Nous venons de terminer des élections communales en Belgique. A écouter les chefs de partis francophones, tous ont gagné en sièges. On arriverait à dépasser les 100% de la population à écouter les pourcentages de réussite de chacun.
Les médias disent "Bart De Wever est bourgmestre d'Anvers avec 37% et il se croit empereur". Il parle déjà de l'étape suivante de confédérer la Belgique, son but de séparatisme ultime, lors des élections fédérales de 2014.
"Le succès n'explique rien, mais justifie tout. Je suis contre la pensée molle. On peut être un écrivain maudit, mais pas un acteur maudit." dit successivement, Fabrice Luccini.
Or, un homme politique est un acteur par essence et par obligation.
De Anvers, ou plutôt de Antwerpen, j'en avais déjà parlé dans une histoire de main coupée.
Je rappelais, alors, l'histoire de Silvius Brabo qui trancha la main du géant Druon Antigone qui exigeait un droit de passage sur l'Escaut. Cela en représailles aux sévices qu'Antigone faisait subir aux mauvais payeurs.
Une autre histoire de David contre Goliath.
Avant les élections, le Vif-L'Express publiait une vision théorique de ce qu'est un électeur, de ce qu'il le fait pencher pour un homme politique plutôt qu'un autre.
Le politicien doit parler à votre coeur et pas à votre psyché. L'émotion est cruciale. Il doit être plus séducteur que convainquant. Le cerveau émotionnel ne calcule pas.
Facebook recherche les amitiés. L'esprit latin les plébiscite.
La culture flamand, c'est plutôt chez Hugo Claus qu'il faut la comprendre. Son "Chagrin des Belges" explique la différence d'approche. La rudesse assez germanique s'y retrouvera. Juger un Flamand avec un esprit Wallon, c'est comme parler de frenchfries sans ajouter les ingrédients qui vont avec.
Un autre article du même Vif-Express expliquait "Comment mettre la Flandre à ses pieds?" en allant dans l'autre sens.
Atypique, Bart De Wever l'est pour le moins.
Contraire à la théorie qui se trouvait dans le dossier ci-dessus.
- La provocation par les images fortes
- la pipolisation (hyper personnalisé)
- la victimisation d'être repoussé dans les cordes de l'opposition par tous les autres.
- le syndrome de l'Arlésienne (faire parler de lui comme une référence insurmontable).
- être bon orateur en communication qui utilise des petites phrases assassines que personne n'ira vérifier comme le latiniste qui dit à qui veut l'entendre sans le comprendre "Nil volentibus arduum".
- rejeter les débats quand il n'est pas sûr d'être gagnant.
- Se faire maigrir de 60 kilos en 9 mois, juste le temps d'enfanter un autre homme, qui donnera une marque de ténacité, de volontarisme.
- se payer une nouvelle garde-robe avec une cravate en prime.
- être calculateur
- avoir le sens de l'histoire. BDW est historien de formation.
Pourtant il n'est pas sympathique, pas sociable, pas jovial et pas séduisant, si ce n'est entre amis flamands et après les élections.
Pourtant, on ne dit plus Bart de Wever, on ne donne plus que les initiales BDW et tout le monde sait de qui il s'agit.
La théorie est dépassée par la réalité de la compétition. Nous nous trouvons en plein dans l'analogique, en perdition avec la réalité des chiffres que le comptable se doit de mettre en parallèle avec les budgets.
Comme je suis assez calculateur de par mon expérience en informatique, je dirais "méfiance". Trop de médiatisation, trop programmé.
Il y a longtemps, j'écrivais "Au diable les partis". Un homme politique se doit de mentir pour convaincre. A jouer à pas vu, pas pris. Il se doit de vendre la même salade en y ajoutant la mayonnaise. Le Belge y ajouterait des frites avec des pickels et de la moutarde.
Avant les élections, Kroll était refusé par "Le Standard".
S'il fallait remettre BDW à sa place, d'après lui, il imaginait des scénarii:
1er scénario: le faire re-grossir. S’il reprend spectaculairement du poids, ses électeurs se diront qu’il ne sait pas tenir ses engagements et ses résolutions, qu’il n’a pas la volonté qu’il prétend et s’en détourneront. Pour le faire re-grossir, il faut le faire re-manger. Alors c’est sadique mais il faut le tenter: lui envoyer tous les jours, dans des enveloppes à entête de tous les groupes nationalistes du monde pour être sûr qu’il les ouvre, des tablettes de chocolat, mettre dans sa boîte aux lettres tous les matins une gaufre chaude et fumante, lui glisser dans les poches des cervelas et des fricandelles, diffuser par la climatisation de son bureau des odeurs de frites andalouse et de choucroute, mettre de la gueuze et du coca dans sa machine à café, coller sur son pare-brise des rondelles de saucisson et des tranches de mortadelle... C’est sûr : il va craquer. L’ennui c’est qu’il reste 15 jours. Il faut qu’il reprenne trois kilos par jour ! (à faire pour la prochaine fois)
2eme scénario: le faire tomber sur un scandale de moeurs. Je propose une invitation au Sofitel de Bruxelles. Le matin, on envoie pour faire le ménage une fausse femme de chambre, bien en chair, potelée, aux joues roses avec des cuisses comme des jambons, déguisée en Bavaroise avec une jupe de cuir à bretelles et des couettes. Elle iodelera en passant l'aspirateur, Bart sortira de la salle de bain, nu ... il ne résistera pas à la tentation, la gretchen courra le dénoncer et hop : il quitte la politique pour s‘occuper de sa défense
3éme scénario: on prétend l‘aider. On se cotise ou on vend l’un ou l’autre joueur de foot en prenant une commission au passage et on engage ... Clint Eastwood ! Dans le Sportpaleis d’Anvers plein a craquer, Clint Eastwood monte sur scène pour soutenir la candidature de Bart De Wever. Il joue un numéro dans lequel il s’adresse à une chaise vide, sensée représenter Elio Di Rupo ou Patrick Janssens qu’il accuse de ne pas avoir tenu ses promesses, lui enjoint de partir et de laisser la place, mais il cherche ses mots, il perd le fil de son texte, il est ridicule, pathétique, la foule s’en va, c’est le flop total.
4ème scénario: le plus compliqué mais le plus malin. On lui coupe l’herbe sous le pied. C’est à dire qu’on lui enlève toute raison de revendiquer ou promettre quelque chose. On commence par scinder BHV, c’est fait. On régionalise 100% des compétences de l’État, on scinde le pays en deux, on déclare la Flandre indépendante, on incorpore Bruxelles à la Flandre, la Wallonie accepte de rembourser sur 50 ans tous les transferts dont elle a bénéficié.... Je vois mal sur quoi Bart De Wever pourrait encore faire campagne.
Scénarii provocateurs?
Des jeunes interviewés dans les rues d'Anvers, choisis "au hasard", disaient qu'ils n'ont pas voté pour BDW et que ceux qui l'avaient fait, n'avaient pas lu le programme du parti ou étaient seulement des aigris.
Après les élections communales, en 2014, retour aux urnes pour l'étage supérieur du fédéral. Aucune relation? Deux ans, c'est long.
Les francophones moins pessimistes que les Flamands? Ce serait nouveau et quelque part, un retournement de la situation.
Cyrano avait un problème: un nez immense. La chirurgie esthétique n'existait pas. A-t-il aimé en parler tel qu'il était, ce nez? Non, il l'a "embaumé" avec emphase dans une tirade avec un opportunisme de bon aloi, un savoir-faire et une verve hors du commun. A la fin de l'envoi, il devait toucher. Il n'avait pas non plus de "point de non-retour".
La vérité n'est jamais bonne à entendre. Ne jamais brusquer ceux qui ont un nez rouge quand on a intérêt à entrer ou à rester dans leur jeu, surtout, si, en plus, c'est dans un cirque.
"De wever" veut dire "le tisserand" en flamand.
Vous avez pu suivre ce tisserand dans tellement d'articles, dans une "Bombe à Haut Voltage"...
Tijl Uylenspiegel, lui, c'était un maître. L'expression "ul'n spiegel" veut dire « je t'emm... ».
L'Art de la guerre de Sun Tzu vous en boucherait un coin pour moins que ça.
Cela n'empêche aucunement de retrouver le sourire tout au long de la semaine d'après élections.
Thomas s'est surpassé cette semaine avec ses Cafés serrés:
1.BDW a parlé d'un point de non-retour pour la Belgique
2. Il y avait l'effet papillon et bien en Belgique nous avons une expertise dans l'effet domino.
3. Le parti écolo, un parti comme les autres?
L'enfoiré,
Citations:
- « Jeu de main, jeu de vilain. », Proverbe français
- « La main à plume vaut la main à charrue. Quel siècle à mains ! », Arthur Rimbaud
- « On ne ment jamais tant qu'avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. », Georges Clemenceau
- « Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ce serait interdit », Coluche