisons ce qui est beau et décidons de ce qui est vilain après avoir inventé le bien et le mal.

Pour cela, en religion, nous disons que nous avons une âme.

L'amour le sauve à travers sa (ré)invention et son imagination alors qu'il ne s'agit, au départ, que d'une affaire d'hormones. 

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Les vérités ontologiques s'y introduisent dans une obéissance au cosmos réduit à sa plus simple expression ou à sa plus grande avec un grand "C".

"Nous sommes des anguilles par plus d'un trait. Pas seulement de façon métaphorique, mais parce que, comme elles, nous obéissons à une horloge préhistorique commune à tout le vivant, partagés entre savoir, dieux et champs. Nous sommes libres parce qu'on ignore les causes qui le détermine", dit Michel Onfray.

Nous jouons à la fois notre vie ou celle des autres comme des acteurs de théâtre en spectateurs de notre temps.

En plus de notre "chère" parole, nous communiquons par l'écriture.

L'écriture sert à stigmatiser et à nous rappeler de notre passage historique et temporaire en tant que mortels.

Nous croyons à notre importance dans l'évolution du vivant. 

"L'éthologie est au carrefour de disciplines", a écrit Boris Cyrulnik.

C'est vrai si l'étude de l'homme dans son ensemble en fait partie.

C'est vrai aussi que les bêtes ne sont pas si bêtes.

Il nous faudra prouver que nous le sommes avec notre surplus de neurones qui ne s'usent que si on ne s'en sert pas.  

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Omniscience de l'homme

La science fait partie intégrante de notre vie quotidienne.

0.jpgElle était à l'honneur vendredi avec l'éclipse du soleil et samedi au sujet de la grande marée sur le Mont Saint Michel.

Un engouement pour ces phénomènes naturels a été une nouvelle fois très importante.

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Tintin, dans le "Temple du Soleil" s'est sorti d'un très mauvais pas, par la connaissance de l'espace.

Aujourd'hui, c'est l'eau qui est prisée. 

Lundi, commence le "Printemps des Sciences" avec le thème de la lumière.

Est-ce qu'on investit assez dans la recherche scientifique?

La réponse  :podcast

 

L'enfoiré,

 

Citations:

  • « L'homme est une bête qui a un esprit permettant de soumettre les autres bêtes et les autres hommes.», Jacques Poirier
  • « L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange, fait la bête. », Blaise Pascal
  • « Homme. Animal si éperdu dans la merveilleuse contemplation de ce qu'il pense qu'il est, qu'il néglige ce qu'il devrait indubitablement être.», Ambrose Bierce

Théorie du complot ou complot idéologique?

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La théorie du complot est-elle un narcotique puissant? Serait-ce une théorie du moindre pire? Une garantie contre les abus? Un moyen d'attirer du monde autour de soi? 

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"La théorie du complot pour les nuls (partie 1)" et "La théorie du complot pour les nuls (partie 2)" vu par un expert de ce sujet controversé.

Un Mariane, revu et corrigé avec humour grâce à l'esprit critique d'Ariane.

"Conspi contre Anti: Match nul".

1ère constatation: les votes négatifs que ce genre d'articles induit.

2ème constatation: les "pro-conspi" sont plus plébiscités dans les commentaires que les "anti-conspi".

Les complots et le conspirationnisme ont la vie dure. Ils reviennent quand on s'y attend le moins avec des références de la mémoire collective.

Quand les explications officielles données laissent des zones d'ombres, elles donnent l'occasion d'ouvrir toutes les thèses potentielles de complots. 

Dans le désordre de ce qui a fait le plus de supputations, on cite la mort de Mickael Jackson, de Lady Diana, de Ben Laden, de JFK. Cela va jusqu'au programme d'Apollo qui ne serait qu'une mascarade sortie droit de l'imagination de Kubrik dans "2001, Odyssée d l'espace". 

Les "on n'a pas marché sur la lune", "le sida a été créé par l'armée américaine", les "extraterrestres sont parmi nous, la preuve les cycles ou dans le ciel"... ont trouvé des explications parfois bien plus tard.

Les ADM, les fameuses "Armes de Destructions Massives", sont là pour justifier qu'il ne faut pas être innocent devant l'information officielle.

Les "-gates" ouvrent les "-leaks". Rien de plus normal.

Elles permettent de lancer des films assurés du succès dès leur sortie pour avoir suivi des thèses les plus folles. 

La méfiance envers l'Etat n'a jamais été aussi forte.

Ce ne sont plus des rumeurs banales et locales, réservées à des personnes qui veulent se faire mousser dans l'anonymat ni des affaires qui se transmettent de bouche à oreille. Les théories du complot enrichissent non seulement ceux qui transmettent l'information, mais aussi ceux qui la gobent et la transmettront à leur tour.

L'aura du complot est plus puissante que les rumeurs.

(Quelques infos typiques de hoax).

Souvent, plus c'est gros, mieux ça passe.

A l'occasion du 10ème anniversaire du 11/9/2001, un S&V tentait de remettre les pendules à l'heure. Non, c'est un attentat qui aurait été le prétexte pour envahir l'Irak et ainsi garder l'odeur du pétrole dans les narines! Les pirates du 11/9 responsables ne pouvaient pas avoir ébranlé le "système bien en place" sans qu'il y ait eu un complot dans l'ombre. 

Après le drame qui a secoué la France en janvier, le Vif-Express avait constitué un dossier qui se lançait dans le registre des analyses de la réflexion "mythomaniaque". 

Comme caisse de résonance, Internet internationalise les complots en pleine complexité hybride entre vrai et faux. 

Révisionnisme et négativisme apportés au cru et à la barbe de ceux qui croient au hasard. Le hasard fait peur et est rejeté.

D’après Knight, il y a complot lorsqu’un petit groupe de gens puissants se met ensemble en secret pour planifier et accomplir une action illégale et inconvenante, une action qui a la particularité d’avoir une influence sur le cours des évènements.

Pour accentuer le complotisme, Gérald Bronner avait écrit "La démocratie des crédules".

- Oui, le jour d'aujourd'hui, Madame, on ne peut plus croire à rien avec ces médias qui nous déversent tous les jours tellement de conneries que l'on devrait croire. Sur les réseaux sociaux, au moins, il n'y a plus qu'à suivre les affaires comme des feuilletons...

L'"autre vérité" est-elle plus vraisemblable? 

On en arrive à ce qu'en 2016, l’actualité pourrait se limiter aux sujets qui obtiennent de bons scores sur Facebook devenu le plus grand fournisseur de contenu. Et puis, c'est gratuit... en principe, du moins.

Vu ce qu'on trouve sur "Fakebook", cela promet des jours radieux.

 

Pourquoi le cerveau veut-il croire aux complots?

La question touche une autre: "Pourquoi aime-t-il croire?"

Il faut remonter dans l'étude de la sociologie.

Dans l'histoire, le "poids du secret" avec les agissements "au nom de ..." a toujours été très lourd de conséquences.  

Les pouvoirs occultes se réfèrent en remontant à l'échelon supérieur pour trouver une confirmation.

Si le manque de transparence est la réponse habituelle, c'est surtout que le choc émotionnel vis-à-vis d'un présent ne parvient pas à se concevoir avec une explication simple et rationnelle.

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Les gens voudraient avoir d'office une lien correspondant entre les causes d'un évènement et ses effets. 

Un drame d'envergure a une cause d'envergure pour avoir du sens.

Le fait qu'un événement soit léger face à une situation qui ne l'est pas, serait inconcevable. 

Donc, quand il y a "normalement" des bizarreries, des incohérences dans les raisons officielles données, il doit y avoir un complot. 

L'implication des services secrets vient au secours de cet esprit pour enfumer le tout. 

La théorie du complot se base sur un récit chargé d'émotions dont les faits seront interprétés d'une manière différente de celle normalement avancée par la majorité dominante.

Lest causes de ce récit ne peuvent être attribuées à un groupe ayant agi seul, dans le secret, sans buts cachés.

Plus un événement est traumatisant, plus le besoin de trouver une explication complète devient tellement fort que la raison en fait les frais. 

On veut comprendre toutes les raisons quand bien même elles n'existeraient pas et si elles existent, sont plus particulières et plus insidieuses. 

Rien n'est simple, tout est plus complexe que ce qui est dit dans la presse qui doit être complice. L'adepte de la théorie du complot y découvre une auto-promotion valorisante. Il y a même un aspect ludique à chercher une accumulation d'indices et de pseudo-preuves.

De plus pas beaucoup de risques. Quand ces pseudo-preuves sont démenties par des faits réels établis, pas besoin de venir démentir les idées préconçues. Comme les meilleurs responsables de complots arrivent toujours à effacer les preuves de leurs forfaits, c'est donc une affaire circulaire que seul l'esprit critique d'évaluation à froid permet de rectifier. 

Les sceptiques, ce sont des des gobeurs d'histoires gentillettes. Les autres ne comprennent tien de rien.  

Comme certains faits du passé brandis comme preuves irréfutables, étaient réellement des complots. Donc, tout est possible.

 

Le discours est basé sur l'intuition appuyée par les médias.

L'activisme d'une minorité s'arme de tous les médias pour émettre leurs rêves ou leurs cauchemars avec l'aide d'une rhétorique redoutable et d'indices présumés comme causes quitte à s'ajouter aux délires.

Les médias officiels, tellement obnubilés de suivre l'actualité avec le parfum du scoop pour attirer lecteurs et spectateurs, en ajoutent une couche. Le journalisme d'investigation coûte beaucoup d'argent.

Un nouveau site vient d'être créé appelé "sourcesures". Son but est de filtrer l'information de sources citoyennes à valider par un conseil d'éthique dans lequel on retrouve actuellement Le Monde, La Libre, la RTBF et le Soir comme participants.  

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Je lisais un commentaire "c'est toujours le même discours de l'intelligencia. Elle n'est pas en odeur de sainteté et en plus, les médias officiels sont complices. Ton erreur vient de ce que tu ne pas compris que la légèreté, la souplesse pour la mise en branle et attaquer un système dont l'effet de surprise ne soit pas déterminant pour l'expliquer".

Un statut usurpé d'expert pourrait resurgir de cette initiative à moins qu'il devienne convaincant par la répétition par l'expérience de la chose et qu'il n'y ait pas de gens mal intentionnés pour démêler les fils des marionnettes.

L'absurde finit toujours par entrer en "absurdie" des réactions humaines. 

Cela fait peut-être la plus grande différence entre l'homme et le robot qui détient, lui, des algorithmes structurés et précis dans son programme et qui n'utilise pas les émotions analogiques des sciences humaines.

Gérer un fait dans un tel contexte de globalité devient presque impossible à assimiler dans l'esprit du citoyen lambda qui vit déjà des situations qui le dépassent. 

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Le cerveau a une propension à chercher les liens entre les événements pour en déceler les motifs.

Une info n'est jamais seule et s'accompagne d'indices sous-jacents qui font office de compléments.

Petites causes, donc grands effets. Dans les sciences humaines, ce qui se ressemble doit s'assembler. Les sciences numériques régissent plus des suites chaotiques. 

Un psychiatre va de ce fait présenter des images à son patient pour voir ce qu'elles lui inspirent et qui n'existe pas.

C'est l'apophénie, l'altération de la perception, suite à la perte de contrôle construisent le reste. Se remémorer des évènements demande un effort de consolidation et dépend plus de la proximité dans le présent que dans le passé. Une révélation fausse peut trop influencer le cours de l'histoire.

"Le besoin de se sentir maître de la situation est si fort que les individus vont produire des informations à partir de bruits pour retrouver un cadre stable. Quitte à distordre la réalité", remarquait le psychologue, Jennifer Whitson.

 

Les vérités nous trompent-elles? 

Quand elles ne rassurent pas ou quand les vérités ne trouvent pas de raisons correspondantes et d'explications. Oui.

Témoins de faits, consommateurs de nouvelles, prenez garde.

Vos yeux et votre cerveau risquent de tromper votre sens critique.

Avancer des certitudes trop évidentes à première vue peut se révéler préjudiciable à votre propre esprit. L'éducation et l'analyse sont vite dépassées par la diffusion d'une information qui semble bien vérifiée et même sourcée mais qui laissent les convictions prendre le dessus.

En Bourse, il est habituel de connecter les points sur graphiques. Trouver des moyennes et des tendances des cours et espérer pouvoir les extrapoler sur l'avenir, n'a jamais apporté une assurance de succès.

 

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Histoire du complot:

L'histoire est jalonnée de complots, mais c'est depuis le début du XIXe siècle que s'est répandu le concept original d’un complot universel accusé de chercher non seulement à assujettir les pouvoirs politiques, mais aussi à imposer un ordre nouveau au monde et pour l'asservir par des réalités spirituelles. Il ne s’agit plus de mettre les esprits en garde contre une simple prise de pouvoir, mais bien contre un bouleversement total de la société, devenue esclave impuissante d’une oligarchie rapace et mystérieuse.

La théorie du complot dans son concept moderne apparaissait probablement déjà lors de la Révolution française au 18ème siècle lors du coup d'état antichrétien: "Les Protocole ds Sages de Sion" dont les livres de Dan Brown ont fait les choux gras.

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On oublie qu'il en a dans l'entreprise commerciale tient en "alerte" au travail par l'esprit de compétition en premier pour renverser l'offre d'un concurrent à tous prix.

Garder une belle image de soi et enfoncer celle des autres. 

Le livre "L'insécurité culturelle française" de Laurent Bouvet explique aussi en partie la manière de réagir fasse à l'évènement.

"Identité, souveraineté et conservatisme", "La carte et le territoire", "Le triangle: économie, immigration et mode de vie", trois chapitres de ce livre à mettre en égard avec les théories. 

En périodes troublées, les complots, les faux-bruits et les rumeurs passent plus facilement les murailles des frontières par l'intermédiaire des mailles de ce providentiel filet au mailles trop larges qu'est le Net.

 

A qui profite le "crime"?

Le 22 janvier, Jerome Jamin était l'invité à La Première comme expert du "complot" après avoir écrit "Imaginaire du complot".

Dans son livre, le populisme et l'extrême-droite étaient visés. Ces deux notions même s'il y a quelque chose à en tirer, ne seront pas reprises pour généraliser le concept du "complot".

Antisémitisme, antiaméricanisme, antisystème sont rassemblés pour expliquer l'inexplicable.

podcast

Depuis l'attentat de Paris de janvier, en s'attachant aux détails, les théories du complot fleurissaient à nouveau. 

Des preuves de suspicion vis-à-vis de policiers tués et toujours vivants, d'une carte d'identité fausse, de journalistes prévenus qui portaient des gilets pare-balles...  qui deviennent des preuves en faisant du buzz sur la Toile parfois portés par les médias classiques eux-mêmes.  

En bout de course, les bouc-émissaires compétents devront s'expliquer à la face du monde avec quelques difficultés pour le contredire.

Marcel Gauchet explique que l’imaginaire collectif du complot constitue au sein de l’univers démocratique, un des modes ordinaires sur lesquels l’ensemble des acteurs sociaux représentent le pouvoir. Derrière les détenteurs apparents de ce pouvoir, il existerait un pouvoir caché qui est le vrai pouvoir et dont les maîtres tireraient les ficelles à l’insu des peuples. L’ ‘imaginaire conspirationniste’ ne renvoie pas à la théorie du complot en tant que tel mais à tout ce qui favorise sa construction, son développement et sa réception dans le champ social et politique comme catégorie d’analyse et d’explication politique.

L'ensemble de propositions propres à ces phénomènes a un rôle organisateur beaucoup plus fondamental qu’il n’y parait. Le symbolisme présuppose la capacité imaginaire, c’est-à-dire la capacité pour l’individu, le groupe ou la collectivité sociale à imaginer dans une chose ce qu’elle n’est pas.

Girardet explique que l'imaginaire collectif du complot constitue un des modes ordinaires sur lesquels l'ensemble des acteurs sociaux se donne le pouvoir de son action.

Kazin affirme que les leaders populistes ont toujours eu ‘une faiblesse particulière pour les histoires de complot menés par les puissants.

Pipes explique qu’on trouve à chaque fois un premier groupe occulte, puissant qui cherche à dominer le monde, un deuxième groupe, majoritaire formé de gens manipulés sans le savoir, et un troisième, petit de gens courageux qui connaissent la vérité et qui se battent contre le complot. Le processus de diabolisation des protagonistes de la première catégorie s’effectue grâce à des préjugés, des stéréotypes et de la logique, du bouc émissaire. Trois manières de percevoir et d’interpréter les réalités étroitement liées.

L'imaginaire n'est donc pas totalement négatif, mais face à un danger imminent, le monde devient bipolaire entre "bien et "mal" sans juste milieu.

Tout dans la vie quotidienne devrait avoir une cause claire, bien déterminée et facilement identifiable, tout doit avoir un sens logique et simple à identifier, mais c'est rarement le cas. Et si d’aventure les évènements politiques et historiques prennent une tournure complexe et difficilement compréhensible, ce ne peut être que le fait d’une manipulation volontaire.

En considérant que le monde n’est pas tel qu’il est mais qu’il obéit à une logique humaine invisible liée à des pratiques occultes, les théories du complot développent une « herméneutique de la suspicion ».

Personne n'a totalement tort, personne n'a totalement raison à tous les coups. 

 

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Une nouvelle énigme?

L'affaire de l'avion de la Malaysian Airlines est toujours non résolue et a suscité une multitude de suppositions.

Le crash de l'A320 de cette semaine aurait pu générer une thèse de complot. Il ne l'a pas fait vu qu'il n'y a pas eu de message de détresse, pas d'explications sur les raisons de sa descente rapides dans les montagnes sans chercher à les détourner.

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La 1ère boîte noire accuse le co-pilote. Le co-pilote, seul dans la cabine de pilotage, a volontairement, entraîné l'équipage et les passagers dans la mort...

Le suicide a cause d'un problème psychologique et une porte censée sécuriser et qui, cette fois, a tué.

« Ce qu’il s’est passé était pour nous inimaginable. Quand une personne se tue avec 149 autres personnes, ce n’est plus un suicide  » a conclu le patron de Lufthansa.

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Lors de la conférence de presse, le Procureur de la République a répété les phrases les plus importantes pour qu'il n'y ait pas de confusion et pour casser les éventuelles thèses complotistes dans l’œuf. 

Ce mois-ci dans le S&V en parle comme d'une maladie due à l'adversité sociale et d'un trouble psychologique avec des prédispositions biologiques. Un certificat médical déchiré explicitait sa « maladie existante nécessitant des traitements médicaux correspondants » qui suivait une dépression. Il voulait qu'on connaisse son nom, alors donnons-le: Andreas Lubitz. 

Chacun peut avoir sa manière de comprendre ce cas comme Jorion l'a fait par l'intermédiaire du rêve. L'idée d'un fou? D'un nouvel Erostrate qui veut laisser une trace dans l'histoire...

Mais comme il fallait s'y attendre, les théories du complot les plus folles au sujet de ce crash n'ont pas manqué de sortir.

Démentir ce qui a été dit, revient d'office dans les esprits.

 

La conclusion de ce billet pourrait être que désormais, il faut être encore plus vacciné, plus prudent et garder une immunité envers toutes les maladies de l'esprit humain. 

Comparer et tester les dires des autres pour en tirer des conclusions demande une expertise de longue haleine, des témoins sans envies de show-biz qui ont acquis avec le temps la confiance sans tache.

Comploter contre le complot. Remonter le courant dominant de son entourage même si c'est une entreprise difficile. Les formules simples ne sont pas celles qui expliquent l'univers en général bien plus chaotique.  


 

L'enfoiré,

 

Citations: 

  • « Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent», André Gide
  • « Trois ordres de vérités nous guident: les vérités effectives, les vérités mystiques, les vérités rationnelles. », Gustave Le Bon
  • « La vérité doit s'inspirer de la pratique. C'est par la pratique que l'on conçoit la vérité. Il faut corriger la vérité d'après la pratique. », Mao Tsé-Toun

 

Discussion imaginaire entre "Faustérités"

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Un Québécois avait inventé le mot "faustérité". Le site "Contrepoints" avait deux articles qui m'ont inspiré celui-ci. Le premier parlait de la "Fausterité et l'austérité" et le second de la "Belgique avec le gouvernement Michel, c'est l'enfer fiscal". Réunis dans leur intégralité, cela donne cette discussion pascale.

0.jpgLe 1er avril 2014, j'écrivais "Zo dom & Go more" au sujet de pré-élections poissonneuses.

Pas de poisson d'avril cette année ou alors avec du recul à l'allumage avec l'aide de "Cinquante nuances d'aigris".

Dans la presse, des poissons, il y en a eu comme d'habitude.

Jusqu'où aller trop loin avec le rire?

Dimanche dernier, l'humoriste, Arnaud Tsamère, expliquait son trouble: 

 

Le rire est omniprésent dans notre société actuelle, disait-il !!!

Ce billet entre poisson d'avril et fête de Pâques est à placer dans la catégorie parodie.

Rebaptiser l'austérité en "fausteries" tout en s'interrogeant sur notre situation politique belge, cela m'a fait sourire si pas rire.

Les statistiques choquantes du rire Outre-Atlantique, sont légions.

De notre côté, c'est plutôt les déplacements de foule pour protester contre le saut d'index, la longueur de la vie active qui s'allonge... et tous ces trucs en plumes et à poils ras. 

C'est l'austérité, quoi. Austérité que je déclarais comme étant "Très chère, il y a trois ans. Elle touche désormais Buckingham par une grève royale.

Inventons donc ce dialogue entre un Québécois et un Belge, une fois.

Je dis bien "une fois", car ces deux mots font partie de notre folklore ou de notre flop-color. 

- Bonjour, connaissez-vous notre article "La fausterie et l'austérité", notre faustérité mollassonne du Québec? , dit le Québécois.

- Non, racontez-moi.

- L’austérité « sauvage », imposée par le gouvernement Couillard, est en train de détruire les « acquis » sociaux des 55 dernières années. Nous sommes sous le régime de faustérité.

- Ah, bon. La "faustérité". Sans blague. cela doit être un régime sec?

- En fait, il n’y a pas eu de coupures de dépenses au Québec. Les dépenses continueront d’augmenter entre un et deux pour cent au cours des cinq prochaines années.

- C'est cela que vous avez appelé "faustérité"? Cela semble vraiment une fourberie d'Escarpin.

- Oui. Malgré les désirs de Martin Coiteux, cette tendance perdurera puisque le gouvernement Couillard a accepté d'augmenter le fardeau fiscal. Il y a fort à parier que les dépenses continueront d’augmenter, et peut-être même à un rythme plus accéléré.

- Nous aimerons avoir des gouvernants avec des noms pareils Couillard et Coiteux. Vous les choisissez sur mesure, vos personnages de gouvernement?

0.jpg- Ne vous foutez pas de nous. Ce n’est pas un hasard si les politiques économiques font l’envie des fascistes d’Europe et ne peuvent pas amener la prospérité.

- Je n'en doute pas, mais continuez votre raisonnement. Cela m'intéresse...

- Après l’éclatement de la bulle immobilière des Etats-Unis, pour ajouter l’insulte à l’injure, Obama a proposé plus de 440 augmentations de taxes et d’impôts divers et le taux de participation de la main-d’œuvre est à son plus bas. Obama a doublé la dette nominale, la reprise de l’emploi fut la plus lente et près de tous les indices mesurant la pauvreté s’emballent.

- Mais, de quoi parlez-vous? Du Québec ou des Etats Unis?

- Vous n'avez pas comme voisins les Etats Unis, vous ne pouvez comprendre.

- D'accord, mais nous faisons partie de l'Europe. Abattons nos cartes sur table sans polémique, voulez-vous. Que dites-vous de nous aujourd'hui?

- Que "Le gouvernement Michel, c'est l'enfer fiscal".

- Décidément, vous êtes obnubilé par la fiscalité. 

Le programme fiscal du nouveau gouvernement belge est-il autre chose qu’une vaste plaisanterie? Pratiquement dépourvu de tout contenu. Aucune diminution globale d’impôts, aucune diminution des dépenses publiques.

- Je crois que là, il faudra remettre vos pendules à l'heure de Greenwich +1.

- Ah bon. La progression des taxes et des dépenses serait-elle simplement moins rapide qu’avant.

- Ben si vous avez les Etats Unis, nous on a l'Europe qui surveille nos dépenses et c'est pas de la petite bière.

- Quel culot votre gouvernement, la ridicule augmentation du forfait pour charges professionnelles sans concerner ni les indépendants, ni les retraités, ni les salariés qui optaient pour la déduction des charges réelles. Ce qui ne permet aux véritables bénéficiaires, une partie des salariés et des fonctionnaires, qu’une économie d’impôts de quelques euros par mois.

- Ouille. Vous poussez Bobonne dans les orties, là? Nous avons beaucoup de petits jeunes qui sont en panne, qui rongent leur frein et de vieux qui vous lisent avec de petits yeux fripés et qui trinquent avec leurs pensions rabougrisses. 

0.jpg- Ne détournez pas mes paroles. Ces économies dérisoires sont compensées par de petites augmentations d’autres impôts, comme les accises et la non indexation du plafond de certaines dépenses fiscales.

- Je crois que vous n'y êtes pas du tout. En question, il s'agit d'un saut d'indexation de 2% qui devrait faire du sur-place dès le plafond atteint. Accord entre syndicats et patrons compris. Le gouvernement avait un programme d'austérité ou de 'faustérité' dicté par l'Europe. 

Certains bénéficieront de la minuscule majoration du forfait pour charges et d'autres d'une augmentation des impôts.

- Vous ne connaissez pas notre ministre de l'Intérieur, Jam Jambon. Il refuse toutes majorations d'impôts. Ce qui veut dire qu'on doit faire avec ce qui est sans plus et qu'on ne veut plus investir. Alors il y a eu un sondage dans la population organisée par la Libre Belgique qui cherchait où racler les derniers fonds de tiroirs. Je vais devoir vous bombarder de chiffres.

- Ok. Allez-y.

- Accrochez-vous. Puisque les salaires sont déjà trop taxés en Belgique, les Belges étaient favorables pour ponctionner la spéculation boursière pour 63% des sondés, d'introduire un impôt sur la fortune pour 61% d'entre eux, de taxer les comportement polluants pour 31%, d'augmenter la TVA sur certains produits pour 25%, de geler des salaires par un saut d'index pour 27% toujours pour les mêmes.

- Le gouvernement qu'en a-t-il dit ou qu'a-t-il fait? 

- Le fédéral pensait réduire les soins de santé de 54%, lutter contre la fraude à raison de 45%, diminuer le chômage de 43%... Alors, quand on parle de loyauté, je ne sais pourquoi mais cela me fait sourire. 

- Car vous trouvez cela normal?

0.jpg- Normal? Y a-t-il quelque chose de normal en politique quand il y a du fric en jeu? Attendez, pas si vite, le Belge, aussi, veut bien investir dans les chemins de fer belges puisqu'ils se plaignent des retards mais pour seulement 15% et soutenir l'armée pour 10% pour de seules raisons de sécurité. Cherchez l'erreur et les trous?

- Vous me demandez de chercher l'erreur. Vous êtes gonflé.

- Oui, c'est vrai, il faut du surréalisme et nous en avons. Cela gonfle, d'ailleurs, souvent les esprits de nos voisins français qui eux rament en courant alternatif entre deux eaux. Ce sont de véritables équilibristes. 

- Comme les régions, incapables de réduire leurs charges, adoptent une politique de réduction systématique des dépenses fiscales, c’est une véritable augmentation des impôts, plus modeste qu’avant que devront supporter les contribuables. En d’autres termes: la Belgique est un des pays les plus taxés au monde et va le rester sous la législature qui a commence.

0.jpg- En fait, vous n'avez pas tout compris. C'est plus compliqué que cela la Belgique. Nous avons une redondance au niveau fédéral, régional et communautaire et au milieu il y a une fameuse loi de financement qui régule l'ensemble. La taxe caïman, personne ne sait ce dont il s'agit et personne n'en veut.

Alex va vous le faire comprendre de manière simple avec deux femmes très différentes qu'un homme très fédéral voudrait baiser: la très indépendante droitiste, Flandria et la très dépensière gauchiste, Wallonia: podcast

Alors quand personne ne veut payer l’addition, on pense aux ajustements budgétaires d'un département à l'autre comme des vases communicants dans une valse de chaises musicales.

- Vous pensez au « tax shift », ce glissement d’impôts annoncé, des revenus professionnels vers d’autres bases de taxation. D'abord parce qu’il ne s’agit pas d’une diminution de la charge fiscale globale, mais comme son nom l’indique, d’un simple « glissement ».

- Pas vraiment. Ça glisse, même sans neige et sans verglas comme chez vous. Tout se passe comme si nos gouvernants pensaient que la justice fiscale consistait simplement à modifier la répartition des impôts, en oubliant que la justice, c’est d’abord veiller à ce que le total des prélèvements soit juste, et ne relève pas de la spoliation.

- Vous me piquez mes mots là?

- Oui, je sais. Je vous les pique et je vais même plus loin. Mais vous ne semblez pas piger encore. Je vais vous adresser une métaphore à la belge, tout à fait de circonstance, puisque nous sommes reconnus par notre surréalisme dans le monde. Imaginez un pâtissier qui doit se construire de beaux œufs de Pâques.  

- Ben, il va fabriquer tout d'abord du chocolat

- Oui, mais avec du chocolat, vu le prix de ceux que l'on trouve à Pâques, il n'aura pas la visite de beaucoup de clients. Eux veulent des petits œufs, des moyens et des gros et en plus, en chocolat noir, au lait et en chocolat blanc. 

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- Comme des Kinder, je suppose. 

Et non, vous n'avez pas tout compris encore. Les Kinder, c'est pour les "kinderen". Il faut tout décorer, tout garnir de papier mâcher et le processus vaut le détour sur ce lien. 

- Où est ce que vous m'attirez là? On s'éloigne de la politique là.

- Et bien, non, c'est très similaire à une poupée russe à l'intérieur, il y a à l'intérieur les très petit. Cette semaine, c'était "chaud cacao, chaud chocolat". La FNCB, la "Fédéral Nationale Chocolatière Belgique", avait reçu une commande de la ME, la Multinationale Europe. Le problème c'est qu'elle avait oublié de compter un milliards de petits œufs avec sa tablette en chocolat.  

- Un milliard? C'est un gros oubli ça. 

- Comme vous dites.Cela ne se retrouve pas dans son jardin.  Faut dire qu'ils ne sont pas de grands matheux plus enclins à la cabriole. Il fallait que la FNCB revoit sa copie, quoi. Mais ell faisait partie de la maison mère FNCB qui avait une coquille fine et que certains la disaient d'ailleurs vide. Elle a vite réglé le problème, elle s'est tournée vers ses filiales, ses succursales, les RFCL, les "Régions Fédéralistes Chocolatières Locataires". Entre elles, ce fut un véritable match de catch. On entendait: "Stop aux insultes et au vocabulaire politique puisé dans les décharges" dans une mayonnaise avec le jaune d’œuf bruxellois au milieu. La FNCB, du coup, ne voulait plus livrer le chocolat et la RFCL du sud, est allé avec sa calculette en chocolat pour prouver que ses calculs étaient justes.

Ce décor me rappelle qu'en 2014, une affaire de bail de location avait fait naître une bagarre juridique entre la maison mère Neuhaus et la succursale Port-Royal. Celle-ci avait gagné en justice et Neuhaus avait été condamné de fournir des pralines sous peine d'astreintes qui pouvaient grimper à 250.000 euros. Là, les deux étaient "chocolat".

- Mais vous m'embarquez en bateau, là. Remonter les taux de production, vous n'y pensez pas. Je sais, en 1937, la FED a eu peur de faire plonger le Dow Jones en le faisant.  

0.jpg- Non, je ne vous embarque pas en bateau mais dans une allégorie métaphorique. Par contre, vous avez raison de parler de bateau, car en plus, cela se passait sur une mer démontée après un avis de tempête. Comment ne pas casser la coquille qui les chapeaute tous?

- Aller en justice, là ....    

- Ils ont pensé d'aller au département de la justice. Si nous n'avons pas de pétrole, Alex avait des idées. podcast

- Je parlais de justice et vous sautez sur l'occasion. Le glissement annoncé, sans aucune précision, ne pourra être qu’extrêmement modeste. Le système, parfaitement cynique, consiste à taxer très lourdement les revenus professionnels, non pas parce que quelqu’un s’est un jour dit que cela aurait été juste, mais simplement parce qu’ils sont, en volume, les plus nombreux.

-  Le cynisme est partout. A votre avis, est-il plus facile de chercher un œuf dans un million de jardins ou  d'aller dans un jardin pour y puiser un million d’œufs? La solidarité sociale humaniste ne va pas jusque là. Les impôts rendent les choses plus cohérentes mais on verra ça plus tard.

- Pour faire glisser même une minime proportion de l’imposition de ces revenus sur d’autres, il faudrait augmenter très lourdement la taxation de ceux-ci.

- Là, nous sommes d'accord.  

- Il n’y a donc rien de bon à attendre de l’évolution du système fiscal belge dans les prochaines années dans votre enfer fiscal et rien ne sera fait pour en sortir.

 

- Nous sommes sur une patte droite et demi. Si cela ne fonctionne pas, cela sera l'omelette, avec le retour à la version "tout en un"à coup de compromis avec l'union fait la force ou la farce. Mais, revenons à nos moutons et à votre premier billet qui parlait de l’austérité, la vraie, comme vous nous la présentiez.   

- Si un politicien veut vraiment aider une économie chancelante, il n’a qu’à appliquer les deux expressions françaises préférées des libéraux anglo-saxons: laisser-faire, laisser passer. En appliquant de véritables mesures d’austérité, par des coupures de dépenses et de taxes/impôts, l’économie se remettra sur pieds en un rien de temps.

0.jpgAurait-on trouvé la potion magique du druide, copain d'Asterix? Vous savez celui qui touille dans son chaudron et qui permet de résister aux invasions des Romains. Obélix lui est tombé dans la soupe en naissant. Mais, ils sont résistants, je vous l'assure.  

- Je ne connais pas votre druide, votre Asterix et votre Obelix mais d'autres exemples historiques abondent par ici. En 1920, sous la présidence de Harding aux États-Unis, l’économie connaissait une récession profonde qui aurait pu devenir une Grande Dépression. Il a choisi la voie de l'austérité en coupant les dépenses de plus de 80 %. Le secrétaire au Trésor Mellon a coupé les impôts. Pour lui, le gouvernement « doit créer les conditions sous lesquelles tout le monde a une meilleure chance de connaître le succès ».

- Ce fut partie remise neuf ans plus tard quand la Grande Récession est arrivée.

- Laisse-moi continuer. Malgré tout, les revenus du gouvernement ont fortement augmenté, confirmant ainsi la courbe de Laffer. Notre Jean Chrétien a aussi choisi la voie de l’austérité, nonobstant la corruption de plusieurs ministères. Ce qui a permis de réduire la dette et de redonner confiance aux investisseurs. Le Canada a perdu son appartenance honoraire aux pays du Tiers-Monde et le huard n’était plus considéré comme le peso du Nord.

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- Ah, une austérité à outrance et qui mène dans un trou con-centrique? 

- La Suède, le pays chouchou des interventionnistes de gauche, a aussi choisi la voie de l’austérité. Certes, le gouvernement dépense encore près de 53% du PIB, ce qui est moindre que des pays comme la France ou la Grèce.

- Ce qui importe, ce n'est pas de faire des dettes mais de savoir ce qu'on en fait ensuite. Si c'est un investissement à fonds perdus, alors oui, c'est de la gabegie. Sinon, c'est dans la normalité. 

- D'accord. De plus, ce pays scandinave a déréglementé et ouvert à la concurrence à peu près tous les secteurs jadis contrôlés par un monopole étatique. Le Léviathan est ainsi plus efficace malgré sa grosseur encore étouffante. L’Estonie a aussi choisi la voie de l’austérité. N’en déplaise à des économistes comme Paul Krugman, les politiques de Tallinn ont été un tel succès que le pays est maintenant considéré comme un des plus sûrs de la zone euro, il était jadis parmi les plus risqués.

0.jpg- Soyons bref et consistant. La politique européenne a été créée par l'Allemagne de toutes pièces grâce à son mark fort. Mais je peux vous assurer que les travailleurs allemands n'en mènent pas plus large. Le Québec connaît la faustérité, sous la forme d'un ralentissement de la croissance des dépenses et non des coupures « drastiques ». Chez nous, c'est Bart De Wever et la NVA, la Nationale Vertu van Antwerpen qui jouent de la baguette magique.

Tout cela est expliqué mieux que je ne le pourrais dans ce billet plein d'humour de Thomaspodcast

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- Chez nous, si les vraies austérités arrivent un jour, il sera normal de voir les syndicalistes crier à l’injustice parce qu’elles affecteront directement leur pouvoir et leur influence puisqu’ils vont perdre des membres. Mais ce sera une bonne nouvelles pour les contribuables puisqu’ils récupéreront de l’argent dans leurs poches via une diminution de leurs impôts et une réduction du fardeau de la dette, dont les intérêts atteignent presque 11 milliards $.

 

- La devise de votre site porte la mention "le nivellement par le haut". J'aime. J'aime rester au septième ciel. Je lis "Tel un enfant, l'auteur pose des questions que personne ne semble vouloir poser dans la terre des vaches sacrées, le Québec". Bouchez les trous, les nuages vont finir par s'ouvrir. Une humoriste féminine demandait "Avez-vous déjà vu une tirelire comme nous avec une fente dans le bas de la tirelire?". 

 

- Terrible tirelire, celle-là. Est-ce que vous le faites exprès? Vous m'en voulez?

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- Un peu. Vous n'êtes pas tout à fait, ce qu'on appelle du Canada drySi le Québec et la Belgique ont des points en commun, ce n'est pas par la taille. En 2010, nous avions des problèmes existentiels dans notre Royaume, votre Québec avait pris fait et cause pour les Flandre en oubliant l'esprit de la francophonie. Votre politique séparatrice vous prenait parti dans un même combat. Comble du comble, le Ministre-Président de la NVA, Geert Bourgeois vient de proposer de retirer la Belgique de l'Organisation Mondiale de la Francophonie. Un combat de clocher communautaire entre la lionne Flandria et le coquine Wallonia. Refusé...

 

(rires) Pas à dire vous avez des noms de ministres intéressants: Jambon, Bourgeois...

 

- Quant à leurs prénoms qui passent de Paul à Mieke, comment voulez-vous que l'on ne fasse pas sonner les cloches? Pour votre punition, faites -nous des œufs de Pâques à la mode de chez nous.

 

- Désolé, je vais fêter l'anniversaire de la découverte de l'île de Pâques le dimanche 5 avril 1722. Je vous enverrez des photos des Moaïs.    

 

- Par ici, Brussels Airport prévoit d'accueillir 220.000 passagers pour les départs en vacances entre mercredi et le premier week-end de Pâques, soit 6% de plus que l'an dernier. Austérité ou faustérité? Quand l'envie d'aller voir ailleurs ce qu'ils n'ont pas chez eux, tout n'est pas perdu.  

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- Hier 4 avril, ce fut une éclipse de lune est totale chez nous. J'ai regardé cette nuit. Je suis fatigué et c'est à mon tour de m'éclipser.

 

- Chez nous,  le 20 mars dernier, c'est le soleil qui s'était éclipsé. En définitive, chacun choisit son soleil ou sa lune pour s'éclipser, en fonction de son naturel.

 

Ce billet n'était pas un "poisson d'avril" traditionnel, mais un test allégorique fait d'explications respectives et vous nous avez offert une aporie du plus bel effet.

 

Le savant Faust n'aurait pas fait mieux en signant son pacte avec le Diable.  

 

Joyeuses Pâques, on vous enverra les meilleures cloches en chocolat....


 

 

L'enfoiré,

 

 

Citations 

 

  • "Si l’on me doit de l’argent j’ai une mémoire excellente. Quand j’en dois, je n’en ai plus du tout",  Aristophane
  • "Si vous voulez voir la valeur de l’argent, essayez d’en emprunter" Benjamin Franklin
  • "Les financiers ne font bien leurs affaires que lorsque l’État les fait mal",  Charles Marie de Talleyrand
  • "Il faut prendre l’argent où il se trouve chez les pauvres. D’accord, ils n’ont pas beaucoup mais il y a beaucoup de pauvres",  Alphonse Allais

L'assassin n'habite plus au 21

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Michel Dufranne était l'initiateur de l'assemblage d'une série de nouvelles écrites par différents auteurs sous le "Bruxelles noir"

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La ville de Bruxelles, je l'ai toujours trouvée dans la zone des gris dans lequel le vert de gris prévaut.

Voilà que j'écoutais La Première ce 2 avril et il expliquait cela. 

Sans Marine Le Pen, il n'y aurait pas eu ce livre, disait Michel Dufranne.

- Ça commence fort, lui avait répondu l'interviewer.3.jpg

En cherchant à l'identifier, il s'avère qu'il aime les mauvais genres. Qu'il est qualifié de râleur, d'entier, de curieux, de créatif, d'anticonformiste, de passionné, de gourmand sincère avec un début de vie comme chasseur de tête.

Son mot préféré d'après ce que je lis, je vous le donne en mille: "Poliorcétique", c'est à dire relatif à l'art de mener un siège,

De proche en proche, je me suis senti vraiment pointé à vif, conquis avec une envie de relever le défi, de prendre la perche que l'on me tendait d'écrire un mini-polar. 

En général, les polars m'intéressent quand ils s'associent avec un environnement exotique, mais il s'agissait cette fois de rester dans le cadre de ma ville de Bruxelles avec un esprit sans état d'âme.  

Le titre énigmatique "L'assassin habite au 21" de Stanislas-André Steeman me revient en mémoire.  

Une histoire qui remonte à 1939 dans laquelle un mystérieux assassin terrorise Londres en commettant des crimes en série. Il signe ses forfaits d’une carte de visite au nom de « Monsieur Smith ».

Pour l'anecdote, ce roman fut écrit au domicile de l'auteur au Square du Val de la Cambre à Ixelles, au n°21. Donc, pas à Londres.   

J'aime le mode "thriller". J'aime avancer de chapitre en chapitre dans le registre du suspense. 
 
"Douze nuances de noirs", le titre d'un article du Vif disait que le polar se singularise.
Le livre de Christoffer Carlsson, "Le syndrome du pire" avait été élu roman policier de l'année en Suède. La dernière phrase de son préambule était "Quand la réalité se délite, à quoi peut-on s'attendre, sinon au pire?".
 
Personne ne sait qui est vraiment son voisin. Le soupçon naît quand les fantasmes commencent et que quelque chose cloche.
C'est alors que flasher sur autre chose s'impose pour garder l'équilibre de sa propre histoire.  

Un autre spécialiste du polar, Saul Black donnerait des "Leçons d'un tueur". Il dit qu'une histoire de tueur se construit suite à un repérage, une traque avant de tuer et de recommencer.

Je ne suis pas à mon galop d'essai dans l'écriture de polars.

Mais les trois ont été écrits dans un cadre plus ou moins idyllique. 

Cette fois, Bruxelles, ma ville que je connais tellement bien, est a décrire dans un cadre noir et pas nécessairement comme j'en ai l'habitude comme un contrat difficile

Je l'écrivais ce lundi de Pâques.

Une seule personne était au courant de mon projet...

Le malheur, comme le disait Thomas, il ne se passe jamais rien un lundi de Pâques: podcast

Et pourtant en cherchant bien, on devrait pouvoir y arriver.... 

0.jpgavec un titre:

"L'assassin n'habite plus au 21".

Ce lundi matin-là, le soleil avait oublié de percer le ciel à l'horizon. C'était une journée froide et humide pendant laquelle le printemps avait des difficultés à se mettre en place. 

La veille, dimanche, le ciel était plus engageant avec un soleil au zénith, suite presque logique d'une journée de samedi bercée par une pluie fine pour arroser les jardins. 

La diversité climatique était vraiment à l'honneur. Il y en avait pour tous les goûts. 

Le réchauffement climatique dont on nous gonfle, serait-il à notre porte avec son cortège d'avantages ou d'inconvénients?

Mais pour l'heure, lui était parti sous un ciel plombé mais du temps qu'il fait, il n'en avait rien à cirer. Il avait une mission, un défi à remplir et des victimes à rencontrer.

C'était un chasseur solitaire et il devait le prouver. 

Toujours en éveil comme une bête aux aguets, il restait à la recherche de choses extraordinaires. Il était en mal d'informations pour en remplir de longues colonnes.

Ce matin, il était bien décidé à avoir sa victime malgré une ville désertée en dehors des points de rassemblements habituels au centre ville de Bruxelles. 

Était-ce sa démarche d'observation ou l'excitation qui faisaient perler de fines gouttelettes sur son front et dans le dos à l'idée de ne pas pouvoir réussir son but?  

Il n'aurait pu le dire.... 

La transpiration de rater son coup?

Sorti d'un espace-temps tout auréolé, il passait inaperçu, incognito même, sans le casque et sans les lunettes solaires dont il s'était affublé le jour précédent.  

Aucune comparaison possible avec l'assassin du 21?

Pas sûr. D’autres vivaient sur des planètes différentes et cela valait mieux qu'il en soit ainsi pour eux.

Il l'aimait ces instants liés à la rencontre du hasard.

Il le voulait sans oser se l'avouer, prêt à  la rencontre du 3ème type peut-être. 

Première rencontre, une vieille dame qui sortait pour faire pisser son chien sans peur du passager de la pluie. Vu la grandeur de son animal de compagnie, il ne lui aurait été d'aucun secours.

Allait-il en profiter?

Il arma son arme qu'il tenait à la ceinture.

Et puis, non, il y renonça. Ce n'était pas le genre de victime qui l'intéressait.

D'autres victimes avaient des privilèges plus insolites pour en faire partie. 

Il passa donc à côté d'elle sans la voir de peur d'avoir une envie inextinguible de passer à l'acte. 

Ce n'était un vraiment un assassin comme les autres. Un Arsène Lupin du crime passionnel ne choisit pas ses victimes sur un coup de tête.

Alors, de quel genre de tueur en série faisait-il partie? 

Un chasseur de Bruxellois de souche?

De Bruxellois à feuilles de vigne au-dessus des souches?

Non, un chasseur de touristes. Un choix de prédilection tout particulier. Ce n'était pas son coup d'essai. 

Juste une restriction qu'il s'était fixé à cet instant: ne pas avoir d'œufs de Pâques pour se shooter de ce chocolat aphrodisiaque.

Cela aurait fait trop banal.

A partir d'une commune bruxelloise, il se mit à courir jusqu'à la Grand Place pour trouver la "chair fraîche" dont il était friand. 

Là, au moins, il était sûr d'en trouver. Il voulait en faire un menu complet avec entrée, plat de résistance et dessert. 

Ce n'était pas un nouveau Nemrod, mais un chasseur avec la détente facile sur le bouton poussoir de sa mini-boîte à enregistrer les instants du temps qui passe.

Immortaliser ces instants, était une première passe. Ensuite, une fois rentré,  ce serait la torture de ses trophées. Ce serait en numérique, puisqu'il n'était plus question de pellicules à se farcir dans les bains de révélation et de fixation des images.

Plus ses victimes étaient insolites, plus il en redemandait. Au besoin, il aimait jouer à l'avocat, au conseilleur du Diable. 

Arrivé sur la place, beaucoup de monde. Beaucoup de touristes. Reconnaissables entre tous.

Suiveurs comme de petits chiens, ils galopaient derrière un gars qui élevait le bras avec un parapluie et un drapeau fixé à son sommet. 

Notre assassin s'arrêta et écouta. 

Merde, des Chinois... Pas moyen de comprendre, ce que ce "leader" racontait à ces porteurs de paquets signés des marques de luxe.

De jeunes Japonnaisi dégustaient des gaufres fraises-chantilly à  dis mètres.  

Plus loin, un groupe d'Espagnols. Cela allait mieux mais l'assimilation n'etait pas plus assurée. 

En voilà un esseulé qui l'approcha. Mince il avait une mine patibulaire aux maxillaires construites en pâte molle et l'aborda avec un accent globish du plus bel effet dans une mixture française et anglaise. Un british de la City de London, probablement, descendu au Métropole avec un iPhone dans une main et un doigt pointé sur l'écran qui présente une "map".

- Pardon. Where is Man...neken Pis? Où, trouve-je le petit homme qui fait pipi qui est sur mon "screen" ?

Quelle belle victime pour notre hôte d'un jour !

Il sourit en s'imaginant que le british d'un âge avancé, désirait s'assurer s'il son propre jet restait dans les normes standards ou vérifier qu'il n'avait pas de difficulté du côté prostate. 

- C'est à droite. To the right. Attention, the little boy is dangerous... Be carreful when you see him

- Wonderfull, I like this way. Ok, thank you.

Puis il s'en est allé dans la direction indiquée d'un pas non rassuré.

L'assassin se mit à le suivre et à l'épier. Il avait son gibier de potence.

Sa victime n'allait-elle pas se fourvoyer?

Il entonna doucettement une vieille chanson qui commençait par "Strangers in the night". 

Il avait écouté la radio qui disait que le tourisme de loisir avait dépassé le tourisme d'affaire. Exactement ce que désirait l'assassin pour se réserver des victimes. 

Tintin descendait toujours de l'escalier sur le mur. On se demande quand il arrivera au bas de l'échelle.

Dans la foule, l'assassin perdit sa victime et arriva très vite devant le "little man qui faisait pipi".

Il souriait rien qu'à la pensée de ce qu'il avait dit à son consommateur de globish : "Be carefull, man, it's dangerous".

Les cartes postales le montraient toujours agrandi, harnaché du même attribut qui le caractérisait mais avec des habits dont la garde-robe ne faisait que s'étendre.

Cette fois, le petit homme était nu et semblait avoir froid.

Il ne grelottait pas, son jet était bien droit. Cela n'impressionnait pas ses visiteurs d'un jour et n'empêchait aucun toutou de l'entourer, de le vénérer et de le photographier avec la mémé, la fifille en avant plan.

Un attroupement attira le regard de l'assassin.

Au centre, un jeune guide avait la tête enfoncée dans un bonnet de laine grise. On pouvait se demander si son rôle était de se limiter à expliquer dans la langue de Shakespeare, ce qu'était le symbole de Bruxelles, ce petit homme que généralement les touristes imaginent bien plus grand ou de faire rire sa troupe de spectateurs.

Pas à dire, il faisait rire à toutes les fins de phrases avec de grands gestes pour en accentuer les mots.

L'assassin était trop loin pour entendre, alors il se rapprocha de la source de ce monologue que seuls des rires ponctuaient.

A un moment donné, l'assassin s'arrêta, écouta et sortit son arme de service. Il pointa et tira plusieurs fois.

Personne ne tomba.

Ce n’était pas qu’il fut enraye. Son appareil ne fit même pas clic, clac. S'il l'avait fait personne ne l'aurait entendu, perdu qu'ils auraient pu être au milieu des autres clic-clac. 

Pris dans cette fonction de chasseur d’images, l'assassin ne remarqua pas une voiture qui attendait de pouvoir continuer son chemin et que certains bouchaient. La rue était étroite, mais tout de même pas de cette ampleur.

Une des touristes le tira par la veste pour l'avertir du danger.

Une touriste qui prenait soin de la vie de l'assassin. 

Si elle savait...

Celui-ci d'un sourire carnassier et malicieux lui répondit de son plus bel anglais:

- Thank you but the car has enough place to go forward behind me".

Il se rangea et repris son office en écoutant l'orateur guide.

Arrivé au bout de son exposé, celui-ci attira sa suite dans son sillage. L'assassin le suivit avec le troupeau de suiveurs dans ses pas.

A un feu viré au rouge, il dépassa la procession et interrompit son guide:

- You'll take place in my next summer paper, you know", dit-il.

Avec le sourire de l'emploi, le guide répondit en anglais avant de passer dans un français approximatif dont les consonnes restaient au fond de sa gorge. 

- Quel est vot_e nom?

L'enfoiré pourrait rester anonyme ou donner le nom "Durant". Le nom du meurtrier sans visage qui habitait au 21.

Il ne le fit pas. Même pas "Smith"...

- Guy alias l'enfoiré.... the bastard is the translation, you know?...

- Enchanteee, moi c'est Charlie", répondit le guide....

Là, on se trouvait en plein vaudeville.

L'assassin aurait-il pu se figurer une seconde que ce guide porterait ce prénom en pleine actualité?

Qui sait, ce guide aurait pu avoir manifesté un dimanche de janvier à Paris contre des assassins avec la pancarte aux caractères blancs sur fond noir sur la poitrine qui dirait "Je suis Charlie".

Alors, pour faire plus vrai, l'assassin imagina une scène dans laquelle il le tuerait là sur le trottoir, qu'il poserait son bonnet gris sur la tête, qu'il prendrait son rôle et que personne n'aurait remarqué la substitution.

Il sortait des phrases traduites dont les sous-titres seraient:

- Bruxelles est une ville noire. Il faut faire très attention à ses habitants et à ses rues étroites. Si vous êtes seuls, sans moi, il faudra vous imaginer dans des rues coupe-gorges avec des assassins à tous les coins de rue. Vous en avez un devant vous.      

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Là, sa suite se serait mise à paniquer et il aurait gagné sa journée.

Mais, non, la substitution s'arrêta là.

Notre assassin ne tua personne.

Déboussolé, il avait même oublié de laisser sa carte de visite comme l'assassin du 21.

Il se rappelait de son copain bruxellois qui avait écrit "Bruxelles ma belle, ce sont des mots qui vont si bien ensemble".

S'il savait, lui aussi que la ville pouvait être noire....

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Perdu dans ses pensées, l'assassin remonta la pente vers la ville haute, vers les Marolles. Le quartier le plus original et le plus ancien de la ville. 

Le marché au puces sur la Place du Jeu de Balle qui eu lieu toutes les semaines. Des images typiques de ce genre d'évènement, il en avait dans un arsenal.

Il continua.

Dans ce quartier ancien, il savait qu'il trouverait quelques vestiges d'habitations au caractère zinneke et que la zwanze qu'on ne voit et n'entend plus ailleurs qu'ici.

Venu par la rue Blaes qui passe par cette Place du Jeu de Balle, il grimpa la pente vers la rue Haute parallèle.

Là, entre les deux rues, il eut un haut-le-cœur.

Un quartier de maisons, toutes identiques, monotones, séparées par des cours intérieures étroites.

Des rues qui avaient des noms de métiers: rue des Orfèvres, des Brodeurs, des Chaisiers, des Tonneliers, des Charpentiers et des Ramoneurs.

La monotonie du lieu était rompue par quelques objets hétéroclites sur les balcons.

Le haut-le-cœur lui venait de ce monopole de métiers qu'il admirait et détestait à la fois parce qu'il n'aurait jamais pu en exercer ne fut-ce qu'un seul d'entre eux.

Il faut vous dire que l'assassin avait deux mains gauches et qu'aucune des deux n'aurait pu faire autre chose que tenir son "arme à clic-clac". 

D'un naturel fainéant, il était un ennemi juré du mot "travail".

1.jpgPour lui, tout devait trouver un automatisme adéquat pour remplacer le travail des hommes.

C'était un tueur de jobs....

Comble du comble, ces métiers d'un autre temps, il les retrouva représentés en métal vert de gris avec les ustensiles de leur emploi au Petit Sablon.

Bien morts, ceux-là. Il ne pouvait pas jouer au djihad à la mode.

3.jpgFatigué, des crampes à l'estomac, il s'en retourna dans ses pénates en se jurant qu'il ne passerait plus par là.

Notre homme, dont je viens de raconter son lundi de Pâques, était un assassin par physiologie interposée, par procuration. 

Ce billet, on peut le considérer comme un acte de contribution mais pas de contrition.

- Vanité des vanités, tout n'est que vanités et poursuite du vent, disait le Pasteur de l'assassin du 21.

- Les hommes sentent mauvais, Monsieur le Pasteur... Mais il ne faut pas dire du mal de son prochain, Monsieur le Pasteur.

- Vous avez raison, Monsieur Colin. La charité, d'abord. Le reste, je la réserve pour la prochaine fois. Il ne faut pas tout mélanger. 

C'est alors qu'une voix d'outre-tombe vint s'intercaler sans aucun rapport avec l'assassin du 21. 

- Vous m'avez trompé, Monsieur l'enfoiré. Il n'y a pas d'assassin dans votre histoire, pas de morts, pas de cadavres, aucun meurtre comme je l'avais espéré", intervint le Diable.

- Ni morts, ni blessés, peut-être, mais des victimes à l'insu de leur plein gré. Le titre était "l'assassin n'habite plus au 21". C'était un assassin factice. C'est dire qu'il ne manipule pas les mêmes armes et qu'il n'allait pas rencontrer le curé ou l'aveugle du film bien que tout reste dans une histoire noire pour suivre le contrat.

Vous n'êtes pas sans savoir que dans certains milieux, on pense que quand on vole l'image de quelqu'un, on vole aussi son âme. Donc, il y avait tout de même un assassin.

- *$%@#, répondit le Diable, la queue entre les jambes.

- Vous restez muet et incompréhensible? Hier soir, j'ai vu la pièce "Vivons en attendant la mort" de Pierre Desproges. Il vous a rejoint depuis 27 ans, à une semaine près, jour pour jour. Je suis sûr qu'il doit vous emmerder quelque peu avec ses phrases assassines.

podcast

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Oui, il faut dire qu'il conjurait le sort en disant "il vaut mieux rire d'Auschwitz avec un juif que de jouer au scrabble avec Klaus Barbie". 

Je n'avais aucune volonté de comparer ma verve avec celle de Desproges. Je n'avais d'autre ambition que de vous faire rire avec un peu d'humour noir. 

- Mais, Diable, si ce n'était pas le cas pour vous, j'ajouterai simplement comme Linwood Barclay « Ne lisez pas ce texte. Aucun lecteur ne mérite d'être autant terrifié. ». Jean Paul Sartre surenchérirait alors pour me soutenir en disant que « Le plus lâche des assassins, serait celui qui a des remords». 

 

En images, cette aventure du lundi de Pâques, cela donne ceci (après un clic) 

 

L'enfoiré,




 

 

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